« Les Jardins invisibles » ou les tout petits bonheurs d’Alfred

Alfred se souvient. Pour nous, il se dévoile en racontant, en dessins, une succession de souvenirs marquants, de moments charnières dont la signification ne lui est apparue que des années plus tard.

Les Jardins invisibles - Alfred
© 2025 Alfred / Delcourt

« Dessiner pour ne pas disparaître et dessiner pour ne pas oublier. C’est devenu le même geste. Ça me fait emprunter les mêmes chemins vers ces paysages que nous portons en nous et dans lesquels nous retournons parfois. » Depuis toujours, Alfred dessine. Il dessine pour se souvenir et ne pas être oublié.

Les Jardins invisibles - AlfredAlfred fixe sa mémoire en crayonnant. Il aime ces instants où il peut, à sa place, dessiner « dans cet espace rassurant, en équilibre instable » entre le calme de sa table et le bruit du monde. Un souvenir lui en rappelant un autre, il nous partage ces moments qui tous mélangent l’enfance, la famille, sa fille, son amour de l’Italie, du théâtre et, surtout, du dessin. Ce besoin viscéral de dessiner a pourtant, lui aussi, connu ses propres vicissitudes.

Son taxi erre dans le port désert de Naples à la recherche d’un lieu de tournage nocturne. Perdu, Alfred ressent l’énervement croissant du chauffeur et s’apprête à renoncer, quand sa fille stoppe la course, elle a retrouvé le chemin. Alfred s’étonne de cette inversion des rôles, ne se laisse-t-il pas guider par une enfant de 12 ans ?

Alfred anime un atelier de dessin dans un village près de Djibouti, quand sa compagne lui annonce, par internet, simplement : « c’est parti l’aventure ! » Spontanément, il annonce aux enfants qu’il va avoir un bébé, alors, joyeusement, ils hurlent : « Papa Alfred ! »

Le trait d’Alfred est doux et faussement enfantin. Son tracé noir est souligné par de larges touches d’aquarelle. Sa ligne claire est arrondie, ses couleurs ensoleillées. Sous sa plume, la nature semble préservée et le passage du temps se fait apaisant. Il sait varier ses effets, la série de photos reprises au feutre est particulièrement réussie.

Par cet album, par cette succession d’exemples touchants, Alfred nous invite à travailler nos souvenirs à la recherche de nos propres petits bonheurs, ces moments charnières qui ont changé ou, plus simplement, éclairé nos vies. Au travail !

Stéphane de Boysson

Les Jardins invisibles
Scénario et dessins : Alfred
Éditeur : Delcourt / Shampooing
160 pages – 16,50 €
Parution : 15 janvier 2025

Les Jardins invisibles — Extrait :

Les Jardins invisibles - Alfred
© 2025 Alfred / Delcourt

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