Altered States Of Consciousness : le rock arty et protéiforme de BBCC

L’electro arty des strasbourgeois BangBangCockCock est fait pour claudiquer sur le dancefloor. Leur nouvel album Altered States Of Consciousness  propose un déluge de rythmes et de sons peuplés de bizarreries et d’histoires terriblement factuelles.

BangBangCockCock

Collectif ou pas, BBCC agit tout comme.  Autour du chanteur Adrien Moerlen gravitent des musiciens, graphistes et vidéastes, qui s’en donnent à cœur joie et qui n’hésitent pas à hanter les forêts du fin fond des Vosges, afin de tourner des clips fantasques qui ne passeront jamais sur Netflix.

BBCC Altered States Of ConsciousnessCe second disque, après un premier essai réussi, Heidentum paru en 2015, célèbre les rythmes tribaux séquencés, aidés de claviers fantômes, qui font corps avec les chants incantatoires d’Adrien.  Ce dernier  y raconte, en anglais, des histoires étranges ou l’on croise pèle-mêle des filles underground, des sandwiches, des flingues et des garçons cyniques.

Musicalement, tout est fait pour dérouter l’auditeur vers des contrés non binaires, où la justesse d’accords n’est pas forcement une science. Aussi Altered States Of Consciousness mise beaucoup sur les contours sinueux d’une électro progressive pensée comme une œuvre d’art, où le cutting, l’improvisation et le free-rock font bon ménage  afin de mieux s’éloigner du Pop Art.

Pourtant grâce à sa composition pop alambiquée, le beau et surprenant Mediocraty Part Two s’élève sans peine du reste de l’album et n’est pas sans rappeler Passion Fodder, Plus loin, le mélancolique Heathen Waltz, interprété par Anne Ahlers, hisse le psychédélisme et l’ambiant dans des sphères chaotiques que n’auraient pas renié Syd Barrett.

Quant aux autres titres, ils se présentent comme des palais de glace dans lesquels l’auditeur se perd dans une complexité de bon aloi. Brillantissimes,  Devotional Pattern, Hapiness ou How the Fuck did she Survive to Nuclear Holocaust font la part belle aux rythmiques déstructurées et sont de véritables joyaux contre nature. Une collection de sons synthétiques apparaît par-ci par-là et revisite trente années de modulations analogiques, tandis que les guitares parcimonieuses tiennent plus du happening et de l’interventionnisme.

Si leur musique s’inscrit bien dans un concept artistique déjà croisé chez Oingo Boingo, Yello  ou encore Can, BBCC  nous rappelle que si le corps contrôle les machines, c’est la folie qui contrôle le cerveau. Présageons que ce disque fera un tabac dans les hôpitaux psychiatriques.

Mathieu Marmillot

BBCC Altered States of consciuousness
Label : October Tone
Sortie : 12 juin 2020