Lenoir c’est fini… Souvenirs, souvenirs

C’est officiel, Lenoir quitte l’antenne et ses rendez-vous du soir vont nous manquer…ou pas. Depuis 1990, en poste sur France Inter, Bernard Lenoir a contribué à  développer la culture rock indé de toute une génération d’auditeurs. A l’occasion de ce départ, on a demandé à  quelques bloggeurs, musiciens, responsable de label d’évoquer leurs souvenirs et ce que qu’a pu représenter pour eux cette fameuse émission de radio.


« Je n’avais pas écouté Lenoir depuis une bonne douzaine d’années. Je ne me retrouvais plus dans sa prog un peu trop »indie correct » et prévisible à  mon goût. J’ai quand même quelques bons souvenirs de l’époque où je l’écoutais quasi quotidiennement (les soirs où je ne pouvais pas je demandais à  un ami de m’enregistrer l’émission sur une cassette). Le plus marquant : je me souviens être resté littéralement tétanisé d’émotion devant mon poste en entendant une chanson, un soir de 1990 ou 91. Le temps s’est arrêté pendant 2mn 45. Le plus gros flash musical instantané de ma vie, une vraie épiphanie, rare, bouleversante, j’en ai eu les larmes aux yeux. Nick Drake, »Place To Be ». Je n’avais jamais rien entendu de Nick Drake mais j’avais lu un papier de Gilles Tordjman sur la réédition du coffret »Fruit Tree » dans les Inrocks quelques jours avant; et ce soir là , en l’entendant chez Lenoir, j’ai immédiatement su que c’était ça. Le lendemain j’allais acheter le fameux coffret et ça a changé ma vie ainsi que celle de quelques personnes de mon entourage. Pour ça, merci Bernard et bonne continuation ! » Julien Rohel/responsable de label/Clapping music


« Passage obligé en découvrant l’émission : l’impression que tous les groupes diffusés, jusqu’alors inconnus, se ressemblaient, s’étaient donnés le mot pour sonner à  la fois différemment et tous un peu pareil.  » La musique pas comme les autres « . Il faut dire que je revenais de loin : en 1993, en début de seconde, je ne jurais que par Guns N.’ Roses et Alice in Chains. Un ami m’a filé une cassette avec Pablo Honey en face A et Mellow Gold en face B, puis une compilation des Pixies, et enfin, m’a recommandé Inter à  20h. Intronisé. Lenoir c’était la messe quotidienne (je ne serais pas étonné si la métaphore religieuse ressortait souvent dans les témoignages que tu vas recueillir). Plus tard, période de démystification joyeuse. On s’amusait des jingles (voix grave et définitive :  » Bernard Lenoir. l’inrockuptible. « ), de la danse du ventre de Soulier sur Natacha Atlas, de la vacuité de Menswear face à  Blur ou des similitudes entre Salad et Sleeper. On se prenait des albums entiers dans la gueule, diffusés par segments au long d’une semaine : Bakesale, Grace. On écoutait avec un pouce sur la touche pause et un stylo à  portée de main, en maudissant la prononciation flegmatique de Lenoir ( » qu’est-ce qu’il a dit, là  ? Loubarlo Sébado ?  » ;  » mais c’est qui, michkassayas ? « ). Les noms des intervenants sonnaient mythiques d’entrée :  » Lydie Barbarian  »  » Hilda la Rousse  »  » Hugo Cassavetti  »  » JD Beauvallet «  »même les scénaristes de 24 Heures n’ont pas fait aussi fort. De vrais noms de personnages. On s’est créé une sorte de mythologie autour de cette émission, au fond. Quelques découvertes absolument séminales à  la fin des années 1990, à  commencer par Broadcast. Ensuite, on a un peu plus lu, un peu plus été curieux, un peu mangé du Soulseek, donc on est devenu plus critique. Et puis, peut-être aussi qu’objectivement, Lenoir s’est mis à  passer un peu plus de merdes. Il en avait toujours passé, mais au début des années 2000, c’est devenu une question de dosage. J.’écoutais moins, et quand je tombais dessus, je secouais la tête. J.’ai recommencé à  éprouver une certaine tendresse pour l’émission ces dernières années, quand il a commencé à  être question de le virer. Bien sûr, on en voulait un peu à  Lenoir de ne jamais diffuser d’artistes du label, à  la chouette exception de mon amie Raymonde Howard reçue en Black Session, malgré ses messages encourageants (on se disait qu’à  ce compte-là  on aurait préféré ne jamais savoir ce qu’il pensait de nous) – même s’il ne faisait plus la pluie et le beau temps, on l’a toujours respecté – mais on n’avait aucune envie que l’émission s’arrête, en tout cas. On était heureux que ça existe » Mickael Mottet/Musicien/Angil/Unique records


