David Gilmour – The Luck and Strange Concerts : Une apothéose !

La dernière tournée du guitariste de Pink Floyd donne lieu à un double album et un film superbes. Loin de se contenter d’énièmes versions des classiques de Pink Floyd, Gilmour y pioche dans toute sa discographie pour un résultat souvent bouleversant et d’une musicalité constante. De quoi regretter encore plus l’absence de dates françaises.

The Luck and Strange concerts Image
Photo : Sony Music

La place prise par Pink Floyd dans la mythologie rock semble ne faire que croitre. Pour s’en persuader, il suffit de constater que cette musique est souvent écoutée par une nouvelle génération qui aura plus de mal avec les Stones ou Deep Purple. Les titres les plus emblématiques sont encore régulièrement utilisés au cinéma, avec encore très récemment Wish You Were Here à la fin de Chien 51 par le lourdaud Cédric Jimenez. Séquence émotion ? Convoquons le Floyd et la guitare aérienne de David Gilmour. Et oui, ça marche encore bien sûr !

The Luck and Strange concertsNous avons parlé il y a peu du dernier album de Robert Plant et précisé tout le bien que nous pensions de cette fin de carrière passionnante. Parmi toutes les icones du Rock, et précisément celles qui ont eu leur heure de gloire avant 1975, seul David Gilmour inspire ces jours-ci un respect similaire, continuant à gratifier ses fans à la fois des titres attendus du Floyd mais également et surtout de ceux de ses derniers albums solos, délivrés en gros tous les 10 ans. Après On a Island en 2006 et Rattle That Lock en 2015, Gilmour, 78 ans tout de même, a sorti l’année dernière l’album que nous n’attendions plus, un Luck and Strange de bonne facture, et qui lui a valu pour la première fois la première place du Billboard. Ce disque créé en famille (Polly Sanson en est la grande inspiratrice) et empreint de sérénité a été suivi par un retour sur scène pour une petite tournée d’une vingtaine de dates, dont 6 à Rome, le même nombre au Royal Albert Hall, et pour finir 5 dates au Madison Square Garden. Fidèle à ses habitudes, Gilmour documente ses tournées par des copieux témoignages sonores et visuels. Comme à l’époque du Floyd avec Pulse et Delicate Sound of Thunder, la tournée On a Island avait été immortalisée par le fantastique Live in Gdansk (incroyable version d’Echoes !) et celle de Rattle That Lock par un Live at Pompei. C’est donc tout naturellement que sort ces jours ci The Luck and Strange Concerts. La version Double CD a été enregistrée au cours des différentes dates alors que le DVD reprend un des concerts romains au Cirque Maximus. Nous parlons ici de l’album, mais le film est un indispensable également. Dommage que les deux soient vendus séparément, même s’il est possible de se procurer le luxueux coffret Deluxe – orgiaque -, à plusieurs centaines d’Euros, comprenant 4 vinyles, 2 Cd, 2 Blu Ray, 3 Dvd et un livre de 120 pages !

Le fidèle Guy Pratt est naturellement présent à la basse, rien tel que de remplacer Waters par un ami. Greg Phillinganes a quant à lui la lourde tâche de remplacer Rick Wright aux claviers, depuis la mort de ce dernier peu après la tournée On an Island. Le groupe dans sa globalité est bien entendu excellent, notamment le deuxième guitariste Ben Worsley et le batteur Adam Betts.

Ce qui frappe instantanément, c’est la setlist. Exit les Money, One of These Days, et surtout Shine on You Crazy Diamond qui semblait être un incontournable impossible à mettre de côté. Le nombre de titres du Floyd canal historique est à la portion congrue, avec trois rescapés de Dark Side of the Moon (Breathe/Time et une surprenante version déconstruite de The Great Gig In The Sky avec la participation de sa fille Romane et des deux sœurs Charley et Hattie Webb), Wish You Were Here et bien entendu, rassurons tout le monde, Comfortably Numb pour finir. Fat Old Sun est le titre le plus ancien datant de 1970 et d’Atom Heart Mother. La version de ce classique est remarquable, Gilmour la démarrant à la guitare acoustique avant que la partie électrique ne donne la chair de poule. Les deux claviers Phillinganes et Gentry contribuent grandement à cette réussite.

Une écoute récente de The Division Bell nous a fait grandement revaloriser ce dernier véritable disque du Floyd. Il est bien représenté avec pas moins de 4 titres, dont le magnifique instrumental Marooned, mais surtout une version totalement monstrueuse de A Greet Day For Freedom. L’enchainement de ce titre avec les 8 minutes de In Any Tongue forme de façon inattendue l’un des passages les plus forts du concert, avec les 10 minutes spatiales de toute beauté de Sorrow.

Quant au dernier album, c’est simple, il est interprété en totalité. Les interprétations étant fidèles aux originales, les titres les plus marquants du disque sonnent automatiquement bien en live. Ils arrivent sans problème à s’insérer parmi les morceaux, plus anciens avec une mention spéciale pour A Piper’s Call, Black Cat et le plus enlevé Dark and Velvet NIghts. Plus tôt dans le concert, le duo fille/père sur Between Two Points aura constitué l’un des moments d’émotion. Romany a une très belle voix et l’arrivée de la guitare paternelle est un grand moment. Et puis il y a… Scattered… De par sa structure familière et son solo époustouflant, les fans éperdus du Floyd avaient naturellement coché ce titre comme leur préféré, et celui qui a priori devrait être énorme en concert. L’interprétation en live est à la hauteur des attentes, Gilmour se permettant de l’enchainer avec Comfortably Numb, l’un des titres de Pink Floyd que l’on n’entendra jamais trop, si fort qu’il fait souvent la clôture des soirées de Gilmour, mais aussi de Waters.

Luck and Strange avait épaté par sa qualité, le live prouve que David Gilmour n’a rien perdu de sa virtuosité, enchainant ses bends légendaires à la tête d’un excellent groupe.  Il ne nous reste plus qu’à espérer que cette tournée n’était pas la dernière. Pink Floyd a son lot de Tribute bands qui tentent de satisfaire le besoin des fans, mais aucun de leurs guitaristes n’est à la hauteur du maître, et surtout aucun n’insère dans sa setlist des titres des membres en solo. Entendre le solo de Scattered résonner dans une salle parisienne dans un futur forcément proche serait la garantie d’une bonne soirée.

Laurent Fegly

David Gilmour – The Luck ad Strange Concerts
Label : Sony Music
Date de sortie : 17 octobre 2025

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