Sortant à peine du parc de St Cloud, rendez-vous ce mardi soir au Supersonic Records pour la découverte de deux musiciennes de talent. De quoi mettre de bonne humeur pour la suite de semaine.
Ça y est c’est la rentrée. Passées des agapes Rock en Seine qui ont été plus frugales que d’ordinaire, nous nous préparons à retrouver nos belles salles parisiennes avec comme d’habitude une programmation pléthorique de prévue sur les derniers mois de l’année.
En ce mardi, c’est au Supersonic Records que nous nous rendons, pour une reprise en douceur et en subtilité et une double affiche Melissa Weikart /Allegra Krieger plutôt alléchante sur le papier, même si en cette semaine de retours progressifs de vacances, peu de monde a fait le déplacement puisque nous sommes à peine une petite cinquantaine.
A 20h, Melissa Weikart prend possession de la petite scène avec pour tout instrument un clavier. C’est à un exercice piano/voix que nous allons assister. Cette jeune artiste franco-américaine habitant en France depuis 5 ans a déjà fait une première partie dans une grande salle en début d’année (le Trianon) et a gagné un prix au Concours National de Jazz de la Défense en 2023. Bonne copine, elle va commencer par faire le teasing du set d’Allegra Krieger. Melissa sera très à l’aise tout au long de son set de 40 minutes, donnant du contexte aux morceaux. Actuellement cloitrée à travailler sur son album, elle explique avoir attendu impatiemment de rencontrer du monde et de jouer pour un public, et cela se ressent. On pourrait facilement tenter les comparaisons faciles avec Norah Jones, mais Melissa Weikart évolue dans un domaine différent, qui tente de renouveler le jazz. Elle utilise une pédale, et ses chansons peuvent avoir des plages instrumentales conséquentes au cours desquelles on ressent une influence du piano classique plus que des tonalités jazz. Sa voix est en outre très agréable. Elle interprète à la fois des titres de son EP Easy, un extrait en avant-première de son album, ou une chanson d’amour à son ancien vélo (Bicycle). Melissa chante généralement en Anglais mais nous offre un titre en français (Mesurer le Vent) pour lequel elle s’avouera stressée (A tort, c’était très bien). L’ensemble est très agréable et rafraichissant. Nous pouvons lui souhaiter un joli succès pour son album.
Net changement d’ambiance avec Allegra Krieger. Même si cette dernière remercie Melissa Weikart de lui laisser un piano qu’elle va utiliser sur 2 titres, c’est bien avec sa guitare électrique qu’elle va interpréter la majorité de son set. Ses remarquables 2 derniers disques, Art of the Unseen Infinity Machine en 2024 et I Keep My Feet on the Fragile Plane en 2023 la placent naturellement dans un univers d’indie pop rock guère éloigné de celui de Soccer Mommy. Difficile de comparer en live car Sophie Allison a un statut plus reconnu et a pu nous délivrer récemment un concert avec son groupe au grand complet. Sur certains morceaux intimistes ce soir, c’est aussi un peu à Elliott Smith que nous pensons.
Un rapide tour d’horizon de sa carrière nous apprend qu’ancienne croyante, elle s’est progressivement dégagée de sa foi et que son travail d’introspection et de confession passe dorénavant par la musique. Naturellement nous allons retrouver beaucoup de textes écrits à la première personne comme par exemple dans A Place for it to Find, interprétée tôt dans le concert : I do not know what pulls me or In which way I am pulled/My bed is wet with sweat/And the tile floor is cold/A river seeps under my door/And fills up my bedroom (Je ne sais pas ce qui me pousse, ni dans quelle direction Je suis tirée/Mon lit est trempé de sueur/Et le carrelage est froid/Une rivière s’infiltre sous ma porte/Et inonde ma chambre). Musicalement nous avons un peu moins apprécié les morceaux au piano, notamment par comparaison avec le set précédent, mais surtout parce que nous avons beaucoup apprécié le son de sa guitare. Certains titres sont remarquables, avec en tête Lingering qui clôturait en beauté son disque de 2023 et dont l’interprétation de ce soir était très réussie. Into Eternity est jouée fidèlement à la version du dernier album qui état également dépouillée, Allegra Krieger y décrit New York comme étant son endroit préféré dans le monde, tout en y reconnaissant la présence de gens dormant par terre et d’autres riant à coté sans leur prêter attention. New Credit Card, No Confident ne semble pas avoir été enregistrée pour l’instant. Cette chanson de rupture est poignante et devrait logiquement l’être pour le prochain disque. Ce court concert d’une heure prend fin avec The Circumstance, souvent le dernier titre de ses setlists. Nous pensons alors à une autre New Yorkaise, Suzanne Vega, ce titre nous rappelant beaucoup les ambiances de son premier album de 1985.
Ce concert a donc confirmé la bonne impression que nous avions après l’écoute de ses disques récents.
Laurent Fegly
Melissa Weikart :
Allegra Krieger :