« Lenoir pour moi c’est la découverte d’une voix chaleureuse et tranquille dans l’apathie de l’été 83 diffusant sur France-Inter une musique qu’on n’entendait nulle part ailleurs : souvenir précis d’une soirée enregistrée en cassette, comme tant d’autres par la suite, où s’enchaînaient des groupes comme Japan, Robert Plant, Jackson Browne, Tom Robinson Band, Talking Heads, Tom Tom Club ou les Bananarama qui chantaient un  » Cruel Summer » au titre prémonitoire en cette fin août 2011. Lenoir c’est donc 28 ans de compagnonnage fidèle qui se font la malle et un défricheur essentiel qui sauva de l’ennui et façonna le goût et les oreilles de plusieurs générations au rock indépendant – sans lui aurais-je découvert et tant aimé Echo & The Bunnymen, David Sylvian,The Pixies, The Sundays, Perry Blake et autres Cocteau Twins essentiels ?,  Lenoir c’était aussi un rempart fragile mais réconfortant contre la médiocrité médiatique et le formatage culturel à  l’oeuvre ailleurs, un havre de paix pour pop-maniaques enflammés (entre autres Hugo Casavetti, Emmanuel de Buretel, Mishka Assayas). Une attitude de pessimiste actif, parfois désenchanté, mais toujours lucide et élégant. Élégant jusqu’au bout, l’ami Bernard s’éclipse comme il dit  » au sommet de la vague  » vague qu’on imagine il savourera désormais en plein air au soleil. Plutôt que s’apitoyer sur la raréfaction programmée du rock indé de l’antenne nationale et un départ regrettable, je garderai en mémoire le souvenir de cet album de Divine Comedy gagné chez lui l’an dernier ou de la diffusion- express d’un titre de Musée Mécanique suite à  un mail perso envoyé à  l’émission. La classe intégrale, vous dis-je ce Gentleman Lenoir » Franck Rousselot/bloggeur/Benzine/Les chroniques de Blake


« Ma découverte de Lenoir a coîncidé avec mes premières lectures des Inrocks, alors mensuel. Je me souviens parfaitement d’un numéro avec Léos Carax en couverture avec à  l’intérieur une double page sur les repérages de Bernard Lenoir – pour être sûr de ne pas l’oublier, je l’ai même gardé. C’est là  que j’ai découvert My Bloody Valentine. Fasciné par la pochette rouge écarlate et par la formule lancée par Lenoir qui parlait à  la fois de »pop ciselée » et de »bruit qui devient musique » j’ai acheté Loveless sur le champ… sans en avoir écouté aucune note, juste sur cette double impression. Je dois dire que je n’ai pas été déçu. Bien au contraire, je remercie encore,  vivement ce qui a été deux de mes repères musicaux pendant de nombreuses années. Depuis, c’était il y a 20 ans, j’attends comme un con le nouvel album de My Bloody Valentine ainsi qu’une nouvelle phrase d’accroche de Saint Bernard. Deux attentes qui resteront à  jamais vaines.. » Denis Zorgniotti/bloggeur/Benzine/la magic box


« Au risque de passer pour un vieux con, mes souvenirs les plus exaltants de Bernard Lenoir remontent à  sa première période sur Inter. Je dois avouer que je n’étais plus un auditeur assidu ces dernières années. Bien sûr on est plus marqué par ce qui se passe dans l’adolescence, malgré tout je crois préférer encore aujourd’hui l’aspect plus généraliste de sa programmation à  l’époque de Feedback à  la radio, ou Rockline à  la télé et aux Enfants du Rock. Lenoir passait aussi bien New Order que Sade, Echo and the Bunnymen que U2. De plus, au début des années 80, il y avait encore un véritable décalage entre les sorties anglaises et le moment où les disques arrivaient en France (enfin, à  la Fnac de Metz), ce qui ajoutait à  l’intérêt de ses émissions. A l’époque de Feedback, je passais des soirées le doigt rivé sur un appareil à  cassettes, afin d’enregistrer les titres proposés. Je me rappelle avoir  » capturé  » une ballade au charme naîf et mélancolique, et l’avoir écoutée pendant des mois sans savoir ce que c’était. En effet, au moment de la désannonce de Lenoir, l’aspect imprononçable du nom du groupe, accentué par la mauvaise qualité de mon enregistrement, m’empêchait de saisir le patronyme de cette formation. Il s’agissait de Prefab Sprout, When Love Breaks Down. Je l’ai découvert des mois plus tard, lors de la sortie en France de l’album Steve McQueen. Malheureusement, à  ce moment-là , je crois me souvenir que Lenoir s’était fait virer une première fois d’Inter. Mauvais présage » » Jérôme Didelot/Orwell/musicien


