« Intelligences », de Philippe Pelaez, H. de Bénat et G. Toussaint : une ténébreuse affaire

Gontran Toussaint, Philippe Pelaez et Hugo de Bénat s’associent pour livrer une belle variation sur le thème, désormais célèbre, du Bureau des Légendes. Un thriller captivant au trait réaliste.

"Intelligences", de Philippe Pelaez, Hugo de Bénat et Gontran Toussaint
© 2025 Pelaez / de Bénat / Toussaint / Dargaud

À l’instar du Grand Cirque, le très beau recueil de souvenirs de Pierre Clostermann qui, édité en 1948 par Flammarion et écoulé en plus 3 millions d’exemplaires, fournit à l’École de l’Air des générations de candidats, je serais curieux de savoir si le prodigieux succès du Bureau des Légendes d’Éric Rochant a eu un impact sur le recrutement des services français. Soumis au fameux culte du secret, je doute que les DRH de la DGSE ou de la DGSI communiquent sur leurs chiffres. Vous l’avez compris, Intelligences s’inscrit dans l’univers créé par Rochant. D’ailleurs, le scénario, passablement tortueux, a été travaillé par Hugo de Bénat, un ancien de la Maison.

"Intelligences", de Philippe Pelaez, Hugo de Bénat et Gontran Toussaint À la demande insistante du Mossad, une équipe de la DGSI (notre FBI) tente une approche de « Siamois », un ingénieur iranien. Le fils de ce dernier est hospitalisé à Paris. Grégoire, le beau gosse de l’équipe aux faux airs de Romain Duris, ensorcèle la jolie infirmière afin d’avoir accès à son ordinateur portable. La pose d’un mouchard permettra de localiser des caches d’armes en Syrie, proches du port stratégique de Lattaquié, que Tsahal s’empressera de pulvériser. Nous sommes en 2019, c’est le plan.

Vous l’avez deviné, l’exécution déclenchera son lot de bonnes et, surtout, mauvaises surprises, impliquant les services israéliens, iraniens et russes. Avec peu de scènes d’actions, mais beaucoup de réunions, tractations et analyses, et quelques planques et filatures, le scénario de Philippe Pelaez parvient à concentrer dans un format contraint une intrigue complexe, sans perdre pour autant son lecteur.

Que retenir ?

Que la guerre de l’ombre ne respecte aucune règle. La trahison peut venir de partout, des agents doubles et des agents neutres, des services alliés ou concurrents, voire de votre propre voisin de bureau.
Que toute cible, ou presque, est faillible. À l’agent traitant corrupteur d’identifier son point faible. Ils sont au nombre de quatre, pensez à M.I.C.E : Money, Ideology, Coercion et Ego.

Que même les opérations les mieux préparées n’échappent pas aux victimes collatérales ; certains lointaines, tel un camp de réfugiés bombardé par erreur, ou d’autres plus proches, tel un collègue frappé par une balle perdue ou une révocation inattendue…

Inspiré d’Alpha de Youri Jijounov ou du Largo Winch de Philippe Francq, de solides références, le trait parfaitement réaliste de Gontran Toussaint est classique. Certains personnages sont un peu raides et tous sont passablement sérieux, mais c’est le sujet qui l’impose. J’imagine que le succès de cet opus pourrait ouvrir la voie à une série, vous voilà prévenus.

Stéphane de Boysson

Intelligences
Scénario : Philippe Pelaez, Hugo de Bénat
Dessin : Gontran Toussaint
88 pages – 18,50 €
Éditeur : Dargaud
Parution : 29 août 2029

Intelligences — Extrait :

"Intelligences", de Philippe Pelaez, Hugo de Bénat et Gontran Toussaint
© 2025 Pelaez / de Bénat / Toussaint / Dargaud

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