« L’Étendard sanglant est levé », de Benjamin Dierstein : 900 pages sous haute tension

Deuxième volet de la trilogie de Benjamin Dierstein, L’Étendard sanglant est levé nous replonge au début des années 80, au moment où les attentats minent le début du septennat de Mitterrand. Un polar haletant et documenté, où se mêlent histoire, politique et fresque romanesque.

Benjamin Dierstein 2025
© Jean-Philippe Baltel / Flammarion

On était sorti, repus et follement emballés du premier tome de la trilogie annoncée par Benjamin Dierstein, intitulé Bleu-Blanc-Rouge, qui nous replongeait avec jubilation dans la France des années 70, au temps de Giscard, Roger Gicquel et Jacques Mesrine.

letendard-sanglantPour ce second volet, l’auteur propose un roman encore plus dense : pas moins de 900 pages pour nous raconter le début des années 80, l’arrivée de la gauche au pouvoir et le premier septennat de François Mitterrand, à travers différents personnages découverts dans le premier tome. Parmi eux, Marco Paolini et Jacquie Liénard, deux jeunes flics au caractère très différent, mais aussi Jean-Louis Gouvrevenec, dit Gourv, infiltré au sein de ce qui va devenir Action directe. Sans oublier Robert Vauthier, propriétaire d’une célèbre boîte de nuit parisienne (le Tchibanga, où se presse tout le gratin people de l’époque), et ancien mercenaire devenu homme de l’ombre travaillant en sous-main pour des politiques en Europe et en Afrique. Autour d’eux gravitent une multitude de personnages qu’il serait impossible de détailler tant ils sont nombreux, mais tous s’inscrivent dans une époque chaotique, où le SAC (Service d’Action Civique) vit ses dernières heures après le fiasco de l’affaire Boulin, et où la France est frappée par des attentats terroristes venus notamment Moyen-Orient.

Avec son sens du détail et sa précision historique, Benjamin Dierstein raconte une nouvelle fois avec brio les relations tendues entre les différents services de police (BRI, RG…) qui travaillent chacun de leur côté, se court-circuitent, quitte à faire échouer les opérations en cours. Comme dans le premier tome, il articule avec maestria la petite et la grande histoire, dans une fresque où les personnages gagnent encore en épaisseur, tout comme le récit, redoutablement efficace pour montrer les liens complexes entre les hautes sphères de l’État et ceux qui agissent dans l’ombre – pour le gouvernement, mais aussi pour des intérêts secrets ou criminels. À ce titre, l’utilisation des retranscriptions d’écoutes téléphoniques est une excellente idée, tout comme les revues de presse de l’époque.

Une fois encore, on est épaté par le travail de recherche et la masse de documents digérés pour nourrir cette histoire foisonnante, servie par une écriture toujours aussi sèche et précise, qui va à l’essentiel.
C’est toute une époque que l’auteur fait revivre, glissant dans son récit des figures connues comme Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, mais aussi Gainsbourg et Birkin, ainsi que des politiques comme François de Grossouvre, qui occupe une place centrale dans ce deuxième volet.

Un second tome qui tient toutes les promesses entrevues dans le premier. Un roman où le rythme ne faiblit jamais, où la tension est permanente. Bref, du polar de haute volée !

L’Étendard sanglant est levé
Roman de Benjamin Dierstein
Editeur : Flammarion
914 pages – 24,50€
Date de parution :24 septembre 2025

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