Fabrice Éboué livre une charge féroce et jubilatoire contre le repli identitaire. Incarnant un Normand illuminé, l’humoriste et cinéaste pousse le curseur de l’absurde à fond, dans un film à l’humour noir très réussi.

J’aime beaucoup l’humour de Fabrice Éboué, notamment à travers les différents films qu’il a pu réaliser en solo (Coexister et Barbaque) ou avec Thomas Ngijol (Case départ et Le crocodile du Botswanga). Dans ce nouveau film, il incarne Gérald, un type quelque peu illuminé, et en tout cas super fier d’être Normand, même si ses origines le ramènent pourtant loin de la métropole. En tout cas, pas de quoi le décourager dans son projet de parc d’attractions dédié au pays de Guillaume le Conquérant.
Dans un esprit assez débridé, et bien loin des comédies françaises pantouflardes que l’on voit à longueur d’année sur nos écrans, Fabrice Éboué signe un faux documentaire réjouissant, inspiré en partie de l’émission culte belge Strip-tease, dans une forme d’humour tout aussi tranchant que ce qu’il a pu proposer par le passé.
Dans un registre satirique et bourré de second degré, il dégomme tous ces illuminés fanatiques obsédés par l’identité régionale, incarnant un type assez extrémiste, capable d’aller très loin dans son délire pour mener à bien son projet. Pour revendiquer son identité de vrai Normand, notre Gérald va notamment occuper des résidences secondaires de Parisiens durant leur absence, en compagnie de quelques autochtones pas bien malins, allant même jusqu’à donner dix euros et des bières à chacun pour qu’ils participent à ses reconstitutions historiques costumées.
Très bon dans son rôle, Fabrice Éboué, avec ses cheveux bouclés, colorés, son maillot de bain et ses tatouages régionaux, sans oublier son regard perçant qui fout la trouille, nous livre là un film réjouissant, enchaînant des situations de plus en plus dingues et pour certaines très drôles, à mesure que la folie de son personnage va crescendo.
Une satire pleine d’extravagance, où l’on suit notre personnage s’enfoncer dans son délire jusqu’au-boutiste, ponctuée de scènes souvent très drôles, en compagnie notamment de son beau-fils, prêt à tout pour faire exploser un animal, surtout s’il est gentil et sans défense… au grand dam de Madeleine incarnée par la pétillante Alexandra Roth, complétement dépassée par la folie de son compagnon et de son fils joué par le jeune Logan Lefèbvre.
À noter aussi au casting, la présence de Franck Dubosc, qui apparaît sous son propre nom, harcelé en permanence par ce maniaque de Gérald pour qu’il participe à son projet identitaire.
Un film à l’humour décapant, montrant combien certaines personnes sont prêtes à tout, quitte à se mettre dans l’illégalité la plus totale, pour mener à bien leurs projets les plus irréalistes. Un film qui évoque en filigrane, avec un humour noir salutaire, des sujets très actuels comme le complotisme, le repli identitaire ou communautaire.
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