Les riches ont fui, l’humanité est morte, la planète est toxique. Viktor Hachmang nous invite à découvrir le désastre à travers l’histoire de Geo, un éboueur qui lutte pour survivre et trouve de la beauté parmi les déchets.
Dans un inquiétant futur, tandis que la Terre est devenue une immense décharge à ciel ouvert, quelques milliardaires, servis par leurs domestiques, se sont réfugiés à temps sur un satellite artificiel. Pris dans une tempête, Geo, un simple éboueur, s’échoue accidentellement sur la planète officiellement inhabitable. Abandonné à lui-même, le malheureux tente de survivre au milieu de montagnes de déchets, de marécages pollués et de ruines qui nous sont trop familières.
Le pitch est proche de celui de La Route. En moins sombre, car la vie n’a pas totalement disparu de ce monde. Contre toutes attentes, se nourrissant de poissons et disputant des fruits aux insectes, Geo survit. Il pêche, cueille et marche.
Sur un squelette, il découvre un exemplaire de La Tempête de William Shakespeare. Il peine à lire la pièce, mais il persiste et a tôt fait de s’identifier à Prospero, le sorcier. Croisera-t-il son Ariel ! L’esprit de l’air et du souffle de vie. Avez-vous vu Ariel ou son compagnon, le sombre Caliban ?
L’histoire peine à convaincre. Geo perd-il seulement la tête ? On ne lui voudrait pas, le pauvre homme n’est pas taillé pour survivre seul dans cet enfer. N’est pas Robinson qui veut !
Pour autant, le dessin interpelle. Plus connu pour ses illustrations, L’Arpenteur est la première bande dessinée de Viktor Hachmang. Très fin, son trait rappelle celui du grand Moebius. Les cadrages et le travail sur les fonds et les textures sont inventifs. Les couleurs vives, bleues, oranges ou vertes, surprennent. Chaque planche a été travaillée et mérite un temps d’arrêt. Même si ce monde fluorescent et toxique nous est résolument hostile, le lecteur est invité à ralentir, à visiter et à admirer l’installation. De la fange, peut surgir de la beauté.
Stéphane de Boysson
L’Arpenteur
Scénario et dessin : Viktor Hachmang
80 pages, 20 €
Éditeur : Casterman
Parution : 29 janvier 2025
L’Arpenteur — Extrait :
