[Disney+] « The Bear – Saison 4 » : Tous les ingrédients d’une saison marquante

La saison 4 de The Bear a reçu globalement des critiques plus nuancées que les précédentes. Tournée dans la foulée de la saison 3, elle s’avère pourtant être de la même veine irréprochable, avec des personnages d’une grande humanité qu’on aimerait avoir pour amis.

The Bear S4
Photo : FX / Disney

The Bear a une place singulière dans l’univers des séries. Exigeante, souvent dérangeante, la création de Christopher Storer n’a cessé d’être stupéfiante, avec en points culminants des épisodes comme Napkins dans la saison 3 et Fishes dans la saison 2, dont on se souviendra longtemps. La saison 4, mise en ligne par Disney + le 25 juin dernier, ne va pas calmer notre enthousiasme, tant elle se situe à la hauteur de ses devancières.

The Bear S4 afficheLe fil rouge de la saison est simple : suite à une mauvaise critique dans un journal gastronomique, le restaurant se retrouve dans une situation plus que précaire, et a 60 jours pour redresser ses comptes d’une façon ou d’une autre. Une horloge située au mur de la cuisine va égrener de compte à rebours, dans un suspense qu’on imaginerait réservé aux films d’actions. Malgré ce pitch, la place réservée aux pures scènes de cuisine est réduite par rapport aux saisons précédentes : il y a bien la confection de la coquille Saint Jacques parfaite par Syd (Ayo Edebiri, encore une fois formidable), ou la course à la rapidité de la présentation d’un plat de pâtes par Tina (Liza Colon-Zayas), mais cette saison va encore plus que les autres se concentrer sur les personnages, leurs fêlures, névroses, espoirs… Le spectateur a maintenant bien eu le temps de les découvrir, et chacun d’entre eux va au cours de ces 10 épisodes avoir l’occasion de briller, Storer pariant manifestement sur l’envie du public d’en savoir plus sur eux, au détriment d’un arc narratif plus centré sur le restaurant comme dans les saisons 1 et 2. Tout le génie de cette série est d’avoir progressivement fait naitre et grandir des personnages suffisamment forts et empathiques pour pouvoir retenir l’intention du spectateur lors de « standalones » totalement justifiés et réussis.

En dehors de Carmy (Jeremy Allen White), l’intrigue va ainsi beaucoup se focaliser sur Syd, ses relations avec son père, ses hésitations dans son choix de carrière, son coup de foudre pour la fille de sa cousine dans un moment suspendu de l’épisode 4 (Worms).

Richie (Ebon Moss-Bachrach) est sans conteste le personnage qui a pris le plus d’ampleur depuis la première saison, et son humanité à fleur de peau est la base des meilleurs moments de la série. Il est nécessaire à ce titre de mentionner cet épisode 7, Bears, qui nous a bouleversé au point de nécessiter une seconde vision dès le lendemain. Renouant avec la tradition des épisodes de plus d’une heure comme Fishes, il en est pourtant le miroir opposé. Là où le fait d’armes de la saison 2 se déroulait lors d’un diner de Noel familial pour le moins hystérique et conflictuel, Bears va unir et surtout réunir les mêmes protagonistes dans une concorde totale. Certains de ses passages dont un extraordinaire regroupement des protagonistes sous… une table… figureront au palmarès des plus grands moments télévisuels de l’année. La présence de Brie Larson pour jouer Francine Fak nous rappelle à quel point elle peut être une grande actrice, quand elle ne joue pas les super héroïnes.

La série est également à son meilleure dans le dernier épisode, Goodbye, 30 minutes où les masques tombent et les vérités sont dévoilées.

Formellement, l’influence de John Cassavetes est encore notable, notamment dans la place primordiale accordée au jeu d’acteur. Les liens d’amitiés pourraient sortir de Husbands, le jeu de Jamie Lee Curtis se rapproche de celui de Gena Rowlands jusque dans ses outrances, notamment dans l’épisode 9, et des torrents d’amour (Love Streams) explosent de l’écran lors de face à face saisissants : la scène de réconciliation entre Claire (Molly Gordon, renversante) / Carmy est à pleurer de bonheur.

Impossible en outre de ne pas parler une fois de plus de la musique. Storer est un fan de ce que certains appellent perfidement le « Dad Rock ». Pour le fan de rock, l’utilisation de certains morceaux lors des 3 premières saisons a pu être comparée avec celle du Just Like Honey de Jesus and Mary Chain par Sophia Coppola pour la scène finale de Lost in Translation, cette approche culminant avec les 10 minutes de Spiders (Kidsmoke) de WIlco pendant un plan séquence mémorable. Cette saison 4 s’inscrit dans la même veine, avec le choix de morceaux parfaits toujours placés aux moments les plus adéquats (Most of the time de Dylan, Square One de Tom Petty, Shelter de Lone Justice…), souvent joués en fond derrière les conversations.

Au terme de ces 10 épisodes qui passent comme dans un souffle, nous n’avons qu’une envie : partager ses moments les plus marquants avec tous ceux qui ont pu les ressentir comme nous, et vieillir d’un an pour découvrir la saison 5 qui pourrait être la dernière.

Laurent Fegly

The Bear – Saison 4
Série US de Christopher Storer
Avec : Jeremy Allen White, Ebon Moss-Bachrach, Ayo Edebiri…
Genre : comédie dramatique
1 saison de 10 épisodes de 30 à 60 min
Disponible sur Disney+, depuis le 25 juin 2025

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.