« Vivarium » : une plongée dans les arcanes de la création littéraire avec Tanguy Viel

Éclats de vie où se dessine peu à peu le portrait d’un écrivain parvenu à l’âge mûr, Vivarium livre une réflexion  passionnante sur les rapports entre la pensée et l’écriture.

Tanguy-Viel-2019
© photo : Patrice Normand

Loin de son univers romanesque habituel, exploration des mécanismes d’une société prompte à écraser les faibles, et dans la lignée de son essai, Icebergs où il se regardait lire et écrire, Tanguy Viel livre avec Vivarium son autoportrait, celui d’un auteur en proie aux interrogations de l’âge mûr. Un autoportrait éclaté, impressionniste, fait de fragments méditatifs, « abris vitrés pour la mouvante pensée », où se mêlent « des villes et des fleuves, des souvenirs et des questions, des fleurs, des amis, du vent et des lignes d’horizon. »

LTanguy Viel vivarium‘intention est posée dès le début : réfléchir et faire réfléchir aux rapports entre la pensée et l’écriture. Comment faire face à l’usure du langage. Comment rendre compte de ces « émotions méditées » dont parle Georges Bataille. Savoir saisir « ces phrases qui nous frôlent en des instants de visite », restituer l’émotion dans la fraîcheur de son surgissement. Vivarium : pour que l’écriture ne soit pas lettre morte, il lui faut sortir des clichés, retrouver sa vivacité, d’où le goût marqué de Tanguy Viel pour les termes rares, « précieux », dans une quête qui rejoint celle de James Joyce, celle des mots « capables d’inventer les choses qu’ils désignent ».

J’ai trouvé dans Vivarium une qualité d’expression à laquelle Tanguy Viel ne m’avait pas habituée dans ses romans. Et si j’ai été parfois été irritée par une certaine affectation langagière, j’ai lu avec intérêt et gourmandise ces éclats de vie et d’écriture intimement mêlés, ces bribes sans chronologie unies par des effets d’écho souterrains. À travers son expérience intime, regard à la fois sur le monde et sur lui-même, Tanguy Viel nous entraîne dans un voyage intérieur où, tout en nous faisant partager les infinies nuances du sensible, il nous fait pénétrer dans les arcanes de la création littéraire.

Anne Randon

Vivarium
de Tanguy Viel
Les Éditions de Minuit
144 pages. 18,00€
Parution le 7 mars 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.