« I Love Peru » de Raphaël Quenard : Ego slip

Le mockumentaire est un format à la mode, mais encore faut-il avoir quelque chose à dire. Ce n’est clairement pas le cas d’un Raphaël Quenard peu inspiré dans son I Love Peru

I Love Peru
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Le mockumentaire, ou documenteur, est un très habile tour de passe-passe. Le contexte est réel, les personnalités sans fard, et la satire suffisamment écrite pour faire mouche. Le spectateur a le sentiment d’être convié dans les coulisses, ou du moins dans une aventure insolite et originale, un « Ofni » qui « brouille les pistes », au profit d’un « portrait sans concessions » où les égo font preuve d’une « lucidité décapante ».

I Love Peru afficheRaphaël Quenard occupe l’espace médiatique depuis quelques années, et fait partie de ces personnalités si avides du regard des autres qu’elles assurent le show en permanence : devant les caméras, en promo, et dans les soirées mondaines. L’exaspération et la lassitude étaient donc inévitables, car, comme le rappelle le documentariste, dans ce milieu, on applique la règle des 3L : on lèche, on lâche, on lynche.

Quenard et son pote s’imaginent donc conjurer le sort en surfant sur la mode du documentaire en immersion popularisé par Orelsan, et déjà essoré stérilement par Jonathan Cohen dans F*ckin’ Fred. La malice consiste donc à offrir du people tout en présentant un certain envers du décor (Quenard en slip, en gros) – une méthode que maîtrisait bien mieux Zadi dans Tout simplement noir -, satisfaire l’ego de l’acteur omniprésent tout en soulignant ses défauts (pingre, narcissique, parlant pour ne rien dire)

L’une des rares séquences réellement drôles du film révèle parfaitement l’opération : Quenard ne cesse d’évoquer des rumeurs sur sa pédophilie, qu’il semble en réalité avoir lancé lui-même à force de paranoïa. Voilà l’idée : devancer par le rire, désamorcer par la surenchère, garder le contrôle par un comique qui prétend briser le cadre.

Encore faut-il être inspiré, car le récit s’enlise très rapidement dans une écriture pataude, une voix off pénible qui, en devisant sur les misères de la célébrité, enfonce des portes ouvertes surlignée par une musique tire larme. Quenard pleure et surjoue sa rupture, dans un vlog qui n’a rien à proposer que de vaines tentatives d’insolite (toute cette histoire de condor), et s’offre le luxe d’ennuyer le spectateur sur un film de 65 minutes, et qui semble en durer le double. Mais qu’importe, la mission est accomplie : le bonhomme sera probablement parvenu à ses fins : raffermir la fan base en se montrant toujours aussi prolixe, et l’élargir en exposant ses failles.

Au passage, il aura surtout satisfait son plaisir de ne jamais quitter le cadre, quand bien même il n’aurait rien à y dire.

Sergent Pepper

I Love Peru
Film français de Raphaël Quenard et Hugo David
Avec : Raphaël Quenard, Hugo David, Anaïde Rozam
Genre : mockumentaire
Durée : 69 minutes
Sortie en salles : 9 juillet 2025

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