Lors de son concert à l’Espace Icare, le vétéran Little Bob a su transmettre au public présent sa joie de pouvoir jouer les prolongations.
En ce samedi, direction Issy-les-Moulineaux et l’Espace Icare pour le concert à prix démocratique d’un survivant du Rock français : Little Bob. Retour à la fin des années 1970 : avec son groupe Little Bob Story, Roberto Piazza de son vrai nom incarnait un Rock français pas moqué et même reconnu de l’autre côté de la Manche. Signé sur le label Chiswick, son groupe est le seul groupe français présent sur la mythique compilation britannique de 1977 New Wave. Il obtient le respect de Lemmy Kilmister et se produit de nombreuses fois au Royaume-Uni durant la période. Sa musique : un pub rock carré, direct, du travail artisanal volant au-dessus de la concurrence hexagonale d’alors. Mais un insuccès à domicile dû au choix d’écrire en anglais. Un choix dont Piazza a assumé les conséquences, acceptant de ne pas rouler sur l’or.
Oui mais… les rockers français qui ont eu plus de succès à la même époque ne se sont pas produits en Finlande en 1978 devant le pas encore cinéaste Aki Kaurismäki. Le Finlandais filmera des années après Little Bob sur scène pour son film Le Havre. Little Bob Story a splitté en 1989. L’artiste se produit en solo puis à partir de 2012 sous le nom Little Bob Blues Bastards. Alors que son épouse et soutien Mimi Piazza n’est plus, il continue à se produit sur scène devant un public réduit mais fidèle.
On arrive en salle alors les Troyens de Younger Spirit jouent la fin de leur set. Un power trio proposant un bon blues rock artisanal. Avec un chanteur/guitariste légèrement arrogant. Mais en même temps c’est le frontman donc… Un bon échauffement avant la suite. Little Bob arrive avec son légendaire perfecto rouge… et seulement un guitariste électrique pour l’accompagner. Arrivent ensuite le contrebassiste, le batteur et le claviériste de Little Bob Blues Bastards. L’énergie de la fin des seventies n’est bien sûr plus là, mais restent le capital sympathie et la voix.
Le chanteur a un livret de paroles en forme d’aide-mémoire… mais s’en moque en disant que les autres chanteurs ont un prompteur. On comptera parmi les points d’orgue du spectacle une reprise de Down in Mexico des Coasters et bien sûr son classique à lui Riot in Toulouse. Tendant le micro à la foule, il finira sur la longueur par faire chanter un public aussi peu connaisseur que moi de son répertoire. Au cours du concert, il affirmera vouloir continuer la scène entre autres parce qu’il ne souhaite pas se remettre en couple après ses nombreuses années de bonheur avec Mimi.
Une volonté de prolongation de l’octogénaire sympathique car dans le cas présent elle n’est pas motivée par des questions de paiement de factures. Une volonté aussi légitimée par les morceaux du concert couvrant toute la carrière du chanteur : rien de génial, rien de honteux, pas de surprises, mais une forme de régularité. Du coup la question d’arrêter à temps ne se pose pas comme pour d’autres d’étant autoparodiés après avoir été essentiels.
Au rappel, ce sera un excellent medley Heartbreak Hotel/Lucille. Une spectatrice lui offre en cadeau d’anniversaire – qui date du 10 mai – un T Shirt… et un 45 t de Mink DeVille. L’occasion pour Little Bob de rappeler son amitié avec un Willy DeVille plus apprécié en Europe qu’à domicile.
Et l’on quitte l’Espace Icare content, la tête pleine de souvenirs d’émeutes à Toulouse.
Texte et photos : Ordell Robbie.