Avec Exploration, les Milanais de Calibro 35 apportent très peu de nouveauté à leur formule à base de relecture Jazz/Funk/Rock des BO seventies. Mais au moins répétition n’est pas synonyme chez eux d’émotion zéro.

Si cette critique a un titre à base de jeu de mots flemmard de Série Z, c’est parce que renouvellement est loin d’être le terme adéquat pour décrire ce nouvel album des Milanais de Calibro 35, groupe que l’on a connu plus aventureux. Mais au moins ils n’en sont pas (encore ?) au point où la répétition ressemble à une reproduction de Musée Grévin.
Comme leur nom hommage au sommet au polar transalpin seventies culte Milan Calibre 9 l’indique, le groupe pratique un alliage Jazz/Funk/Rock lorgnant vers Morricone, Bacalov, Schiffrin et les BO Blaxploitation. Pas de révolution de la formule dans Exploration. Mais durant l’album le pouvoir d’évocation des morceaux est souvent plus fort que le sentiment de surplace. D’abord parce que, dans un album composé majoritairement de reprises, les compositions originales s’insèrent dans le ton général sans ressembler à de pâles copies.
L’ouverture Reptile Strut dans laquelle le duo batterie/guitare Rock psychédélique est immédiatement suivi de funk et de plages apaisées jazzy. Pied de poule dont la guitare et la basse représentent un aller simple vers une résidence avec vue sur la mer de milliardaire de film italien des années 1960. The Twang et sa guitare digne accompagnatrice potentielle d’un duel de western spaghetti avant des cuivres funk, un virage Rock psyché (encore) et du bruitage façon scratch de 33 tours.
Du côté des reprises, celle de Discomania de Piero Umiliani n’est pas renversante d’originalité mais est écoutable. De même pour Nautilus de Bob James. D’Umiliani encore, pour la BO du Pigeon cette fois, Gassman Blues ajoute à son modèle jazzy un peu de guitare Ventures. Le rhabillage sonore entre Cerrone, pianos jazz et éléments Easy lstening de Jazz Carnival d’Azymuth fonctionne bien. Chameleon d’Herbie Hancock commence sans surprises avant d’aller sur la fin vers un mélange de psychédélisme et de Trip Hop.
Parmi les réussites, on trouve enfin la reprise du thème de Mission Impossible. Alors que c’est là où on attendait le moins quelque chose d’intéressant. Début donnant l’impression de photocopie du travail d’Adam Clayton et Larry Mullen Jr pour le premier volet de la franchise à la gloire de Tom Cruise. Avant l’arrivée d’une guitare saturée sonnant Rock de la fin des années 1960, de piano jazz et d’orgue sixties.
Reprise du thème culte de Roy Ayers pour le film Coffy la panthère de Harlem (avec Pam Grier), Coffy Is The Color est en revanche raté dans sa tentative de vocoder ressemblant à une parodie de Daft Punk. Pour Lunedì Cinema, l’original du talentueux Lucio Dalla sonnait comme du mauvais funk commercial et n’est pas sublimé ici.
L’album fonctionne d’un trait en dépit de son niveau inégal, du fait de son unité sonore. Et surtout par sa capacité à faire surgir des images de flics et d’héroïnes durs à cuire débarquant dans Harlem ainsi que de cow-boys à l’allure crade.
Ordell Robbie
Calibro 35 – Exploration
Label : Record Kicks
Date de publication : 6 juin 2025
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