« C’était avant. La remarque n’a bien sûr rien d’original. Mais le fait qu’en apprenant que Bernard Lenoir passait la main, la même phrase soit spontanément venue à  l’esprit de toute une génération de passionnés de musiques… ce fait-là  n’a rien d’anodin. A vrai dire, repenser à  l’époque où l’on écoutait religieusement Lenoir dans sa chambre donne une image saisissante de ce qu’était le monde avant Internet, les blogs, le p2p… avant tout ce qui meuble aujourd’hui le quotidien du blogueur musical de base. A fortiori lorsque, comme moi, on vivait au milieu de nulle part, à  environ cinquante kilomètre de tout. Ce n’était pas qu’une question de découvertes. On lisait la presse, aussi. C’était une affaire de partage, bien avant que le terme ne soit à  la mode. Ironiquement, ce qui m’aura le plus marqué chez Lenoir est également ce qui m’aura le plus agacé durant mon adolescence : cette manière qu’il avait d’entrecouper les Black Sessions de remarques plus ou moins intéressantes (plutôt moins, il faut le reconnaître), de vous commenter le concert comme Thierry Roland et Jean-Michel Larqué vous commentaient les matches de foot »Michael Stipe avale une gorgée d’eau » »Brett Anderson a l’air vraiment heureux d’être là , ce soir » »Robert Bidule accueille sur scène son grand ami Steven Machin, pour lequel il a d’ailleurs écrit un ou deux titres en 1994 sur l’album The Desintegration of the Thing »… qu’est-ce que ça me GAVAIT. Non parce qu’à  l’époque, les artistes venaient régulièrement présenter leur nouvel album en avant-première ; et bien souvent, le seul témoignage que l’ado fauché que j’étais aurait de ces nouveaux morceaux durant des mois, c’était la Black Session enregistrée sur Inter (sur une K7 – c’est vous dire si je vous parle de temps antédiluviens). Voilà  mon principal souvenir de Lenoir : moi, gamin, passant des heures à  essayer de couper ses foutus commentaires. Pas très flatteur, j’en conviens. Et pourtant des années après, j’ai toujours un petit sourire narquois lorsque j’écoute ces vieilles K7 et que Bernard vient ponctuer un de mes morceaux préférés d’un »le public est debout » bien senti. En vieillissant, j’ai fini par comprendre qu’il ne faisait pas cela pour tirer la couverture à  lui ou se donner l’impression de servir à  quelque chose pendant les sets : c’était seulement et uniquement l’expression de son intarissable passion » Thomas Sinaeve/bloggeur/Le GOLB/interlignage


« Pour ma part, je fantasmais sur le fait d’assister un jour à  une Black Session, habitant Bordeaux puis Strasbourg ce n’était guère possible. Maintenant entre les sessions acoustiques à  foison sur le net ou les concerts diffusés en live pendant les festivals, on oublierait presque le côté exceptionnel de ces concerts intimes que nous offrait Lenoir et qui nous ont fait découvrir bon nombre de groupes ou d’artistes en plus de nous faire profiter de ceux qu’on écoutait déjà . Je suis d’autant plus triste que ma maman qui est décédée en début d’année aimait beaucoup Lenoir, l’écoutait régulièrement et cela nous rapprochait en nous faisant partager pas mal d’écoutes communes. Je ressens cet arrêt de l’émission de Bernard Lenoir comme un élément du deuil personnel que je vis ces derniers temps ». Gaël Sfar/bloggeuse/Toujours un coup d’avance


« Je me souviens d’une émission, fin 1980, où Lenoir a diffusé »Remain in light » des Talking Heads et j’étais scotché par ce que j’entendais. Il avait passé toutes les chansons une par une » KMS/bloggeur/Kill Me Sarah


