Ici – Christine Van Acker

ici » Ici  » c’est là  où »non, non,  » Ici  » ce n’est pas là , c’est  » Ici  » ici où l’auteure et son conjoint se sont installés à  la campagne dans la partie la plus éloignée de la capitale belge, aux confins de la France et de la Belgique, en Gaume, pour fuir les trépidations de la grande ville et profiter du calme de cette région très rurale. Mais à  la campagne le calme devient vite l’ennui, l’ennui qui tient lieu de stress pour ces citadins transplantés qui se muent progressivement en  » rurbains  » les gens du monde urbain qui ont choisi de vivre avec les ruraux. Une transplantation qui ne s’effectue pas si aisément qu’on le pense a priori, il faut faire face à  l’étonnement des autochtones qui veulent toujours s’assurer que vous vous plaisiez bien  » Ici  » et qui sont rarement convaincus par les assurances que vous essayez de leur apporter, et à  l’inquiétude des amis de la ville qui ne comprennent pas que vous vous éloigniez de la culture et du confort de la métropole.

 » Ici  » même si on profite des produits naturels, il faut apprendre à  se satisfaire d’un confort rustique et vivre avec la méfiance des voisins car tout le monde se connait,  » les poules gardent leur coq à  l’abri des autres poules libres, sans l’enclos du mariage « .  » Ici  » on se contente de peu, l’émulation n’existe pas,  » certains jeunes gens, » se résignent, dès la moindre difficulté scolaire, à  suivre le chemin déjà  balisé pour eux  » dans un monde immuable, figé, qui n’a pas encore goûté aux joies de l’imprévu.

J.’ai ouvert ce livre comme une fenêtre sur ma campagne natale où les moeurs sont assez semblables à  celles de cette campagne belge, j’ai baigné immédiatement dans l’ambiance que l’auteure a découverte et qu’elle dépeint avec son écriture vive, alerte, malicieuse. Pour justifier son choix et convaincre ses amis qu’elle n’est pas perdue pour la civilisation, elle a recourt à  l’autodérision, l’ironie et l’humour, sans délaisser une perspicacité acérée et sans concession pour les citadins hautains et les campagnards un peu balourds. Les citadins riront, les ruraux riront aussi mais pas pour les mêmes raisons.

 » Dans le creux de cette vallée, nous nous sommes déposés au fond de nous-mêmes  » « la vie était dure, les alcools forts, le profit petit  » mais le bonheur peut être dans le pré pour ceux qui écrivent pour tuer l’ennui.

Denis Billamboz

Ici
Roman de Christine Van Acker
Edition,  : Le Dilettante
160 pages – 15€¬
Parution : 7 mai 2014