Viet Cong – Viet Cong

viet-cong-viet-congIls viennent de Calgary au Canada, et s’articulent autour de de Monty Munro et Matt Flegel qui a recruté son ex-copain dans Women,Mike Wallace à  la batterie et un copain du groupe pré-cité Danny Christiansen. Women, la formation maudite, mise en »sommeil » quand son guitariste principal s’est un jour endormi, pour ne plus jamais se réveiller. Le groupe de survivants s’appelle Viet Cong, nommé tel le front de libération communiste du sud Vietnam, surreprésenté dans l’imagerie guerrière américaine à  coups de »tu vas mourir G.I ». Un tel nom pose directement la musique du quatuor dans la longue lignée des noms groupes provocateurs, post punk (Bérurier Noir, Front 242, Joy division, New order…) de la fin de 70’s et du début des années 80.

Et la filiation post punk ne fait aucun doute dès la première seconde d’écoute. Viet Cong arrive, avec une production qui paie son écot à  la lo-fi, à  convoquer mes meilleurs souvenirs de jeunesse en combat shoes sans que je puisse réellement parler de plagiat. Et tu sais lecteur, que je n’ai rien du tout contre la réappropriation maline des codes du passé, tant qu’on est pas dans la récitation de bréviaire.

Pour y arriver le groupe, par exemple, arrive à  tirer malignement son épingle du jeu. D’abord en travaillant le jeu de guitares, comme en duel, de Danny Christiansen et Scott Munro. Les deux guitaristes arrivent à  créer une certaine puissance sonore qui rappelle plutôt le shoegazzing des années 90 ou l’Interpol des années 2000 que la stricte rage post punk dans son acception livresque de trois accords énervés qui régissent une mélodie. Ensuite ils glissent, sous cette vague de guitares qui balancent la sauce, tout en rondeur (amusant d’ailleurs de voir comme les sons aigus des grattes sont ramenées dans le magma électrique), une série de bidouilles au clavier qui apportent leur lot de joliesse, et parfois le gimmick dont l’oreille à  besoin pour se rappeler de chaque titre. A l’écoute, on se sent porté pas une vague sonore plutôt comme un tsunami que comme une lame vengeresse venue finir sa course rageuse sur les brises-lames.

Viet Cong est sombre. Il y a du Joy Division, bien sûr, dans sa palette de couleurs. Mais pas uniquement. L’électronique rappelle que justement Joy Division deviendra, plus tard, un des premiers groupes de jeunesse acide sous le nom de New Order. L’ambiance est cloîtrée, mais pas claustrophobe, comme dans un des trois premiers albums des Cure, qui me viennent spontanément à  l’esprit au moment de passer en revue le premier essai de Viet Cong paru chez JagJaguwar. Il s’en dégage une esthétique très affirmée, un brin arty, et là  c’est le fantôme de Television que j’ai envie de convoquer. On est pas mal a

L’album est court, comme au temps des cassettes audio, il tiendrait sur une face de 45 minutes. Concentré resserré sur l’essentiel. J’aime beaucoup. Je le repasse en boucle, dans le train, dans le métro, partout où j’ai envie qu’une colère sourde, un brin cafardeuse, guide mes pas. Première bonne découverte rock de 2015 de mes oreilles.

4

Denis Verloes

Date de sortie: 20 janvier 2015
Label: Jagjaguwar / Differ-ant

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