« L’émission de Lenoir a représenté une étape dans la période de découvertes musicales avant d’aller voir ailleurs d’autres musiques »pas comme les autres ». Alors ce que je retiens avec une certaine nostalgie, ce sont ces années où je n’avais pas que les oreilles mobilisées pour écouter attentivement son émission, mais aussi les mains, un crayon, du papier. Je faisais une espèce de liste sans fin des titres entendus, aimés, avec une hiérarchie des albums à  trouver »tout de suite maintenant » jusqu’à  ceux à  écouter par curiosité. Tout ça à  une époque pas si lointaine où Internet n’existait pas et où on ressentait une certaine émotion quand on entrait à  la FNAC du boulevard des Italiens, car on se disait que là  on pouvait tout trouver, à  commencer par les raretés entendues chez Lenoir. Parmi les grands souvenirs également, les fameuses Black Sessions, celle de House of Love en 1992 en particulier, coupée par les actualités sinistres (Furiani), annonçant tout en acoustique un très bel album, Babe Rainbow. à‡a faisait quelques années déjà  que je n’écoutais plus l’émission de Lenoir, mais ça m’embête malgré tout que cette émission s’arrête. Oh le bonhomme a bien le droit de s’arrêter, à  un âge respectable, mais honnêtement on ne voit pas comment une émission pareille peut revoir le jour sur Inter ou ailleurs. Et c’est bien dommage pour nos chères têtes blondes qui ne seront toutefois pas sans ressources pour découvrir plein de tatapoum sous toutes ses formes » , David Fakenahm/Musicien


« Les années Lenoir sur France Inter je les ai vécues sous deux angles différents:
– les années 1990 >> 2000 dans un premier temps où en tant que pur fan de musique pas comme les autres, je ne manquais, sous quasi aucun prétexte, l’émission, avide de nouveautés, les Black Session au studio 105 grâce au carton d’invitation obtenu après une longue queue à  la Fnac des Italiens, les CDs que l’on pouvait gagner grâce aux jeux concours, dont ce Hit Parade 1 des Wedding Present reçu un beau matin d’été 1992.
– 2000 à  aujourd’hui dans un second temps alors que je suis passé de l’autre côté de la barrière. Avec le soutien plus que régulier de Bernard Lenoir et Michelle Soulier.
A tout prendre j’ai une nette préférence pour la première période, plus de fraîcheur, plus de découverte, plus de naîveté et donc de spontanéité dans mon écoute des morceaux diffusés. En 2005, lorsque Talitres a signé le retour des Wedding Present avec »Take Fountain » j’avais indiqué à  Bernard & Michèle combien cette sortie était symbolique pour moi. Une certaine boucle était bouclée. Une seconde aujourd’hui.
C’est très clairement grâce à  cette émission que j’ai eu un jour l’idée rocambolesque de créer un label. Alors on se sentira bien sûr parfois un peu seul le soir, mais comment ne pas comprendre cette décision » Sean Bouchard/Talitres Records


« Moi c’est là  découverte de France inter sur le net, parce qu’on recevait pas Lenoir en Belgique… Alors, comme on savait que le bonhomme existait, quand on a pu écouter les nocturnes en stream, on à  découvert le bonhomme et ses Black sessions. Plus tard, Lenoir a accompagné quelques unes de mes corvées de vaisselle… Comme quoi on vieillissant quoi.. » Denis Verloes/bloggeur/Benzine


« Si je n’étais plus très fidèle au rendez-vous ces dernières années, n’écoutant qu’épisodiquement les émissions de Lenoir d’une oreille distraite et détachée, je dois reconnaitre quand même que, comme beaucoup de gens de ma génération, cette émission a forgé ma culture pop rock indé au début des années 90. A une époque où les blogs, les mp3, les sites de musique en streaming n’existaient pas, Lenoir était, pour tout bon provincial curieux et amateur de pop music, la seule source fiable et durable en matière de »musiques pas comme les autres ». Installé définitivement dans la grille d’inter en 1990, Lenoir a commencé à  remplir mes soirées à  partir de 1993. Découvrant Dinosaur JR, Sebadoh, Sonic Youth, Dead Can Dance, Neil Young, Portishead, Massive Attack… puis plus tard la musique électronique alors en plein essor (Underworld, Chemical Brothers »), je n’ai plus lâché Lenoir pendant une petite dizaine d’années, programmant et enregistrant les émissions sur cassette les soirs où je ne pouvais les écouter. Parfait complément au mensuel Magic! qui venait d’arriver et aux inrocks passés,  en version hebdomadaire, Lenoir resta longtemps ma grand messe musicale quotidienne. Mais ma soif de musique n’était pas,  pour autant étanchée, au fil des années, je me rendis compte qu’il existait une autre musique indé, moins »officielle » plus confidentielle mais tout aussi passionnante et qui, pour x raison ne passait pas chez Lenoir. l’arrivée du net à  la maison début 2000 me permit alors de trouver ces fameuses musiques »que l’on n’entendait,  pas chez Lenoir ». Puis les blogs sont arrivés au milieu des années 2000, déversant leurs tonnes de découvertes, de mp3. Résultat, en 10 ans, l’émission de Lenoir a pris un coup de vieux, a perdu de son impact, de son influence et de son caractère »officiel ».,  Merci Bernard et merci à  Pierre Bouteiller de t.’avoir fait revenir en 1990 à  l’antenne sur Inter »  Benoit Richard/bloggeur/benzine/hop blog


