[Live Report] Jesus Lives in Vegas et The Serfs, au Slow Club (Fribourg-en-Brisgau)

Ce lundi soir, ce sont deux visions de la new wave qui se sont alternées sur la petite scène du club allemand. L’une Américaine (The Serfs) se positionne en 2023, l’autre Française (Jesus Lives in Vegas) bloquée au milieu des 80’s.

The Serfs

Lorsque le trio de Cincinnati The Serfs monte sur scène, il ne paie pas de mine. Une clavieriste timide côtoie un chanteur-batteur arborant des gants noirs et une coupe mulet réglementaire pendant qu’un troisième larron s’occupe de tout le reste, c’est à dire guitare, basse et machines.

The SerfsLes séquenceurs ont la lourde tâche d’introduire les titres du second album paru cette année, le très réussi Primal Matter. À peine lancée par Dakota Carlyle, la solide bassline est emballée par Dylan McCartney. Doté d’une frappe implacable et jouant debout, le chanteur filiforme tient le rythme de mains de fer et profère ses paroles avec rage et conviction. Les nappes synthétiques et les chœurs d’Andie Luman contrebalancent le propos. The Serfs se joue des clichés et impose sans difficultés sa vision du synthé-rock avant-gardiste américain. Soit une combinaison complexe de références. Bien sur le Velvet Underground, mais plus proche, on pourrait citer Bodega, Fergus and Geronimo, Working Men’s Club et des trucs plus post-punk. Implacables, The Willows, Stimull et Vanishing Act se débarrassent d’artifices new-wave pourtant très présents sur leurs disques, pour s’en affranchir sur scène. Tribal, leur rock arty se fraie un chemin au milieu des expérimentations hip hop, psyché ou garage. This Chorea nous amène dans le Bronx à coup d’électro, les samplers sont à la fête sur des sonorités street 80’s alors que Politics Of Emptiness prospère sur un jeu de guitares cristallin et brillant, renvoyant le groupe du côté des Plimsouls ou REM. Lorsque le Bpm s’accélère, une boite à rythmes prend le relais sur Noctural Job et permet à McCartney d’occuper le devant de la scène pour un face to face flippant. Carlyle reste imperturbable, passant de la basse à la guitare entre deux samplers et se lâche vocalement sur un titre, comme Luman qui y va de sa chanson dream-pop avec la pose qui va bien. Le trio balance des fois des uppercuts comme les très froids Ringing the Changes ou Caged and Bound, dont la proximité avec la formation post-punk Section 25 est évidente. Apparaissent aussi quelques inédits qui figureront sur le prochain album annoncé pour fin 2023, puis une reprise convaincante de Absolute Body Control Is There an Exit- remet The Serfs à la périphérie des groupes cold- wave dont ils se réclament.

Juste avant, les nancéiens Jesus Lives in Vegas ont misé sur une sonorité bien plus chimique. Leur new-wave à guitares fortement influencée par The Cure ou The Chameleons finit par crouler sous des effets trop démonstratifs. Quelques bons titres comme Sex Tape ou City Boy ne feront pas oublier la redondance et la longueur de certains titres.

Texte et photos : Mathieu Marmillot