A l’orée de la nuit – Charles Frazier

aloreedelanuitC.’est parce qu’ils ont vu l’horreur, qu’ils ont vu leur mère poignardée sous leur yeux, que les jumeaux fraîchement arrivés dans la maison de Luce ne parlent pas, et reste comme absents, désocialisés, incapables de la moindre émotion ni réaction. Mais Luce ne se démoralise pas pour autant car elle sait que ça va être long, qu’il va falloir beaucoup de temps pour apprivoiser et redonner vie aux deux enfants de sa défunte soeur. Mais la patience et la ténacité de Luce vont être d’autant plus mises à  l’épreuve que Bud, le beau-père meurtrier, tout juste sorti de prison à  décider de retrouver les deux mômes et à ,  les faire parler à  propos d’une forte somme d’argent qu’aurait cachée par mère avant de mourir.
C.’est donc dans une ambiance étouffante et qui sent le souffre que se déroule l’histoire du nouveau roman de Charles Frazier.

Après le succès de »Retour à  Cold Montain » (adapté au cinéma par Anthony Minghella en 2003), l’auteur américain revient avec un roman dans lequel il dépeint une Amérique profonde (une bourgade des Appalaches), où la beauté des paysages et l’immensité des territoires contraste terriblement avec la misère, le désespoir, l’alcoolisme, la drogue, la corruption et la violence qui semblent s’acharner sur ce coin perdu.
Sans rien négliger des codes du western moderne, Frazier nous dresse là  un univers très cinématographique. Avec une écriture classique mais très efficace, il rend parfaitement palpable l’atmosphère lourde qui règne dans ce roman qui se lira d’un traite ou presque.
Entre la noirceur du récit, les descriptions précises et minutieuses des paysages qui changent au fil des saisons, les modes de vie de ces gens loin du monde,,  Frazier ne choisit pas vraiment, réunissant le tout dans une histoire où l’on suit avec beaucoup d’empathie le personnage de Luce, femme forte mais pas gâtée par le destin, devant concilier sa nouvelle vie de mère adoptive avec la gestion de sa ferme, la menace de Bud qui rode aux alentours et son,  amour pour Stubblefield, le propriétaire de ses terres.

Un récit âpre et tendu pour une lecture pourtant très agréable et divertissante.

 

Benoit RICHARD

A l’orée de la nuit
Roman américain de de Charles Frazier
Editeur : Grasset
384 pages – 20,90€¬
Parution : 3 septembre 2014