Hermetic Delight, qui évolue désormais à trois, revient avec un nouvel album. Vagabond Melodies, ode à la musique pop, vadrouille avec talent de la power-pop 70’s à l’indie rock.

Hermetic Delight s’est fait connaitre début 2010 en revisitant le shoegazing et la dream-pop. Quelques maxis et album plus tard (F.A. Cult produit en 2020 par Charles Rowell du groupe américain Crocodiles), le trio strasbourgeois sort Vagabond Melodies. Plus pop et plus direct, ce disque est sans doute le plus accessible tout en évitant les pièges d’une production FM.
La voix de Zeynep Kaya gagne en pureté, le multi-instrumentiste Atef Aouadhi s’est chargé des compositions et des arrangements, Delphine Padilla manie les baguettes avec une retenue et un swing salvateur. Aussi à l’aise sur des titres pop que sur des brulots krautrock ou shoegaze, Hermetic Delight n’a jamais été aussi abordable et qualitatif. On ne notera pas un titre faiblard sur les neufs de proposés sur leur second album.
En cinq minutes, 9 Lives Have Gone By explore les strates de l’indie-pop. La voix se pose tranquillement, irradie les arpèges de guitares avant que la rythmique s’emballe au gré d’arrangements catchy. Comme ces chœurs et hordes synthétiques au final interstellaire et implacable. Le tube Ankara Punk touche la perfection pop. La mélodie imprime, le chant à la sublime évidence se faufile entre les arrangements subtils et un groove presque soyeux.
Scared To Dance entre dans la dance. Les synthés MTV et des passages plus noisy se partagent la batterie motorik. Fourretout attachant, tour à tour funky, power-yacht, Tied Up suit les contours d’un rock au pluriel, de Papas Fritas à Police découvrant le P-Funk alors que Morning Light (feat.KG) offre un festin de saturations. Le chant éthéré mate les guitares et claviers qui ont zappé les préliminaires. La sauce piquante shoegaze de KG fait son effet.
Tout en apesanteur, Adding Insult To Injury mixe son groove lancinant et une basse sombre et cold-wave, pour une ambiance rappelant autant les oniriques The Opposition que Kate Bush.
Ça pulse en langue turc sur l’excellent Inci, telle une Caroline Rose stambouliote . Sur un rythme presque raw-disco, les arrangements pullulent discrètement, le refrain booste le titre comme il se doit. Une tension haletante à la Joy Division s’installe, et My Longtime Friend laisse passer la lumière. Des chœurs stereolabiens s’aventurent sous un spectre contemplatif et cinématographique. En crescendo addictif, Lust For Life respire l’espoir. Ça swing, du minimalisme aux orchestrations, Hermetic Delight ne se refuse rien.
Et avec Vagabond Melodies sous le bras, le groupe vise haut.
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Mathieu Marmillot
