Sonic Youth – The eternal

sonicyouth.jpgJe me demande si ce coup-ci aussi je finirai par me dédire en partie. En fait c’est toujours comme ça depuis Washing Machine. Je me dédis comme le cochon du proverbe. Je commence toujours par dire  » ouah voilà  un nouvel album de Sonic Youth, ça fait du bien de retrouver la bande à  Kim Gordon, Lee Ranaldo et Thurston Moore, même si je sais qu’avec le temps la surprise s’évente un peu et tient surtout du plaisir de retrouver la livraison sporadique de vieux amis.  » Un peu de nostalgie en somme dont je me demande si parfois il ne nuit pas à  mon impartialité.

Oui mais, la nouvelle livraison dépote, vous trouvez pas ? Non ? C.’est une idée où le Thurston nous refait grincer le riff comme au temps d’experimental jet set, juste un tout petit peu plus produit, juste un peu plus trafiquée la guitare qui produit ce son si caractéristique. Non ? Vous trouvez pas ? Alléééé.

Et puis la mère Gordon, au propre comme au figuré, est-ce qu’elle est pas plus désirable que jamais? Et ce justement au moment où elle nous dit que pilonner n’est pas jouir et qu’un orgasme avec pénétration est un exercice un peu vain. Le tout sous les coups de marteau piqueur d’une mélodie au diapason, simulant l’acte copulatoire à  l’ancienne et d’une guitare qui éjacule au sens propre. (anti-orgasm). D.’ailleurs, si on ne savait pas vraiment quoi dire de cet album, on s’attarderait sans doute plus que de raison sur la paroles vindicatives, essentiellement portées par Kim Gordon, plus Rrriot Grrrl qu’aucune des filles au clitoris en colère ne l’ont jamais été.

Mais il y a la musique. Des riffs ciselés et des morceaux de gimmicks, jamais finis, qui s’insinuent jusque tout au fond des neurones pour ne plus les lâcher ensuite. Au fil d’une production omniprésente qui lisse tous les sons dans une vague »qui colle » et nous ramène, au moins en pensée, comme au temps d’Experimental Jet Set. Tout comme au bon vieux temps. Mais est-ce normal qu’on n’en parle pas comme on aurait évoqué la livraison précédente, et dernière pour Geffen? Faudra relire cette chronique dans deux ans.

On se met à  re-parler de Sonic Youth comme d’un groupe actuel, et pas comme d’un groupe qui fut un de nos préférés à  l’âge de dix huit ans. On est presque content ici d’entendre que la bande ait vieilli, mais que pour une fois, semble-t-il ils ne nous repassent pas les plats à  l’ancienne. Enfin si, on est content qu’ils aient débarrassé les restes qui encombraient le frigo, pour se décider à  refaire dans leur vieille marmite, une bien meilleure soupe électrique. En fait c’est le premier Sonic Youth depuis longtemps, qu’on est capable d’écouter d’une traite sans éprouver une pointe de lassitude. Le chant vindicatif lutte avec la guitare adolescente d’un Thurston qu’on dirait avoir bu la source de jouvence.
Est-ce le passage de Geffen à  un plus  » petit  » label ? La volonté de ne plus s’asseoir sur ses lauriers ? La volonté de ne pas s’en laisser compter par une jeunesse qui a appris leurs leçons brutistes et déportent le sujet du côté de l’expérimentation ? Toujours est-il que la nouvelle livraison les place au sommet de la rage, du riff et de l’énergie mélange de pop et de rock. On le passe en boucle. Sur la platine. Oui sur la platine. On est vieux nous aussi, on vous a pas dit ?

Et puis tant pis si dans deux ans, en relisant la présente, je me trouve à  nouveau trop complaisant. Au moins j’aurai passé deux années à  retrouver l’énergie de mes dix-huit ans. Et à  trente trois, sérieux, ca commence à  compter. Merci Sonic Youth.

Denis Verloes

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Tracklist
01. Sacred Trickster 2:11
02. Anti-Orgasm 6:07
03. Leaky Lifeboat (For Gregory Corso) 3:32
04. Antenna 6:13
05. What We Know 3:54
06. Calming The Snake 3:36
07. Poison Arrow 3:42
08. Malibu Gas Station 5:39
09. Thunderclap For Bobby Pyn 2:38
10. No Way 3:52
11. Walkin Blue 5:21
12. Massage The History 9:43

Date de sortie: 8 juin 2009
Label: Matador / Beggars / Naîve

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