Chroniques Express 51

denims.jpgMorcheeba, Lumincolor, Compilation Melting Pop, We Are Scientists, Double U, A Human, Mr Lab, Daisybox, Sonar Kollektiv Orchester, Black label vol3, Mokaiesh, Cloé du trèfle, Constance Amiot, Roisin Murphy, Willard Grant Conspiracy

morcheeba.jpgMorcheeba – Dive deep
A l’instar du chat, placé quelque part en intermède de l’album, dive deep ronronne. S’évertuant à  perpétuer une formule trip hop dont le groupe a été un des parangons, Morcheeba ne plonge pas très profond: accentuation des territoires géographiques abordés (qui donnent la couleu de certains titres), élargissement du mode musical au rap ou au Jazz bleu, production très léchée, guitares d’apparât… Rien qui puisse faire oublier que depuis le départ de la voix de Sky, le monde musical a tourné sans Paul et Ross Godfrey. Morcheeba a perdu son âme. Et court depuis lors derrière une ombre que le groupe ne trouve pas ici non plus. (1.0) Denis Verloes
Pias – Sortie février 2008 – Le site officiel – L’espace Myspace

MeltingPOp_200.jpgCompilation Melting Pop
Déterminé à  mettre un peu plus en avant des groupes auxquels il croit, le label normand Ra N.’ Bo Records sort une compilation pop-rock (avant une autre orienté folk, à  l’automne) où il est question de mettre en avant de faire connaître des artistes indépendants issus de la scène indé. Projet casse-gueule mais toujours intéressant, ce type de compilation permet souvent de découvrir deux ou trois noms sur lesquels on pourra peut-être compter à  l’avenir »bien cachés nntre les trucs qui ressemblent à « et les choses sans vraiment d’intérêt. Dans le cas présent, la pêche s’avèrera plutôt bonne puisque on pourra apprécier, hormis la diversité des styles et la qualité des morceaux proposés, de belles idées de musiques pop à  commencer par le rockabilly chanté en français et très étonnant de The Dadds. Bref, une sélection qui vaut le détour. (3.0) Benoît Richard
ra n’ bo records/abeille musique – mai 2008 www.myspace.com/raandbo

LUMINOCOLR.jpg Luminocolor – Luminocolor
Ca commence par une petite annonce dans les couloirs d’un lycée ; une annonce qui parle de Radiohead, de Sonic Youth et de Palace et qui finit quelques années plus tard en album… celui de Luminocolor sur le label lillois Pilotti. Duo formée 1998, Luminocolor est très vite marqué par le post-rock de Tortoise et notamment par cette façon de faire une musique jamais totalement calculée et qui laisse toujours un peu de place à  l’improvisation, à  l’imagination ou à  l’imprévu. Et c’est un peu ce que l’on retrouve sur ce premier album aussi foutraque qu’imprévisible dans lequel on découvre mille et une choses comme des guitares, un glockenspiel, une clarinette, des synthés, un saxo et des tas de petits bruits. Tout ça coupé, mixé, monté assemblé ou recomposé finira dans un album qui rend parfaitement compte de la grande liberté que s’est octroyé les deux compères Benoit Farine et Olivier Minne. Un album à  cheval entre post-rock et folktronica, histoire de rassembler les fans de Tortoise et de Four Tet qui ne font sans doute qu’un. (4.0) Benoît Richard
Pilotti records – mai 2008 www.myspace.com/luminocolor

doubleu.jpgDouble U – The Imaginary band
Musicien discret, Double U s’était jusqu’alors cantonné à  produire une musique dans son coin avec ses machines. Auteur de 3 albums aussi intéressants qu’attachants (« A Bottle in the sea » sur Karat en 2005, »Life behind a window » sur Sonar Kollektiv en 2004 et »Bosphorus » chez Nocturne en 2006), Double U mettait en avant la plupart du temps des compositions downtempo avec guitares, voix et sonorités électroniques dans des tons aux accents mélancoliques. Avec ce nouvel album, le Montpelliérain change de méthode pour un résultat tout aussi savoureux, en s’accompagnant cette fois de musiciens de jazz contemporain tels que Michel Benita (compagnon de Aldo Romano ou Eric Truffaz..), Aurélien Besnard (qui a accompagné Sylvain Chauveau) ou encore Tom Gareil. Une recomposition qui permet de voir la musique de Double U muter vers quelque chose de plus pop, plus tourné vers les beaux arrangements et les mélodies soyeuses. Désormais plus proche de gens comme Syd Matters que du courant trip hop/folktronica auquel on avait tendance à  le rattacher auparavant, Double U poursuit son bonhomme de chemin avec l’envie d’aller toujours vers quelque chose de nouveau. Que grâce lui soir rendue. (4.0) Benoît Richard
Nocturne – mars 2008 www.myspace.com/doublemusik

