5+5 = les disques préférés de Mark K Nelson (Labradford/Pan American)

Après l’entretien que Mark K Nelson nous a accordé, voici une autre manière de comprendre la magie de A Son, le dernier disque de Pan American en revenant aux sources de son inspiration à travers un 5+5 à la fois un pied dans le passé et l’autre dans l’ailleurs.

Mark K Nelson est revenu avec son projet Pan American à la fin de l’année dernière et son oeuvre la plus ouverte, A Son. Un disque qui convoque aussi bien le folklore de l’Amérique naissante qu’une certaine forme d’abstraction, citant à l’envie les spectres de Shenandoah. Il fallait bien ce 5+5 pour trouver des clés à l’inspiration de A Son.

5 disques du moment :

 

Aimee Mann – Mental Illness

Ce que je recherche dans la Pop au sens large, c’est cet équilibre entre son et mots. Mental Illness et par extension l’ensemble de la discographie d’Aimee Mann parvient à ce mariage réussi entre intelligence et harmonie. C’est une combinaison si douce d’histoires et d’idées qui tentent de donner un sens au monde avec des varies prises de position et des mises en accusation parfaitement étayées.

Michael Grigoni And Stephen Vitiello – Slow Machines

Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas entendu un disque Ambient original dans son approche et qui parvient à échafauder un espace-temps porté par une force émotionnelle incomparable. C’est une lente construction basée  sur la patience et une grande concentration.

Rafiq Bhatia – Breaking English

C’est rare les disques de Jazz qui parviennent à être aussi exaltants qu’une chanson pop. La musique de Rafiq Bhatia naît toujours d’une idée stimulante sans pour autant jamais perdre son auditeur en restant tout à fait familier. Voila un bel exemple de comment une musique peut sonner quand de grands instrumentistes travaillent main dans la main avec la notion de chanson au centre de leur cheminement artistique. Ne perdons pas de vue qu’il s’agit aussi d’un disque de “Jazz Digital”, ce Jazz qui s’appuie sur le logiciel Djazz qui est un “improvisateur artificiel”. Le logiciel,concrètement, capte ce que joue un musicien et recombine les phrases enregistrées pour produire de nouvelles improvisations à la façon d’un cadavre exquis.

Meg Baird And Mary Lattimore – Ghost Forests

Encore un disque qui cherche à combiner les racines et le patrimoine et une certaine envie d’abstraction. Meg Baird a une voix sublime qui intègre le grand mystère des mélodies Bluegrass et de la musique folklorique britannique tout en étant totalement moderne.

Jeremy Cunningham – The Weather up There

Une belle et très personnelle déclaration du batteur de Chicago.  l n’est pas nécessaire de connaître l’histoire (L’assassinat de son frère) qui se cache derrière l’inspiration de cette musique pour l’aimer mais l’histoire est très émouvante.

5 disques pour toujours :

Washington Phillips – Washington Phillips and his Manzarene Dreams

Washington Phillips était un chanteur de blues et de gospel au début du XXe siècle.  Il accompagnait sa voix avec une autoharpe faite à la main. En résulte une musique à la fois terrienne et céleste. C’est plein de mystère et de chagrin, d’éternelles recherches de foyer et de croyance.

Black Uhuru – Red

Un des premiers disques de reggae avec lequel j’ai été en contact.  Un mélange de chants roots classiques et de productions plus modernes (80’s assurément) de Sly et Robbie.

Nitty Gritty Dirt Band – Will The Circle Be Unbroken

Avec le recul, on se dit que c’est fou qu’un tel disque ait pu exister. Imaginez un peu, ce disque réunit la fine fleur, les stars absolues du Folk, du Bluegrass et de la Country des débuts de l’Amérique avec un groupe de hippies californiens. La jeune génération de l’époque s’efface pour mettre en avant la musique de leurs aînés. C’est en plus magnifiquement enregistré et tellement édifiant.

Bob Dylan – John Wesley Harding

Sans même le savoir, je crois bien que Bob Dylan a inventé ce concept d’Ambient Americana. Ce disque a été une grande source d’inspiration pour A Son dans sa capacité à jouer avec les perspectives et l’espace.

Moodymann – Silent introduction

Un disque qui, pour moi, associait la musique Soul vintage aux techniques de production modernes et l’esthétique de la House Music. Cela sonne toujours très bien, à la fois solitaire et réconfortant. Triste et libre.

Pan American – A Son
Sortie le 08 Novembre 2019

Retrouvez l’entretien en deux parties ici et ici