Après la haute finance luxembourgeoise, les bandits corses, les collectionneurs d’art contemporain et les paysans bretons, Jack Palmer, ressuscité par Manu Larcenet, s’attaque à la haute et précieuse bourgeoise viticole girondine.

René Pétillon est mort en 2018, laissant ses amis et ceux de l’inspecteur Palmer désemparés. Huit ans plus tard, Manu Larcenet achève son ultime scénario, découvert par ses héritiers au fond d’un tiroir, qui plonge son héros dans les magouilles bordelaises.
Bénédicte, l’héritière du château Grolo-Laglotte, un domaine situé au bord, mais hélas du mauvais côté, du prestigieux Médoc, a disparu. Elle refuse d’épouser Jack, le fils d’un (très) riche viticulteur californien. Or, les finances de Grolo-Laglotte sont dans le rouge. Il faut retrouver Bénédicte et la ramener à la raison ! Un détective, recommandé par Ange Leoni, le héros de L’Enquête corse que l’on découvre producteur du Rossignolo, un vin corse, et cousin lointain de la mère de Bénédicte, vous me suivez ? Donc, notre ami Jack Palmer est chargé d’une enquête, que les parents espèrent discrète. Or, nous savons tous que Palmer, un lointain émule du lieutenant Columbo, est tout sauf discret. Mieux, ses maladresses et ses réparties caustiques sont proverbiales.
Conformément à ses habitudes, Palmer goûte, fouine, fouille et met un nez, passablement aviné, sans le vouloir, dans un trafic de faux Bordeaux. Le vignoble s’étrangle, l’omerta bordelaise vaut bien la Corse. Palmer est honnête et insiste. Palmer dérange, inquiète, accidente et se démène. Le portait du petit monde des grands crus, qui se jalousent ou se méprisent, selon leur rang dans le fameux classement de 1855, est cruel, mais savoureux.
Si le vin des Grolo-Laglotte est décevant, les dialogues de Pétillon font mouche. Le dessin de Larcenet se fait plus léger que dans La Route ou Le Rapport de Brodeck. Il conserve l’esprit du Palmer ancien, en l’adaptant à son style, plus rond et plus réaliste. Le travail sur les couleurs est plus audacieux et ses ambiances nocturnes particulièrement réussies.
L’histoire ravira les amateurs des plus ou moins grands crus et les nombreux amis du détective au chapeau mou. La chute est drôle et la dernière tirade signée Larcenet. Adieu l’ami Palmer !
Merci Pétillon.
Stéphane de Boysson
Palmer dans le Rouge
Scénario : René Pétillon
Dessin : Manu Larcenet
68 pages – 17,50 €
Éditeur : Dargaud
Parution : 5 septembre 2025
Palmer dans le Rouge — Extrait :