La double platine audio en effervescence, le 25 mai 1999, la touche  » pause  » enclenchée, j’attends les premières notes de l’homme en noir pour son énième black session. Dominique A, le fidèle de Bernard Lenoir, sept sessions en tout, l’homme de concert, récurent de l’émission live présente son album  » Remué « . 2002, c’est  » Auguri  » en vitrine, 2009  » La musique/la matière  » et toujours les cassettes vierges aux aguets. Elles passent encore régulièrement. Je suis entré dans le monde de Bernard Lenoir via Dominique A, en 1995, pris de court côté gravure, j’ai laissé passer l’émission subjugué.  » La mémoire neuve  » scandait. Puis il y a eu Yann Tiersen et sa myriade d’invités, autre épopée live noire de monde, éditée en cd cette fois-ci. l’homme en noir en fil conducteur, chauve, fort et puissant, c’est mon histoire avec Bernard Lenoir »  et puis « silence radio. Charlu/bloggeur/les chroniques de Charlu


« Ni larmes, ni nostalgie.
l’émission de Bernard Lenoir s’arrête. S.’il n’y a pas lieu de s’en réjouir, faut-il pour autant s’en attrister ? Depuis des années, à  chaque rentrée, on s’étonnait d’entendre encore cette voix chaude et familière défendre nos groupes chéris ou quelques nouveautés prometteuses. Changements d’horaires, réduction de son temps d’antenne, suppression puis retour du vendredi, rien n’y faisait, Lenoir, inamovible, poursuivait son travail de défricheur insatiable pour mettre en valeur  » la musique pas comme les autres « . Pourtant, il faut se rendre à  l’évidence, cette fois-ci, c’est terminé. Il faudra trouver d’autres canaux pour découvrir les Swell, les Ron Sexmith ou les Sebadoh des décennies à  venir. Il faudra butiner sur le web à  la recherche de sessions comme celles qui nous ont été offertes depuis 1992. Et puis surtout, on espère qu’on pourra de nouveau entendre Lenoir échanger avec ses amis journalistes (en particulier Hugo Cassavetti et Michka Assayas) sur la pop ensoleillée de Bread, les chansons intimistes de Silvain Vanot ou les productions anachroniques de Manset. S.’il faut bien avouer que nous étions désormais moins fidèles, il était rassurant de le savoir là  chaque soir, de brancher le poste pour deux ou trois titres ou de simplement capter le  » caresse et bise à  l’oeil  » d’avant 22H.
Ce qui est sûr, c’est que nous garderons encore longtemps ces compilations-maison du début des années 1990 bâties grâce à  la formidable technologie du radio double cassette. Elles resteront comme le témoignage du talent exceptionnel de ce passeur qui fut à  l’origine de la culture musicale de plusieurs générations et qui fut aussi la figure la plus emblématique d’un rock qu’on appelait à  l’époque  » indépendant « . Karl-Alex Steffen/Musicien


Avec Lenoir, si j’ai fait la fortune de BASF pour les cassettes de l’ensemble des Live depuis plus de 20 ans, si j’ai utilisé pour la première fois un agenda pour noter amoureusement l’ensemble des playlists jour après jour, si j’ai fait déborder des boites aux lettres quand le repérage était FNAC et qu’il se gagnait par carte postale, avec cerise sur le gâteau son nom à  l’antenne quand on gagnait, j’ai surtout grandi et pas que physiquement. Car Bernard connectait tout, quand il parlait de Diabologum il conseillait de lire Debord, quand il parlait de Suede un lendemain de première Black Session il me donnait envie de lire Boris Vian, quand il discutait avec Murat, Angot me brulait la peau. Gérald De Oliveira/bloggeur/A découvrir absolument