brainthrustmasterycover.jpgWe Are Scientists – Brain Thrust Mastery
A l’heure du second album, Après »With Love And Squalor » en 2005, les We Are Scientists repartent tambour battant, avec une douzaine titres pop/rock teintés par moment de new-wave, à  d’autres de punk, tout ça dans un emballage soigné et attractif, de quoi faire chavirer les têtes des jeunes amateurs d’indie rock qui devraient très vite retrouver des titres comme »Let’s See It » ou »After Hours » dans leurs séries américain préférées. On résume : sans faire forcément dans l’originalité, le duo a privilégié avant tout l’efficacité en essayant de coller le mieux possible aux critères du moment (avec notamment ce fameux son eighties que l’on pourra retrouver sur le titre »Lethal Enforcer ») pour donner au final un album équilibré et plaisant, ce qui n’est déjà  pas si mal. (2.5) Benoît Richard
Virgin- mai 2008 – www.wearescientists.com

a_human.jpgA Human – Third Hand Prophecy
En l’absence prolongée de nouveauté sous l’entité Death In Vegas (le dernier album en date, le délicieux »Satan’s Circus » date déjà  de 2004), Tim Holmes relance sa carrière personnelle et laisse de coté Richard Fearless avec un projet nettement plus pop nommé A.Human dans lequel tous les musiciens portent tous le même nom. Bref un groupe quelque peu mystérieux derrière lequel on imagine bien Tim Holmes un peu plus que simple producteur. Dans un style qui rappelle autant les Sparks que Soft Cell, Fat Gadget, voire les premiers Depeche Mode (pour situer un peu l’époque à  laquelle renvoie ce disque), A. Human distille une pop sophistiquée et élégante, aux accent electro, souvent entraînante et vraiment bien fichue. Un album qui vaut le détour avec notamment une belle reprise du »Horse With No name » du vieux groupe America. A découvrir. (3.5) Benoît Richard
wall of sound/pias – mai 2008 – www.myspace.com/theahuman

mr_lab.jpgMr Lab – Post Industrial Ceremony
Après un premier album (« And Now It.’s Time To Go ») aux formes classiques mais néanmoins prometteur, MR Lab revient en 2008 avec »Post Industrial Ceremony » un second lp sur lequel cette formation rouennaise laisse une fois encore parler son penchant pour la pop anglaise, pour les jolies harmonies et les beaux arrangements. Bénéficiant d’une production impressionnante, l’album séduit par certains aspects, réussit à  sortir deux ou trois titres accrocheurs du lot mais ne parvient pas à  s’extraire de la masse, à  donner une vraie personnalité à  sa musique et à  passer véritablement le cap du premier album. Dommage. (2.5) Benoît Richard
Jay Jay Productions- mai 2008 www.myspace.com/mrlabfrance

daisybox.jpgDaisybox – Polyester
Armés d’une solide culture »rock anglais » et après une prometteuse première partie d’Indochine suite à  leur premier album successful, le trio Daisybox revient avec leur troisième essai »Polyester » juste après un »Diagnostic » qui n’avait pas vraiment convaincu les fans de la première heure. Avec ce nouvel opus, le groupe ne rééditera pas les erreurs du passé et signe là  un album pop/rock direct, sans fioriture, plutôt bien écrit et qui bénéficie surtout du travail impeccable du producteur Scott Greiner. Plus influencé par Placebo que par Oasis, Daisybox réussit parfaitement bien son examen pour concourir au titre de meilleur groupe de »pop anglaise français ». Mélodies ciselées, refrains imparables, textes légers sans être pour autant fadasses sont au programme d’un album qui devrait faire son chemin sans trop de problème. (3.5) Benoît Richard
MSV records/anticraft – mai 2008 www.daisybox.com

