Dirty Pretty Things – Romance at short notice

dirtyprettythings.jpgC.’est marrant. Marrant comme une certaine presse musicale, pourtant de qualité, est aculée à  retourner sa veste, avec grâce, après avoir largement pourri le premier album des Britanniques. Celle là  prétend que le second album des Dirty Pretty Things est  » l’album de la deuxième chance  » transformé en réussite, le  » retour en grâce  » après les errements du passé, le  » disque qui peut enfin jouer dans la même cour que les albums du frangin terrible Pete Doherty et ses Babyshambles « .

Las, le second album est une bombe rock. Mais le premier en portait déjà  fièrement les prémices et l’énergie. Ici à  Benzine, on est fiers de voir que le travail de Carl Barat mûrit dans un sens qu’on lui espérait de tout coeur.
Petit rappel pour tout qui aurait dormi ces 8 dernières années. Les Etats-Unis engendrèrent les Strokes, lîle britannique les Libertines, sous la houlette produisante du très Clash Mick Jones. Le NME a tenté de réactiver la guerre des mondes, ou du moins celle des continents, en opposant les deux formations. La première s’en est bien sortie. La seconde a splitté au gré des errements et heurts réguliers entre la direction bicéphale : Pete Doherty et Carl Barat. Le premier enchaîna les couvertures de magazine avec sa Kate Moss poudrée et sa seringue de Sid Vicious moderne avant de publier un premier album très surestimé et un second quant à  lui grandement efficace.

De son côté Carl Barat repartait avec une partie des membres de Libertines pour créer les Dirty Pretty Things à  l’inaugural Waterloo to anywhere. Un album plus valeureux que ce que la presse musicale a bien voulu en dire, concentré qu’elle était sur le second album (excellent au demeurant) de son Pete Doherty chéri. Carl Barat renquille avec un Romance at short notice.

Qu.’en dire sinon que voici sans doute l’album pop/rock de 2008 (on s’avance sans doute un peu, mais ça fait du bien). Sa guitare s’est un peu acérée entre le premier et le second opus. Pour preuve, il n’hésite pas sur une paire de titre à  s’en aller se frotter à  l’icône blonde et défunte, du grunge de Seattle. Mais là  n’est pas la seule once de génie. Comment dire : Carl Barat synthétise sur un et un seul album tout ce que les Anglo-saxons nous ont sorti d’efficacité pop depuis une bonne quarantaine d’années. Allez on s’amuse à  repérer pêle mêle : La ballade de Mac Cartney, la ballade électrisée pour stade façon Oasis, le pub rock des Pogues, le mod de The Jam (« tired of England), l’énergie des Clash (appuyé par certain raclements de R de Barat), la Britpop de Boo radleys (come closer), la britpop sous PCP façon Dodgy, l’efficacité mélodique de Blur, le soupçon d’emo largué sur le premier Placebo, l’enchaînement de trois accords servis sur production à  l’aigüe façon Sex Pistols, le martèlement sauvage des fûts comme un bon vieux métal à  cheveux longs, le rif qui roule et descend servi sur des paroles presque parlées façon The Clash ou the Streets« et encore on en passe. Le tout bien sûr lié par une personnalité évidente, et l’avantage d’avoir déjà  la notoriété que d’autres obtiendraient après un tel opus.

Même si le dernier tiers de l’album contient un tout petit peu moins de bombes que la giclée inaugurale, on serait bien en peine de retirer ne fut-ce qu’un titre de cet album à  cran d’arrêt, qui explose et réjouit tout à  la fois. Et l’album de repasser, passer et repasser encore sur la platine à  la maison, servi par un grand n’importe quoi de sauts dans le salons, dans le lecteur MP3 pour renforcer l’envie de bousculer le monde entier dans les transports en commun, et dans la fente du pc de bureau pour s’isoler du monde et insuffler la tension nécessaire à  la remise dans les temps du projet qu’attend de notre part, depuis trois jours, un commercial néerlandais. Bravo Carl ! qu’on dit et on se met à  imaginer la série de concerts qui suivront peut-être cet album plus qu’efficace. Lâché et débridé plus que ne le permet la production léchée du nouvel opus, on imagine un de ces concerts qui mettent le feu à  un salle sous tension, où on croiserait pêle mêle un Philippe Manoeuvre rayonnant (on se demande ce qu’il pense de cet album tiens), une équipe de Magic repentante, et les pigistes des Inrocks conquises. Ne nous decevez pas les gars !

Denis Verloes

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Tracklist
01. Buzzards & Crows
02. Hippy’S Son
03. Plastik Hearts
04. Tired Of England
05. Come Closer
06. Faultings
07. Kicksor Consumption
08. Best Face
09. Truth Begins
10. Chinese Dogs
11. The North
12. Blood On My Shoes

Date de sortie: 7 juillet 2008
Label: Vertigo / Mercury / Universal

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La chronique de Waterloo to anywhere
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Le clip de Tired of england via Youtube