[OCS] « Jeune et Golri » : la série drôle et pétillante d’Agnès Hurstel

Dans Jeune et Golri, l’humoriste Agnès Hurstel incarne une comédienne de stand-up tombée amoureuse d’un homme âgé de 20 ans de plus qu’elle. Une série qui dégage beaucoup de fraîcheur et de spontanéité.

Jeune et Golri
© OCS

Depuis le renouveau de la série télé il y a un peu plus d’une vingtaine d’années, on remarque que le stand-up et la série font plutôt bon ménage avec des humoristes imaginant des scénarios aux allures d’autofiction dans lesquels il se mettent en scène avec toujours beaucoup d’autodérision. On se souvient de la série Louis avec Louis CK, ou plus récemment de La Fabuleuse Mme Maisel (sur Amazon Prime) qui elle, contrairement à Louis, est un personnage totalement inventé, même si on retrouve dans certains épisodes Lenny Bruce, un humoriste culte américain ayant bel et bien existé.

jeune-et-golri-afficheEn France, aucun comique n’avait réussi à créer une série autour du stand-up jusqu’à ce qu’Agnès Hurstel imagine Jeune et Golri dans laquelle elle se met en scène en compagnie d’autres jeunes humoristes dont certains sont issus également du stand-up à l’image de l’excellent Paul Mirabel.
Dans une première saison en huit épisodes, l’artiste suisse, auteure d’un seul en scène intitulé Va te laver la bouche et que l’on peut aussi entendre dans l’émission La bande originale sur France Inter, a décidé de passer des planches au petit écran en imaginant la vie d’une jeune adulte parisienne nommée Prune qui, suite un gage un peu dingo, se retrouve embarquée dans une histoire d’amour avec un homme âgé de 20 ans de plus qu’elle,  Francis, 47 ans, BCBG, divorcé et père d’une petite fille incarné par Jonathan Lambert, parfait dans le rôle. Entre Prune et Francis c’est l’amour fou, mais c’est sans compter sans les tracas du quotidien et notamment sur la fille de Francis avec laquelle Prune va mener une véritable guerre psychologique afin de se faire accepter de cette petite peste.

Bien dans l’air du temps, avec un parti-pris féministe plutôt bien vu, la série se montre assez séduisante, malgré un démarrage un peu poussif. Mais au bout de trois ou quatre épisodes, le rythme est là, les personnages commencent à trouver leur place dans l’univers imaginé par Agnès Hurstel avec des seconds rôles – Marie Papillon, Lison Daniel, Jehanne Pasquet, Nordine Ganso – tous très attachants. Des scènes de stand-up viennent ponctuer le récit avec également des petites vignettes en forme de bandes dessinées qui introduisent la plupart des séquences des huit épisodes, donnant une touche pop plutôt sympa à la série.

Le ton est léger, le scénario gentiment foutraque et surtout Agnès Hurstel se donne corps et âme pour incarner un personnage auquel on adhère très vite. Une femme débordante d’énergie, adulescente sur les bords et amatrice de blagues bien potaches.
Évidemment, on pensera par moment à Mme Maisel avec laquelle Prune partage certains points communs, à commencer par ce besoin de confronter son art avec sa propre vie, de raconter sur scène les tensions au sein de son couple, avec d’un seul coup, la scène de stand-up qui devient une forme d’exutoire, avec en plus un public qui en redemande toujours plus.

Une série avec ses qualités et ses défauts, peut-être maladroite par moment, mais qui dégage une fraîcheur, une spontanéité, une envie de proposer quelque chose de différent… On espère simplement que les deux prix reçus au festival Série Mania 2021 permettront à Agnès Hurstel de poursuivre sur une saison 2 et d’affiner encore un peu plus son écriture qui, quoi qu’il en soit, est très déjà prometteuse.

Benoit RICHARD

Jeune et Golri
Série de Agnès Hurstel et Victor Saint Macary
Avec : Agnès Hurstel, Marie Papillon, Lison Daniel, Jehanne Pasquet…
Genre :  Comédie
8 épisodes de 26 minutes
Diffusion sur OCS depuis le 2 septembre 2021