The White Stripes – White Blood Cells : La Dernière Marche

2001. Les Stripes continuent leur bonhomme de chemin sur la voie boueuse de ce Garage Rock pleine de ronces et de caillasses aiguisées. Les mômes affûtent leurs armes et livrent – encore ! – un morceau de roche dur comme le granite et brillant comme le diamant avec ce « White Blood Cells ». C’est la dernière marche avant la consécration, les derniers pas avant l’envol vers la gloire, l’ultime étape vers l’escalier pour le paradis Rock que représentera « Seven Nation Army ».  Avant que le nom « White Stripes » ne soit définitivement et éternellement gravé dans le marbre.

The White Stripes - White Blood Cells

De Stijl a été la confirmation pour les quelques critiques éclairés, de la trouvaille en or massif que sont ces Adam et Eve surexcités aux tifs noir corbeau, et une découverte importante pour les autres.
Grâce à ces critiques Rock à l’ouïe fine, De Stijl profite d’une plus grande diffusion dans les radios, et l’omniprésence quasi permanente des ex-époux White sur les scènes underground des Etats-Unis vient finir d’enfoncer le clou d’une reconnaissance publique qui à la douce odeur de la célébrité.

Pas le temps de se poser, de réfléchir ou de se congratuler, Jack est constamment dans l’urgence.
Aller vite, continuer à faire vivre ce feu à l’intérieur de lui, cette flamme Rock’n’Roll. Souffler en permanence sur cette étincelle créatrice si fragile de peur qu’elle ne s’éteigne, que l’esprit du Blues ne se fasse la malle pour des cieux plus cléments, moins rugueux.

Troisième album du duo de Détroit.

La recette reste la même: Un Blues bancal tartiné de gadoue électrique, un Rock’n’Roll brut et lourd comme un pan de montagne qui te tomberait sur les pompes, une énergie Punk au doigt tendu bien haut, et dorénavant une identité visuelle reconnaissable entre mille.
Un album qui ne renie en rien son côté Garage et son grain lo-fi; mais le son, à l’image du duo, gagne en maturité.

Jack maîtrise pleinement son instrument (Non, il n’y aura aucune métaphore avec Rocco Siffredi !).
Un jeu sec et nerveux, un son « crunchy » posé sur des riffs Blues simples et féroces.
White brutalise sa gratte, lui fait cracher des sons inédits, viole sans capote les oreilles de son public tandis que Meg te plante ses baguettes en fer forgé dans le tympan.
Rien n’a vraiment changé, mais la musique des Stripes se resserre, s »amalgame dorénavant parfaitement. Ce duo ne forme qu’une seule et même personne, la fusion (à l’inverse de leur couple) est parfaite.

C’est le disque de la confirmation.

La confirmation pour Meg et Jack qu’ils ne se sont pas trompés de chemin, que la sincérité de la démarche consistant à sortir de sa léthargie le Rock et lui filer un bain de jouvence dans une flaque de boue, s’est avérée payante.
White Blood Cells regorge de morceaux coup de poings, un vrai voyage dans ce Blues-Rock Ricain plein de larsens et de vibrations « roots ».
De jolis balades Folk (Hotel Yorba, We’re Going To Be Friends) sentant bon le feu de camp et le marshmallow grillé viennent aussi décorer et attendrir cet album plein de satu’ grésillante et de fuzz.

C’est le dernier opus avant la sacralisation « Stripienne » d’ Elephant.

Le dernier avant la célébrité planétaire, avant que les choses ne changent véritablement, avant que ce  » ♪ Po popopopo Po po ♫ » légendaire et encombrant vienne décoiffer Rockers, fans de Michel Sardou et rugbymen dans un même élan populaire.
White Blood Cells est la quintessence des White Stripes, la substantifique moelle de leur Rock.
Le tremplin vers l’explosion musicale et médiatique que sera le sublime Elephant.

Mais ça c’est une autre histoire.

Renaud ZBN

White Blood Cells est paru le 3 juillet 2001 sur le label Sympathy for the Record Industry