Principles of Joy – Live At CXVIII : la soul est éternelle…

Le très séduisant Live At CXVIII de Principles of Joy risque bien d’être un jalon dans la trajectoire de ce groupe français jouant une soul respectueuse de ses racines mais contemporaine, tant il reflète bien la grâce de leurs performances scéniques…

OJ-Photo 2William Nothin
Photo : William Nothin

Tentez le test suivant : faites écouter à un(e) ami(e) qui aime la soul la plus classique Girls Be Like, le premier morceau de Live At CXVIII, et observez le/a s’animer devant la magie éternelle de ce genre musical qui semble renaître comme un phénix chaque fois qu’on le croit dépassé par une nouvelle évolution de la musique afro-américaine. Peut-être vous questionnera-t-il/elle au bout d’une minute seulement sur cette découverte « vintage » que vous avez faite… jusqu’à ce que la voix de la chanteuse interpelant le public le/la sidère : mais c’est un groupe français qu’on écoute, là ? « Eh oui ! », lui répondrez-vous malicieusement, « et ils ont même mis le feu au Supersonic la semaine dernière ! ».

Live at CXVIII« Mettre le feu », c’est un terme banal, usé, mais qui qualifie bien l’effet qu’a la voix de Rachel Yarabou, soutenue par Harryson Jean-Baptiste et Loïc Betems aux guitares par les claviers de Ludovic Bors et la section rythmique de Jérôme Maklen (basse) et Schaël Michanol (batterie). Au point que l’idée derrière cet album « live », qui est d’ailleurs plutôt un « live en studio » afin de préserver la qualité de l’enregistrement, est de restituer le plus fidèlement possible l’intensité scénique d’un groupe dont la musique – comme cela devrait d’ailleurs toujours être le cas – resplendit au contact d’un public qui communie dans l’amour de la soul éternelle…

Ce que nous offrent Principles of Joy, c’est une interprétation contemporaine de « la soul des années 70, de la deep soul et de la northern soul, enrichie d’éléments contemporains tels que le hip-hop et la musique psychédélique » : on retranscrit là tel quel l’argumentaire du label, parce que, en dépit de la profusion d’étiquettes toujours irritantes, il permettra à qui découvrira le groupe de trouver ses marques. Ajoutons que le groupe qualifie aussi sa musique de « heavy soul », une autre référence à la culture mod anglaise des sixties… Bon, on pourra toujours discuter de l’influence britannique, même si le clin d’œil à des gens comme Paul Weller et son The Jam ou à nos très chers Dexy’s Midnight Runners est toujours bienvenu, et pointer qu’on trouve plutôt une connotation gospel dans First Times (enfin, en gospel qui se serait détaché des obsessions religieuses du Sud des USA…), qui sert d’enthousiasmante conclusion au concert et à l’album. Quant à Rachel, on l’entendra plutôt évoquer une connexion avec la regrettée Sharon Jones, reine de la rétro-soul emportée trop tôt par la maladie… comme l’illustre le bel hommage rendu sur un Your Thing Is A Drag très dynamique. Start From Scratch, le second titre de la setlist, avec ses élégants claviers « à la Manzarek » voit Principles of Joy se rapprocher clairement du Rock, alors que Hoodlove se laisse aller à une tentation hip-hop qui n’a d’ailleurs rien de sacrilège.

Mais, au diable les étiquettes, c’est bien ça qui définit la mission de Principles of Joy, au delà du très beau nom que ce combo s’est choisi : assurer la continuité dans les années 2020 d’une musique « black » qui a dépassé le demi-siècle (certains diront plus…), mais reste formidablement touchante, près du cœur, capable de véhiculer des émotions incomparables, en la colorant – pardon, en l’enrichissant – de tonalités variées.

Eric Debarnot

Principles of Joy – Live At CXVIII
Label : Q-Sounds recordings
Date de sortie : 11 avril 2025

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