5+5 = les disques préférés de Principles of Joy

Après avoir écouté leur emballant Live at CXVIII, on n’avait qu’une idée en tête : demander à Principle of Joys, maîtres français de la « heavy soul » de nous parler de leurs influences. Ils nous ont répondu, et on n’a pas été déçus ! Voici le 5+5 de Ludovic Bors, clavier du groupe et boss du label Q-Sounds recording…

POJBAND 2 pic by William Nothin
Photo : William Nothin

5 disques du moment :

Benny The Butcher : Tana Talk 4

J’écoute toujours du Hip Hop, et Benny the Butcher est un de mes MCs préférés sur la scène actuelle. Du flow, de l’attitude et des prods au top qui n’ont pas tourné le dos à l’art du sampling. Tout le crew Griselda est vraiment très créatif ces dernières années. (Griselda Records – 2022).

Organic Pulse Ensemble : Zither Suite

Le jazz est particulièrement actif au nord de l’Europe en ce moment. J’aime beaucoup comment ce one man band suédois revisite l’héritage du Spiritual Jazz, de Pharoa Sanders, Alice Coltrane ou encore Sun Ra. Le son est brut et analogique, comme j’aime. C’est un disque qui n’aborde pas le jazz uniquement à travers le prisme du chorus (ce à quoi je ne suis pas trop sensible), mais à travers la manipulation d’une matière sonore évolutive… sans oublier la pulsation. (Ultraääni – 2024)

Joy Denalane : Let Yourself Be Loved 

C’est un album qui a déjà quelques années, mais je l’écoute toujours. C’est un des meilleurs disques de Soul contemporaine sorti ces dix dernières années. J’aime la prod, qui, malgré un côté léché, reste organique et intense. Joy a une superbe voix, mais ce qui fait de cet album un disque à part, c’est la qualité des compositions qui proposent une alternative au tout venant mid tempo des productions de Soul contemporaine américaine en ce moment. Une grande réussite indémodable. (Motown – 2020)

Jalen N’Gonda : Come Around & Love Me

Après avoir œuvré au retour de la Soul sur le devant de la scène contemporaine, Daptone a mis un peu de temps avant de retrouver des artistes emblématiques à même de prendre la place de Sharon Jones ou Charles Bradley. Jalen N’Gonda ouvre un nouveau chapitre du plus grand label de Soul contemporaine en proposant une relecture fraîche et enthousiasmante de l’héritage 70s de Marvin Gaye. C’est un disque que j’aime écouter qui contient quelques futures classiques. (Daptone – 2023)

Surprise Chef : Superb 

Leur nouvel album est à l’image de leur discographie. Il représente bien ce que Surprise Chef amène de neuf à la musique instrumentale, héritière du Hip Hop et des compositions cinématiques. Ils renouvellent un genre qui tournait un peu en rond dans le sillage des albums de Menahan Street Band et de El Michels Affair. Leur utilisation des synthés et l’absence de section de cuivres les font sonner différemment. Leur approche mélodique est moins influencée par les mélodies éthio jazz. Bref, un super disque comme tous les albums de Surprise Chef. (Big Crown – 2025)

5 disques pour toujours :

The Marvelettes : Please Mr Postman

C’est  un disque qui représente le « son Motown » alors naissant: L’évidence et l’inventivité mélodique s’accompagnent d’une sophistication harmonique qui dépasse l’héritage Gospel et Blues de la Soul sans le perdre. C’est d’une beauté confondante. Et la production est incroyable, tout est déjà là, annonçant plus d’une décennie de chefs-d’œuvre ! C’est puissant sans forcer, un véritable écrin au service des voix, en particulier celle de Gladys Horton, donc les intonations rugueuses viennent rappeler que Motown n’est pas un label de « Soul édulcorée » (en opposition à Stax), comme beaucoup cherchent à le faire croire dans une vision souvent rudimentaire de la Soul. Bref 100% Street cred ! (Motown – 1961)

Curtis Mayfield : Superfly 

Un des disques fondateurs de mon éducation musicale. Je l’ai écouté plusieurs fois par jour pendant des années. Je peux chanter tous les arrangements de cordes, de cuivres, de voix, de percus… C’est un disque qui résume à lui tout seul l’immense contribution de Curtis Mayfield à la Soul : de la profondeur, de l’émotion dans la voix, et les paroles… et un sens des arrangements qui fait que les cordes et les cuivres contribuent à la tension dramatique des morceaux. On retrouve la science du gimmick propre aux Impressions et on s’ouvre sur la complexité harmonique des années 70s. C’est un disque- monde dans lequel chaque écoute est différente de la précédente. (Curtom – 1972)

Byard Lancaster : Funny Funky Rib Crib 

Un autre de mes disques fondateurs. Je l’ai acheté sans savoir ce qu’il contenait au début des années 90s chez Boulinier à Paris, attiré par la pochette et le titre contenant le mot « Funky ». Quand je suis rentré chez moi et que je l’ai écouté, je me suis pris une des plus grosses gifles de ma vie ! Du Jazz Funk mélangé à du Free Jazz, avec un son rough et intense, et en plus avec des musiciens français sur un label français !!! Un monde s’ouvrait à moi; j’étais alors un jeune beatmaker d’à peine 20 ans en pleine découverte des disques samplés par les producteurs de l’époque. Bref, un disque « étalon » en matière de son et de jazz, loin des sophistications un peu trop lisses d’un Bob James ou des chorus un peu trop autocentrés d’un Sonny Rollins… Ce disque a tout de suite touché mon âme pour ne jamais sortir de ma tête. (Palm – 1979)

James Brown : Hell 

Impossible de partir sur une île déserte sans un James Brown. Celui là est mon préféré car c’est son disque le plus « dark ». C’est l’apogée de James à mon avis. On y retrouve tous les ingrédients de sa musique : le funk et sa manière si typique de composer en imbriquant les éléments rythmiques et mélodiques en mode Tétris. Mais ce disque contient une bonne part d’arrangements dont la dimension mélodique sort du cadre habituel, développant une approche plus complexe et introspective que dans ses opus précédents, sans parler des paroles qui s’inscrivent dans la tendance de l’époque consistant à dépeindre un monde qui s’obscurcit.  C’est un disque complexe et riche, assez représentatif des contradictions du personnage (James était un soutien affiché de Nixon) et de toutes les forces antagonistes qui parcourent la musique afro-américaine. (Polydor – 1974)

GZA : Liquid Swords

Le Hip Hop est la musique qui m’a fait naître à la musique… Il fallait donc un disque de Hip Hop. Celui-ci est pour moi le plus abouti des albums solo de la galaxie Wu Tang. On retrouve toute la force des productions de RZA avec sa science du son et du sample. Les textures sont rough, dark, deep, bref c’est incroyablement puissant. Le flow de GZA est tellement tranchant, que l’on peut dire que le titre de l’album est parfaitement approprié. C’est un disque qui m’a traumatisé à l’époque et qui continue d’être pour moi un pilier de mon univers musical, influençant ma pratique tant en tant que musicien, beatmaker, producteur ou arrangeur. (Geffen – 1995)

Live at CXVIII

Principles of Joy ont sorti le 11 avril, sur Q-Sounds Recordings, leur nouvel album, Live at CXVIII.

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