KGB-DGSE, 2 espions face à face : SergueÏ Jirnov & François Waroux

Martin Leprince a soumis deux anciens espions, Sergueï Jirnov du KGB et François Waroux de la DGSE, à une interview commune pour démythifier les espions et leur rôle et mettre en évidence tout ce qui séparait cette fonction dans les services secrets russes et français.

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capture d’écran France info / Dailymotion

Pour que les lecteurs comprennent mieux le fonctionnement des services secrets soviétiques et français, Martin Leprince a organisé une rencontre entre Sergueï Jirnov, agent soviétique réfugié en France, et François Waroux autre agent à la solde, lui, des services français aux Etats-Unis, en Ethiopie et au Pakistan. Il les a soumis à une interview organisée autour de huit thèmes principaux : « Pourquoi des espions ? – Recrutements et formation – La réalité de la fonction – – Les techniques – Les faux mythes – La foi en son système – Les hommes derrière les espions – Le monde a-t-il encore besoin d’espions ? ». les amateurs de films, séries et romans d’espionnage, même s’ils apprendront beaucoup de choses la lecture de ce livre, risquent d’être un peu déçu, toute la mythologie de l’espionnage n’est qu’une invention de l’imagination des scénaristes et auteurs. Ces deux « espions » sont en fait des officiers traitants, des agents chargés de recruter des personnes capables de leur fournir des informations stratégiques, d’en manipuler d’autres pour leur faire prendre des décisions qui leurs sont favorables, d’avoir des yeux et des oreilles partout, de faire pencher la balance de leur côté. L’officier traitant est un personnage souvent banal même s’il est très bien entraîné, il n’a rien à voir avec les héros médiatiser par le cinéma et la littérature mais il reste toujours un homme en mission prêt à tout pour arriver à ses fins.

KGB-DGSE, 2 espions face à faceLa différence entre le KIGB, service secret de l’Union soviétique, aujourd’hui remplacé par le FSB, et la DGSE (Direction générale des services extérieurs) chargée des services secrets français à l’étranger, tient essentiellement à la différence de taille entre les deux pays et à la différence des régimes soviétiques et français qui poursuivent des objectifs fondamentalement différents. L’Union soviétique cherchait à imposer son régime au reste du monde alors que la France cherchait surtout des renseignements économiques et industriels pour développer son économie. Les services soviétiques étaient fondés sur une solide base idéologique alors que les français avaient des objectifs beaucoup plus pragmatiques. Ces différences influent notoirement sur l’organisation des services, moins sur la formation des agents, et certainement un peu plus sur les missions qui leur ont été commandées. « …la France formait des professionnels alors que l’URSS cherchait à façonner des individus ».

A l’époque où les deux auteurs étaient en fonction, l’espion était rarement une espionne, elles étaient peu nombreuses et n’occupaient que des fonctions administratives. Les gadgets dont ils disposaient étaient beaucoup moins sophistiqués que dans les fictions. Tout au long de cette longue interview, ils ont démythifié les espions décrit dans les fictions, pas plus de super héros que femmes fatales. Ce ivre contient quelques petites révélations, parfois plutôt des confirmation, mais le lecteur découvrira surtout des fonctionnaires zélés à la recherche d’informations stratégiques. Sergueï Jirnov livre tout de même quelques informations sur son collègue de promotion le tyrannique et cruel Poutine qui ensanglante le monde à la façon de son grand ancêtre Staline. La lecture de ce livre permet de mieux comprendre le conflit actuel que ce livre Russes et Ukrainiens car il rappelle que Poutine s’inspire fortement des méthode l’ex KGB de l’ère stalinienne.

L’espion reste toujours un espion toujours prêt à fomenter un coup tordu contre son adversaire même, si un certain code de bonne conduite semblait exister au temps de la Guerre Froide avant que des fanatiques religieux fassent irruption dans ce monde où Poutine n’était, selon Jirnov, qu’un agent de quatrième zone. Mais attention les deux auteurs sont des menteurs professionnels, quelle part de notre confiance pouvons-nous leur accorder ? C’est la question que nous pose Eric Denécé, l’auteur de la postface, pour conclure cette double interview.

Denis Billamboz

KGB-DGSE, 2 espions face à face
Sergueï Jirnov, François Waroux
Martin Leprince (Interviewer)
Éditeur ‏ : MON POCHE
Broché ‏ : ‎ 248 pages – 8,20 €
Parution 14 avril 2022