Chouette type, Mac DeMarco nous permet de prolonger un peu les vacances avec un nouvel album, Guitar. Pas un sommet d’originalité mais l’occasion se délecter de nouvelles compositions psychés aussi cools que détendues.
Ah, l’été ! Les vacances, son soleil, sa chaleur, son rythme alangui. Cette parenthèse enchantée toujours bienvenue mais qui ne fait que rapprocher fatalement l’infernal mais inévitable retour du quotidien et son lot d’irritants : la rentrée, les courses, les blagues de Michel le collègue insupportable etc. Pour retarder au maximum l’échéance et prolonger un peu le plaisir, on peut toujours compter sur des héros sans cap comme Mac DeMarco.
Plus de dix ans désormais que le rockeur canadien s’est imposé dans nos cœurs et nos playlists estivales à coup de titres et albums imparables, lui le maître absolu du son psyché/lo-fi endolori. Dépassant le simple cadre de la musique indé, il est devenu une référence ultime pour toute une génération d’artistes adeptes du DIY à la cool et dont les algorithmes raffolent. Même des mastodontes tels que Frank Ocean (Blonde) ou Steve Lacy se revendiquent publiquement du Mac. Une position enviable dont le sieur sait jouir sans trop se fouler.
Depuis l’excellent This Old Dog, DeMarco a poussé le curseur de la dolce vita au max (ou mini, c’est selon) et navigue sur un rythme où la sieste auditive se rapproche petit à petit du coma. Tout en plénitude, en zen attitude, il faut avouer que la recette ne manque pas d’efficacité tant elle est maîtrisée sur le bout des doigts. Et Guitar de ne pas bouger d’un iota de ce mantra.
Entièrement écrit et enregistré en novembre 2024 à son domicile de Los Angeles, ce dernier né est une œuvre personnelle et artisanale. À l’exception du mastering confié à David Ives, le canadien a tout réalisé lui-même : composition, enregistrement, mixage et même clips et pochette, le tout sur son propre label. Un contrôle total pour un rendu à son image, roots et cool. Un peu trop confortable ?
Derrière le côté cotonneux ultra agréable et l’easy listening difficilement contestable, les plus taquins ne manqueront pas de pointer du doigt une simple resucée, un sentiment de déjà vu tout aussi implacable. L’enchaînement Sweeter/Nightmare/Phantom n’est pas une montagne d’originalité par exemple et peut très vite plonger, au vu du style lancinant, dans une écoute léthargique où l’on se dit que Mac DeMarco n’a plus tellement le goût de la surprise.
En parallèle néanmoins, et fort heureusement, le garçon réussit encore à nous charmer, lorsqu’il met un soupçon d’émotion, quelque chose d’une mélancolie douce pour relancer la magie. Shining ouvre de très belle manière le disque avant que des titres comme Terror ou le single tout doux Home viennent prendre le relais et nous entraînent dans ce bercement acoustique. Le petit duo Knockin/Holy marche bien aussi avec son petit supplément basse venu casser la linéarité.
Pas loin du poncif, disons que Guitar saura contenter les fans de Mac DeMarco tout comme donner du grain à moudre à ses détracteurs. Mais pour ceux qui ont juste la bonne idée de vouloir se détendre encore un peu, de passer un bon moment, l’album a largement de quoi contenter.
Alexandre De Freitas