Johnny Irion – Sleeping Soldiers of Love : un secret bien gardé

Le quatrième album de Johnny Irion vient de sortir en France. Pas de doute, ce type mérite une reconnaissance à la hauteur d’un songwriting qui le rapproche d’un Dylan Leblanc. Les fans du genre n’ont pas à hésiter, ces 10 titres sont faits pour eux !

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© Brian Barnicle

On me faisait remarquer récemment que de plus en plus de groupes à succès pouvaient se réclamer de près ou de loin de l’Americana. Certains la déstructurent en y rajoutant des touches grunge, comme les fabuleux Wednesday, ou des passages pop/psychédéliques comme Big Thief, dans la lignée de ce qu’a pu faire Wilco au début du siècle. D’autres restent dans une tradition dont les figures tutélaires sont The Band ou Neil Young. C’est le cas de Johnny Irion, dont le 4e album atteint enfin la France plus d’un an après sa sortie américaine. Cette sortie est d’autant plus adéquate qu’Irion va partager avec The Delines la scène du Supersonic Records le 30 septembre prochain, pour un concert qui s’annonce comme l’évènement Americana de l’automne à Paris.

Johnny Irion - Sleeping Soldiers of loveIrion a 56 ans et un sacré pédigrée personnel : il a épousé la petite fille de Woody Guthrie, Sarah Lee, et a formé avec elle un duo artistique pendant 15 ans, lui-même ayant John Steinbeck comme grand-oncle. Au niveau musical, il a également quelques potes qui font leur petit effet et qui l’accompagnent sur ce disque : Jeff Bridges (Oui, Le Dude en personne !), Pat Sansone de Wilco, le batteur des Dawes Chatham Rabbits, mais aussi Mike Mills, ex bassiste de R.E.M. Sansone est la tête pensante derrière les orchestrations, a arrangé plusieurs titres et mixé l’album. Evidemment, la qualité est au rendez-vous tout au long du disque, de la mélodie initiale de I Will, I Do, I Can, qui bénéficie de la présence de Mills, au somptueux dixième titre instrumental Mountain Reprise.

La thématique entière du disque repose sur la nature et sa nécessaire survie, et fait suite à la lecture d’un livre de Jay Leutze (Stand Up That Mountain : The Battle To Save One Small Community in the Wilderness Along The Appalachian Trail) qui a marqué Irion au point de devenir l’inspiration du disque. Les morceaux étaient en départ prévus pour être la bande son d’un film dans la lignée de Jeremiah Johnson ou Into The Wild. Le Covid a eu raison du projet, mais il nous reste heureusement ce disque. Si le premier morceau est classiquement country, le morceau titre puise sa musicalité chez Neal Casal, dont il reprend le chant lumineux et une qualité de composition au niveau des sommets de Fade Away Diamond Time (que ceux qui ne connaissent pas encore se jettent sur cette splendeur !).

L’harmonica de I Am This Mountain ainsi que ses paroles à la gloire de Mother Earth (« I am the meadows the rivers and the streams” – Je suis les champs, les rivières et les cours d’eau) vont naturellement plaire à tous les fans du Neil Young acoustique. Back Hoe Daddy se situe quant à lui sur le versant électrique du Loner, avec des guitares  Crazy Horse. C’est le seul morceau où l’on sent Irion réellement se lâcher, le résultat devrait être sympa en live. Le coté pastoral est également présent dans Vinces Prayer, qui bénéficie d’un bel arrangement de Sansome pendant qu’Irion se promène au bord de la rivière.

Shoulder to Shoulder, notre petite préférée avec Mills dans les chœurs nous rappelle que l’heure est grave :  “Oh, the chances may never come again / To treat our planet like a friend/Just like you and me, it only has one life/and one sunrise that’s waiting at the end of every night “(Oh, les occasions ne reviendront peut-être jamais / De traiter notre planète comme une amie / Tout comme toi et moi, elle n’a qu’une seule vie / Et un seul lever de soleil qui attend à la fin de chaque nuit). Le violon domine un Flowers in The Sun aux couleurs californiennes. We Stood Up For It et son ambiance de fête devait, quant à elle, probablement être prévue pour les scènes finales du film. Une très belle découverte et un album qui sera très agréable sur scène.

Vous l’avez compris, il faudra venir à l’heure au Supersonic Records !

Laurent Fegly

Johnny Irion – Sleeping Soldiers of love
Label : Blackwing Music
Sortie : 12 septembre 2025

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