Entretien avec Sébastien Schuller (juin 2009)

Schullerinterview.jpgIl y a une grosse semaine, nous lancions le concept d’interview participative sur Benzine. L’idée: permettre aux Twittos comme aux visiteurs du site, d’interviewer Sébastien Schuller (#benzschuller dans Twitter), et poser à  l’artiste les questions auxquelles on aurait pas, quant à  nous forcément pensé.

Parce qu’il faut savoir s’auto-flageller, ou faire amante, amende, amande honorable; on le crie haut et fort: cette opération a été un gros bide. Clac clac (le son du fouet qui frappe). Pourtant, on est pas encore tout à  fait échaudé. Et comme il dit dans la pub: on les aura un jour, on les aura ;-) Restez tunés (Stay tuned quoi); parce qu’on recommencera.

C’est donc à  mes seules questions qu’a accepté de répondre Sébastien Schuller. Avec un mélange de pragmatisme et de poésie qui ne nous étonnent pas vraiment, à  l’écoute de son excellent evenfall.

D’où es-tu? Ta page Myspace fait le grand écart entre les Yvelines et les Etats-Unis…

Je viens des Yvelines, puis paris. Mais j’habite maintenant à  Philadelphie.

Pourquoi ne pas avoir perpétué la formation classique évoquée dans le dossier de presse?

Dans ma ville il n’y avait pas de cours de batterie, mais que des cours de percussions classiques.
Pour moi c’était un moyen d’avoir accès à  des instruments que je ne pouvais me payer, mais déjà  à  l’époque je n’écoutais que de la new wave.

Explique-nous, enfin si tu le veux bien, ton parcours, jusqu’à  Evenfall en oubliant pas la case Happiness (et sans passer par la case départ parce que j’ai pas les 2 000 euros que verse le Monopoly)

Une bio serait plus appropriée pour répondre à  cette question…

A tout seigneur tout honneur… Peux-tout nous décrire musicalement l’excellent Evenfall (oups! prise de parti ;-)

C’est une journée, parfois ordinaire, parfois magique, éclairée de lumières naissantes ou crépusculaires.

Que réponds-tu si comme d’autres, j’ai l’impression d’écouter avec Evenfall une bande-son pour film impressionniste?

C’est parfois une démarche que je peux rechercher en musique, ce côté impressioniste.

Sa pochette est, une jolie métaphore de la musique qu’elle illustre, je trouve. Elle est de toi? Comment as-tu choisi cette illustration pour Evenfall (mais peut-être suis-je le dernier au monde à  aimer les pochettes d’album)

La pochette est d’Agnes Montgomery. Elle fait des collages aux ciseaux.
Agnes a passé beaucoup de temps à  s’immerger dans evenfall jusqu’au moment ou elle a trouvé ce collage, qui m’a tout de suite séduit.

Comment imagines-tu l’auditeur qui écoute Evenfall? Je veux dire, comment tu l’imagines écouter ton album? quel est selon toi le meilleur endroit, heure et position?

C’est simple, il faut commencer à  ecouter morning mist dans un bus en pleine campagne dans la brume du lever du jour, poursuivre avec open organ en observant les premiers jours du printemps, écouter the border au walkman en tournant sur soi-même les pieds dans la mer en se laissant parfois éblouir par le soleil de midi; puis se retrouver à  l’arrière d’une voiture en regardant à  la vitre un coucher de soleil éclatant pour battle.

Quel est le compliment le plus joli que tu aies lu ou entendu par rapport à  ta musique ou déjà , à  Evenfall?

Tout au long de sa promenade, Evenfall alterne les vitesses et les focales: de l’alacrité étourdissante de « Balançoire » aux langueurs d' »Awakening » de la ballade « Midnight » à  la course de fond de « Last Time« .
J’aime beaucoup ce rapport à  la vitesse et aux focales. C’est toujours étrange quand des personnes vous font parfois découvrir des choses qu’on a peut être fait inconsciemment.

Et la critique qui t’as fait le plus mal?

Il n’y en a pas vraiment. Je sais que quoi qu’il arrive on ne peut pas plaire à  tout le monde.

Comment te définis-tu? Auteur/compositeur/interprète? Compositeur et interprète par obligation?

Auteur/compositeur /interprète par définition, je n’ai pas d’obligations ou je n’en ai plus. Les choses se font assez naturellement finalement.

A mon sens Evenfall évoque parfois les paysages musicaux abordés par l’Islande. Mais au fait à  quels musiciens, styles, genres aimerais-tu que les journalistes comparent ton travail? (Les journalistes comparent toujours le travail à  quelqu’un c’est bien connu)

Oui c’est bien connu, c’est pour cela que je laisserais aux journalistes le soin de tirer des liens qui dans l’ensemble ne me dérangent pas, quand ce sont réellement des groupes que j’ai pu écouter.

As-tu déjà  quelques idées pour la direction du prochain opus?

Oui j’ai beaucoup d’envies mais qui peuvent encore changer, évoluer.

As-tu parfois envie de changer diamétralement de style de musique?

Bien sur et j’ai l’impression de l’avoir déjà  fait; mais je pense que j’emmènerais toujours une partie de moi même qui finalement sera liée avec mes autres morceaux

Quels musiciens t’ont donné envie de faire de la musique? Et plus largement, si tu devais évoquer ton parcours musicophile en quelques jalons, tu mettrais qui dedans?

Martin Gore, Robert Smith, Mark Hollis, Thom Yorke

Aimerais-tu collaborer avec quelqu’un en particulier? Un chanteur? Un groupe?

Karin Dreijer Andersson (vocaliste de The Knife NDLR).

Si l’industrie du disque venait à  s’écrouler, que ferais-tu?

C’est déjà  le cas non ? sinon je continuerais à  faire de la musique en travaillant à  côté.

Et si tu n’avais pas réussi à  vivre de la musique? Que ferais-tu aujourd’hui?

De la brocante ou faire des sandwichs créatifs.

Du côté des concerts, 2009 est un bon cru pour Sébastien Schuller?

On y travaille et j’espère que les vendanges seront pour bientôt.

Merci à  l’artiste.

Denis Verloes

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