Entre raffinement, spleen et liesse, le nouvel album de la française Roseland, Unsaid Words se constelle en une passionnante mosaïque pop et électronique.
La bordelaise Roseland (de son vrai nom Émeline Marceau) s’est fait remarquer dès 2020, avec un premier album To Save What is Left qui se déclinait en shoegaze intimiste et électro décomplexés. Son nouvel album, le très réussi Unsaid Words, affiche une entreprise sonore bien plus élaborée. La production ingénieuse se montre à la hauteur des chansons qui brassent, avec une facilité déconcertante, une électro-pop universelle aux confins du krautrock et de l’indie-pop.
Roseland, aux douze titres anglophones menés par une voix habile, aligne donc plusieurs tubes. A la croisée de Florence and the Machine, Lali Puna où M83, les deux trophées Eternal Eyes et Take it Easy combinent efflorescence et mouvement. Très bien construits, ces titres hypnotisent autant qu’ils se montrent addictifs. Le syndrome post-punk robotique n’épargne pas Stop sous emprise Electrelane pour un final salvateur, alors que la noisy-pop alambiquée d’All i Want aime empiler les guitares et passe facilement aux boucles entêtantes et répétitives de l’excellent Perroquet.
Let it Go et Wasted respirent, envoutent et sont à peine maltraités, par les arrangements et breaks qui sont à la fête sur le très urbain After Tonight et en mode soft sur Unsaid Words et Silence. Alors que Glide Time et Empty Sentences condensent le savoir-faire sans pour autant impressionner.
Avec ce nouvel album très réussi, Roseland affiche sa déconcertante singularité et devrait, en toute logique, trouver le chemin de la galaxie, voire du succès.
Mathieu Marmillot