cinéma

5x2 de François Ozon

 

 

    Que voilà une bande annonce traître qui nous laissait espérer un portrait tendre, même si doux-amère, d’un couple qui s’est aimé et ne s’aime plus… parce que le film montre au final bien peu d’amour, entre les personnages donc, mais aussi – surtout – de la part de François Ozon vis-à-vis de ses personnages ! A travers cinq moments clefs (la rencontre, le mariage, la naissance d’un enfant, un dîner d’amis, le divorce), les couples hétéros en prennent pour leur grade (j’allais rajouter comme d’hab dans les films d’Ozon…), et le couple principal (interprété par Stéphane Freiss et Valeria Bruni Tedeschi, impeccables dans leur rôle par contre ! ce qui est déjà ça de pris…) cumule ici les travers ! Entre le mari lâche, macho, cruel… et son épouse d’un masochisme rare (qui lui fait accepter le pire), un fonctionnement malsain, voire pervers, se dégage de tout cela ! Alors évidemment, on sait que ce type de couple existe, on sait que la perversion a toujours intéressé François Ozon (et ce, dès ses premiers courts métrages), reste que ça devient lassant que ce cinéaste ne sache montrer que cette réalité là. Comme s’il avait du mal à se renouveler. Et puis ses personnages sont bien trop pathétiques pour qu’on puisse s’y attacher, voire même tout simplement y trouver un intérêt…

 

    Par ailleurs, l’astuce de monter le film à l’envers (depuis « Irréversible », on en a vu d’autres : « 21 grams » pour en citer un récent…) ne masque pas la pauvreté du traitement, et franchement, en dehors de l’interprétation (qui a le mérite, néanmoins, de nous rappeler que Stéphane Freiss est un acteur intéressant, dont les qualités sont sous-exploitées au cinéma !), on n’a pas grand chose à se mettre sous la dent… Le scenario est creux, les longueurs fréquentes, et osons le dire, le vide du propos… intersidéral ! Difficile de comprendre les quelques critiques élogieuses lues à droite à gauche dans la presse, tellement l’histoire paraît fade…

 

    Un film vain de chez vain donc, par le misogyne-hétérophobe surestimé François Ozon, dont on aimerait qu’il retrouve une inspiration moins caricaturale et plus poétique, à l’instar du très beau « Sous le sable »… Et lui qui aime tant (comme nous…) Maurice Pialat, il faudrait qu’il prenne conscience qu’il ne suffit pas de montrer les déchirements d’un couple pour rendre l’émotion et l’humanité des personnages palpables. Ceux-ci apparaissent malheureusement bien plus comme des marionnettes à la solde du cinéaste, et les ficelles (et intentions ozoniennes) sont également bien trop voyantes… Probablement le regard distancié, limite entomologiste de François Ozon (à cet égard les titres souvent mathématiques de ses films est évocateur !), et surtout trop peu empathique vis-à-vis de ses personnages y est pour beaucoup. En gros, qu’il apprenne à les aimer un tant soit peu s’il veut les rendre un tant soit peu « aimables »…

 

Cathie Maillot

 

Français – 1 h 30 – Sortie le 1er septembre 2004 

Avec Valeria Bruni-Tedeschi, Stéphane Freiss, Géraldine Pailhas, Françoise Fabian, Michael Lonsdale

 

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