La horde

lahorde_1.jpgRares sont les films de genre français, et encore plus rares sont les réussites dans ce domaine. Avec »La Horde » Dahan & Rocher réussissent à  élever un genre très américain au stade d’une superproduction française alors que le film est pourtant dépourvu d’énormes moyens. Avec un sens du découpage et du montage grandiose, le film parie sur un style sec et rythmé pour faire passer la pilule.

Effervescence d’hémoglobine, clins-d’oeils savoureux, et surtout, décor original puisque le film entier repose sur un huis-clos dans une barre de cité. Si le contexte social et générationnel est faussement exploité (flics VS. dealers qui finissent par coopérer contre le véritable Mal, papy Vietnam qui mitraille du mort-vivant en ressortant de vieilles expressions), le grand huit à  zombies est lui, tout à  fait correct, voire même comparable avec une certaine idée que les américains se font du cinéma. En même temps, le film sait garder en lui une identité propre qui n’appartient qu’au paysage français, notamment dans la crudité et l’utilisation mesurée de l’apocalypse. Le carnage, grandissant au fur et à  mesure, devient finalement jouissif et décomplexé, toujours très codifié par les règles du genre. Dommage que les deux compères n’aient pas tenté de se départir de ce langage formaté et que leur film n’aille pas plus loin dans la dénonciation d’une violence inutile, mais savamment retraduite à  l’écran dans une barbarie ultra-sanglante soutenue par un humour sans danger. Les caricatures font vite leurs apparitions et le film n’arrive pas au niveau de ce qu’il prétend être, pour autant »La Horde » reste de mémoire le seul film de zombies français qui, à  ce jour, tienne à  ce point la route de A à  Z sans avoir à  envier les habitués du genre aux Etats-Unis.

L’ambiance glauquissime du film ainsi que l’idée, aussi platement exploitée soit-elle, de confronter la justice à  l’illégalité pour se battre côte à  côte donne au film un léger cachet actuel qui joue en sa faveur, malgré une fin idéologiquement douteuse. La bande d’acteurs, énergique mais parfois desservie par des dialogues simplistes, tient le film jusqu’au bout, dans sa sauvagerie de chaque instant et sa force rythmique. Certaines séquences viennent même astucieusement contrebalancer la démesure visuelle des films à  gros budgets ; jolie performance esthétique que la lointaine banlieue prise d’assaut dans des teintes oranges enflammées, ou bien cette séquence maîtrisée sur le toit d’une voiture où l’oppression commence à  se faire sentir, seul autour de centaines de zombies. Sans être un chef-d’oeuvre, »La Horde » peut en tout cas se vanter d’être, à  l’heure qu’il est, le pilier du genre en France.

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Jean-Baptiste Doulcet

La horde
Film français de Yannick Dahan, Benjamin Rocher
Genre : Epouvante-horreur
Durée : 1h36 min
Date de sortie : 10 février 2010
Avec Claude Perron, Jean-Pierre Martins, Eriq Ebouaney…