orchester.jpgv/a Sonar Kollektiv Orchester
Et si le label Sonar Kollektiv était finalement le label de référence en matière d’Easy listening moderne, de soul blanche ? En tout cas c’est un peu l’impression que l’on a à  l’écoute de ce »Sonar Kollektiv Orchester » sous-titré très justement »Garanteed niceness ». Une compilation dans laquelle on découvre 13 titres d’une élégance rare, tous extraits du répertoire du label de ces 10 dernières années mais avec la particularité d’avoir été rejoués pour l’occasion par un grand orchestre au complet, avec cuivres cordes et percussions. Le résultat donne un disque en robe du soir, d’une grande classe, jazzy/soul, sur lequel on retrouve évidemment le duo Jazzanova mais aussi quelques figures du label berlinois telles que Clara Hill, Micatone ou Thief, le tout pour 67 minutes de musique jazzy veloutée à  souhait »que du bonheur ! (4.0) Benoît Richard
Sonar Kollektiv/Nocturne – mai 2008 www.sonarkollektiv.com

blacklabel.jpgv/a compost – Black label vol3
Désireux de casser un peu l’image Electro/Soul/jazz/bossa qui lui colle à  la peau depuis le début de l’aventure, le label allemand Compost a lancé il y a trois ans une structure annexe, le black label, afin de mettre en avant un aspect plus sombre de son répertoire avec des titres plus orienté techno, house que jazz. Avec ce volume 3, le black label présente une série de 14 titres mixés et issus de maxis sortis pour la plupart en vinyle. Totalement roboratif, ce mix s’écoute sans effort et met en avant une bonne poignée de titres 1″00% dance-floor » très efficaces et provenant de producteurs peu connus. Jamais froids et toujours groovy, les titres s’enchainent à  merveille. Une belle leçon de deejaying ! (4.0) Benoît Richard
Compost/Nocturne – mai 2008 www.compost-rec.com

cloe.jpgCloé du trèfle – Microclimat
Un bail que la Bruxelloise Cloé Defossez écume les scènes du royaume. On n’était pas si vieux, qu’on aimait déjà  son mélange de rock, de new wave et de dark pop au sein de Clovers’ Cloé. La musicalité de la multi-instrumentiste: piano, guitare électrique, sampler, harmonium, ordinateur… est d’ailleurs la grande force de son projet Microclimat. On sent la maturité des compositions. Là  où on la suit mal, quant à  nous, c’est dans la forme vocale usitée. Il y est question de recyclage métaphorique, de rupture, de poésie sur l’amour… Entonnées d’un chant qui hésite entre narration et mélodie, véridique et ironie. Du coup, on ne peut s’empêcher de comparer Cloé et Juliette, et se dire que les deux appliquent une même recette. Cloé sur une forme pop à  l’anglaise, Juliette sur la grande tradition française. Mais pour nous qui ne sommes pas fans du genre, il est difficile de ne pas être lassé par tous ces tours de chansonniers. (2.5) Denis Verloes
Trèfle / Coda&s – sortie juin 2008 – Le site officiel L’espace myspace

amiot.jpgConstance Amiot – Fairytale
Cette fille châtain qui s’avance en chemise à  carreaux et en jean, sur la pochette de fairytale : c’est Constance Amiot. La jeune femme cultive l’appartenance à  deux cultures – apanage des expatriés – : la chanson française, et la tradition des open mike dans les bars, quelque part du côté de Washington où sa famille s’est installée alors qu’elle était encore enfant. Son album est à  l’avenant. Seule ou chantant les mots de Jérôme Attal, elle convoque à  la fois l’esprit de Joni Mitchell et de Françoise Hardy, sur des titres parfois bilingues qui hésitent entre Nouvelle chanson française et folk à  guitare façon US. Le résultat ne manque pas de quelques coups d’éclats : Décrocher la lune, l’envol , quand musique, paroles et chant un brin évanescent fonctionnent au diapason. On songe très souvent à  Valérie Leuliot aussi, au fil de fairytale. Mais comme avec un goût de pas tout à  fait fini, de pas tout à  fait réussi. En attendant la suite, où on ne serait pas contre quelques enrichissements du mode de chant et des arrangements , histoire de dynamiser un poil plus l’ensemble.(3.0) Denis Verloes
Tôt ou tard/Warner – sortie le 23 avril 2007 – l’espace Myspace – Le site officiel

