Josh Rouse – El turista

elturista.jpgJosh Rouse, bien plus que Manu Chao dont le bonnet phrygien écume la planète à  coup de brûlot altermondialiste, incarne pour moi le citoyen du monde au 21e siècle. Pas forcément le citoyen d’un Autre monde d’ailleurs. Juste le voyageur perpétuel à  qui la musique permet un voyage physique et sensoriel continuellement renouvelé.

Il y a de cela deux albums on apprenait que l’Américain, épris d’une belle ibère, posait ses valises du côté de la Costa Brava, à  Valence, dans un pays où il devait apprendre la langue, d’abord, la culture ensuite, les harmonies enfin. l’expérience nous donnait un album rat des villes rats des champs Country Mouse City House que je me rappelle avoir apprécié ici à  sa juste valeur, et malgré un côté ronronnant que je lui découvre aujourd’hui avec le passage du temps.

Je ne sais pas où Josh en est de sa vie sentimentale, et d’ailleurs je m’en fous, mais le chroniqueur derrière ce clavier est quant à  lui ravi de constater qu’après la langue et la culture, Josh Rouse s’est laissé imprégner, puis a faite sienne, la culture espagnole, terre d’un exil volontaire temporaire.

Que les fans de la première heure se rassurent. Il y a toujours chez le bonhomme ce qui faisait le sel de ses premiers opus. Soit un songwriting ciselé mélange de pop et de folk où la voix comme une carresse Jazz, un peu aigue cajole comme une petite brise du matin entre les deux oreilles. Il y a de ces mélodies accrocheuses sans être démonstratives, qui prennent par la main et enjoignent à  sourire béatement, comme lorsqu’on se surprend à  inspecter le manège pré-printanier d’oiseaux en pleine nidification.

Il y a désormais aussi un vernis hispanique. Ce vernis a en fait énormément changé entre le précédent album et El turista. Je ne suis pas expert en musicologie, mais ce qui n’était précédemment qu’une couleur donnée aux arrangements ou au discours de la méthode, plonge plus profondément ses racines dans le terreau de l’album. Rouse nourrit son folk original de consonnances et de terroir espagnol sans que jamais l’exercice n’apparaisse ni comme une boursouflure, ni comme une coquetterie esthétique quelconque. Rouse semble réellement s’être imprégné de l’historique de la culture musicale latine. Bossa, rumba, mambo sont au programme (du moins si mes maigres connaissances de ces types musicaux me permettent de poser un quelconque diagnostic). La consonance latino s’ajoute à  la facilité déconcertante du bonhomme à  poser ses mélodies enjôleuses et à  rallier à  sa cause des amateurs d’univers pop, folk et même rock pas forcément acquis d’avance.

Il y a aussi, et pour conclure, une arme redoutable cachée dans El Turista, et dont Rouse se sert ici avec une bluffante confiance en lui. Le charme. Un des points forts d’El turista réside dans sa capacité à  se servir d’arrangements aux petits oignons, faits de cuivres, de cordes, de percussions jazzy pour donner une impression de big band à  l’album, sans le faire pourtant tirer vers la fatuité orchestrale. Tout est richement orné, paré, mais jamais de mauvais goût, jamais présomptueux. On ne voit guère que Andrew Bird pour rivaliser avec Rouse sur ce terrain qui pourrait sombrer dans la vanité, mais l’évite systématiquement. Et le Casanova de The Divine Comedy pour ce qu’il provoque, chez le garçon amené à  critiquer l’album, un irrépressible senitment de jalousie. Comme une fraternelle lutte à  l’encontre de celui qui arrive, par sa musique, à  charmer les filles.

Il ne faut pas ajouter une ligne pour que vous compreniez que j’ai »surkiffé » ce El Turista dont je jalouse secrètement le musicien. El turista est de ces albums qui sans l’air d’y toucher vraiment, sans crâner ni aucune esbroufe s’installent durablement dans les lecteurs. Du genre d’albums aussi dont on fait les tops de fin d’année, quand on veut séduire les filles en leur démontrant notre côté poetic lover indé.

Denis Verloes

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Tracklist

01. Beinvenido, ,  ,  2:18
02. Duerme, ,  , 4:10
03. Lemon Tree, ,  , 3:04
04. Sweet Elaine, ,  , 4:27
05.,  Mesie Julian, ,  , 2:37
06.,  I Will Live On Islands, ,  , 3:02
07.,  Valencia, ,  , 4:36
08.,  Cotton Eye Joe, ,  , 3:57
09.,  Las Voces, ,  , 3:52
10.,  Don’t Act Tough, ,  , 4:23

Date de sortie: 23 février 2010

Label: Ryko / Naîve

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