Jongler entre les semaines sans enfants et les semaines avec, choisir la répartition pour les vacances et les fêtes de fin d’année, s’inquiéter du bien-être de son enfant et aimer celui de l’autre… Un récit intime, tourmenté, mais non sans humour, signé Antonia Kuhn.

Comment faire famille, quand on ne correspond pas aux normes de la famille traditionnelle ? C’est la question qui traverse la BD autobiographique d’Antonia Kuhn. Alors que le modèle de la famille nucléaire s’étiole avec l’augmentation du nombre de divorces, de nouvelles façons de faire famille s’inventent. Mais non sans questionnements existentiels : comment faire en sorte que les enfants soient impactés le moins possible par les décisions des adultes ? Comment s’assurer que son enfant ne développera pas, suite à cette séparation, des troubles dans sa vie future ? Comment composer avec un rôle de co-parent ?
C’est dans sa famille recomposée qu’Antonia Kuhn nous emmène. La difficile communication avec son ex, mais la volonté partagée de s’améliorer, parce qu’il y a le petit Milo au milieu. La vie à deux avec George, son nouveau conjoint, puis à quatre la semaine suivante : quand Milo est chez eux, Simon, le fils de George, est aussi présent. Les chamailleries entre les deux enfants, leur complicité parfois. La difficulté pour les enfants de se faire à la séparation de leurs parents, mais aussi de vivre avec ce nouvel adulte qui devient la famille sans être la famille.
Si la majorité des questions abordées sont propres aux familles recomposées, d’autres sont universelles pour les mères : la charge mentale dans l’organisation des minuscules tâches du quotidien, la peur de ne pas bien faire, de ne pas être une bonne mère.
Ce roman graphique dresse avec justesse le quotidien de parents qui cherchent à trouver le meilleur équilibre pour les enfants, mais aussi pour eux. Si elle n’évacue aucune question qui la travaille, les doutes qui l’assaillent, la poursuivent parfois, Antonia Kuhn prend aussi régulièrement du recul avec humour. Le dessin est dans cette continuité sensible : les différentes émotions des personnages, représentés sous forme de chats, se lisent sur les visages. Le trait à l’encre noire est très beau.
Une BD qui aborde des thématiques connues, mais sans fard et avec finesse. Un objet qui peut permettre de dédramatiser des situations que traversent beaucoup de familles.
Marie Mouline
Famille(s)
Scénario et dessin : Antonia Kuhn
Editeur : Cambourakis
320 pages – 26 euros
Parution : 2 avril 2025
Famille(s) — Extrait :