mylittle.jpgMy little cheap dictaphone – Small town boy
Le groupe est bien connu au royaume, où il tourne depuis dès avant 2002, croisé quelque part dans les colonnes de Rif raf ou à  l’affiche de concerts bruxellois. Avant même que Redboy, membre originel, ne rencontre un certain succès avec son side project Hollywood porn stars (n’empêchant pas, d’ailleurs, un succès d’estime surtout en Belgique autour du premier album de MLCD qui tourna en son temps sur Radio 21). Enregistré avec des compères de Venus et Das Pop dans l’urgence en condition live, après avoir mûri au gré des pérégrinations de Redboy (pfff le pseudo ») en Europe, cette  » instantanéité  » captée en mode lo-fi sur disque est d’ailleurs un des éléments mineurs qui concourent à  sa relative réussite. Mélange de pop déstructurée – modèle des groupes belges- , de folk aux racines US et d’une once de métal international small town boy avance, au gré de sa musicalité d’ensemble. l’ensemble, et l’atmosphère road movie sont les éléments majeurs de la bonne tenue de l’album. Dans un genre où il est difficile d’émerger à  moins d’être soutenu par le marketing à  la Foo fighters et d’une maison de disque argentée. Dans un genre où il est difficile de toucher une plus large cible si, c’est la limite de small town boy, on ne dispose pas de mélodies ultra hypnotiques à  fredonner au volant du pick up, dans le métro d’une capitale ou à  cheval, quelque part dans le Nebraska (3.0) Denis Verloes
Kitchen / Pias – sortie le 3 mars 2008 – l’espace MyspaceLe site officiel

Roisin.jpgRoisin Murphy – Overpowered
Marrant, il y a des gens comme pour qui rien ne semble changer. Prenons Roisin Murphy. Elle est arrivée un jour, dans l’habitacle enfumé et le t-shirt trop court des trip hopiens Moloko. Succès de second couteau d’abord, puis réinvention en machine à  dance floor et jolie blonde pour MTV. Et bien »quand Roisin se décide à  revenir sous son patronyme, elle nous sert une version plus épurée, moins datable, un peu moins charnue et à  peine plus disco aussi, de ce qui a fait le succès de do you like my tight sweater : premier Moloko. Comme une version plus mûre, plus reposée, plus réflexive et aussi de ce qui était trip hop hier et électro chill aujourd’hui. Il faut l’avouer, moins fendarde aussi : la faute au temps qui a érodé l’attrait de la nouveauté pour le genre et à  des compositions qui ronronnent de fort charmante façon (ca n’a rien du lassant Dive deep de Morcheeba, à  titre de comparaison), sans plus jamais réellement nous émouvoir. Sans casser des briques, mais sans non plus casser les c@*i%%es Roisin Murphy caresse sans enchanter et fournit une bande son idéal pour café lounge, un dimanche après-midi tranquille.(2.5) Denis Verloes
EMI – sortie le 15 octobre 2007 – le site officiel – l’espace Myspace

willard_grant_conspiracy.jpgWillard Grant Conspiracy – Pilgrim Road
Porté à  bout de bras par le massif Robert Fisher, Willard Grant Conspiracy est une formation assez discrète qui n’a jamais conquis véritablement le coeur de la critique mais qui, pourtant, d’album en album, n’a cessé d’enfoncer le clou d’une musique aussi sombre que majestueuse. le genre de musique qui ne s’impose pas sur une simple écoute mais dont on découvre les charmes et la subtilité au fil du temps. Composé et joué par Robert Fisher et Malcolm Lindsey, »Pilgrim Road » compte aussi la participation d’une quinzaine de musiciens ainsi que d’une chorale. Un ensemble impressionnant qui donne une belle profondeur de champ et une grande richesse harmonique que l’on avait pas entendu depuis peut-être depuis Nick Cave ou les Tindersticks. Sans faire pour autant dans le chef-d’oeuvre absolu, peut-être par manque d’un ou deux titres qui emportent tout sur leur passage, »Pilgrim Road » reste malgré tout un album superbe, porté par la guitare, le piano, et surtout la voix et la voix d’un Robert Fisher plus bouleversant que jamais. (4.5) Benoît Richard
Loose Music/PIAS – mai 2008 www.myspace.com/willardgrantconspiracy