Dominique A – Vers les lueurs

#personalbranling comme on dit chez nous les twittos dans le vent, j’étais dans la salle un soir de concert gratuit à  Provins dans le 77, où Dominique A a ravivé ses souvenirs de jeunesse seul à  la guitare et à  la pédale d’effets, pour un parterre conquis de retrouver un vieux pote de collège ou un enfant de la brie culturelle. Un concert qui a sans doute un peu servi de détonateur à  une plongée dans l’intime, le passé, qui transparait dans le nouvel album et dans le récit  » Y revenir  » nouveau roman de Dominique A autour des souvenirs de la rue des Marais et de la boue Seine et Marnaise qui semble douée de l’envie propre de nous happer pour nourrir ses racines. La grande histoire ne retiendra pas comment je ne suis pas arrivé ce soir là  à  dégoter mon interview à  l’arrachée du bonhomme moins en représentation qu’autour de l’âtre des souvenirs.

On est le pur produit des lieux où l’on habite. Dominique A l’évoque dans un long article du Magic RPM du mois d’avril. J.’ai envie de filer la métaphore pour Vers les lueurs, curieux mélange de souvenirs de jeunesse, d’amours-haine en demi teinte, d’écologie anti moderniste et d’avancée en pack vers l’en but pop adverse. Vers les lueurs est le produit du mélange Provins-Nantes-Bruxelles. Vers les lueurs est la narration de souvenirs plus narquois que mélancoliques, qui définissent le quadra chanteur, et font aussi l’assise d’un auteur-compositeur-interprète qui assume enfin son rôle de promoteur du renouveau de la pop en français à  la fin des nineties.

Vers les lueurs est aussi et surtout le pur produit de celui qui l’habite. Comme un dictionnaire pour découvrir l’univers de Dominique A, sa biographie autant que son manifeste, le tout en version assumée et concentrée -parfois un peu élaguée certes- pour s’en aller, enfin, briguer le trône que Dominique A et le commerce du disque semblent se refuser l’un à  l’autre depuis vingt ans. Comme une joute chevaleresque dans les douves provinoises pour quérir la rose musicale que lui doit la ville aux remparts depuis tout ce temps.

Le nouvel opus du divin chauve est le premier »vrai » disque pop de Dominique A, dans tout le sens accessible, universel et populaire qu’il recouvre habituellement chez les Anglais. Il se fait ample et hargneux quand il emprunte à  télérama un message de salissure du monde moderne à  fuir contre un arbre, intime quand il évoque un amour de hasard parce que tu étais là ; ou urbain quand il dit que parfois j’entends des cris la nuit au travers des fenêtres. Il se fait Sonic Youthien quand il évoque les vacances bretonnes en Close West, blues la Fossette-ien quand il se rappelle les années de jeunesse vers le bleu. Des titres comme Par les lueurs ou loin du soleil font le trait d’union entre l’ambition généraliste du nouvel album et la discographie de Monsieur A. Le convoi est la version épique du précédent sur nos forces motrices« Tout est dans tout, en condensé, en abordable. En variétés. En français.

Enregistré à  Bruxelles, je loue quant à  moi la force des arrangements qui transforment complètement des titres que le net nous donne parfois à  entendre en version guitare-voix. Personne en France ne joue de la fender comme Dominique A. Son jeu haché et rock est reconnaissable entre mille. Vers les lueurs est son écrin sonore et fait la part belle au direct et percussif. Toujours ample, frais, efficace. Je n’ai pas toujours dit ça d’albums de Dominique Ané en général plutôt vénérés par notre père à  tous chez Benzine : Benoît Richard. Tous les titres sont des singles potentiels et autant de poésies en prose. Vers les lueurs est la transformation d’un essai. Dominique A s’assoit sans rival sur le trône de fer de la pop en France. Et moi fourmi d’auditeur je me fais vassal courtisan prêcheur de bonne parole.

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Denis Verloes

Tracklist

Date de sortie: 26 mars 2012
Label: Cinq7 / Wagram

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