« Les Revenants de l’inspecteur Sadorski », de Romain Slocombe : un collabo tourmenté

Dans ce huitième volet des « sales » aventures de Léon Sadorski, Romain Slocombe entraîne le lecteur dans les bas-fonds de l’après-guerre, où il sera question de spoliation d’œuvres d’art juives. Un roman aussi sombre que fascinant.

SLOCOMBE Romain
© John Foley / Opale

Mai 1945. Tandis que Paris fête sa libération, les déportés, avec leurs vêtements rayés et leur maigreur, rentrent des camps en bien mauvaise posture. Quant aux collabos, ils évitent de se faire repérer. C’est le cas de Léon Sadorski, inspecteur révoqué de la Police, qui se cache désormais sous une fausse identité en compagnie de sa femme, Yvette. Mais sa haine des Juifs et du genre humain en général reste intacte. Désormais sans argent, mais animé d’un instinct de survie tenace, il va devoir raser les murs pour échapper à ceux qui voudraient lui faire la peau.

Les Revenants de linspecteur SadorskiL’intrigue de ce nouveau volet des « aventures » du détestable Sadorski tourne autour d’un sujet important de la Seconde Guerre mondiale : la spoliation d’œuvres d’art aux Juifs déportés. Ironie du sort, Sadorski va se retrouver à travailler pour un galeriste juif polonais, avec pour mission de retrouver des tableaux volés durant l’Occupation. Collabo, délateur et tortionnaire, celui qui se fait désormais appeler Réquillard va infiltrer le monde des collectionneurs et des trafiquants d’art, usant de sa force de dissuasion pour tenter de mettre la main sur des tableaux de grande valeur.

Avec ce huitième volet, Romain Slocombe poursuit le travail entamé en 2016 avec L’Affaire Léon Sadorski, nous proposant une nouvelle plongée dans cet univers à la fois glauque et fascinant que sont ces moments sombres de notre Histoire, liés à l’Occupation. Dans un récit qui, comme toujours, s’appuie sur de nombreux documents historiques, l’auteur nous entraîne au cœur du mal, avec une écriture sèche et sans affect, allant à l’essentiel pour raconter la lâcheté et la perfidie des hommes, incarnées par le diabolique Sadorski, mais aussi par tous ces trafiquants qui ont profité du malheur des Juifs pour se compromettre et qui vont devoir rendre des comptes.

Au cœur de cette noirceur émergent tout de même quelques figures positives : des hommes et des femmes qui viendront, pour certains, hanter l’âme sombre de Sadorski… Un être tourmenté qui, roman après roman, continue de fasciner par sa médiocrité, incarnant le mal dans toute sa banalité.
Un genre de personnage d’autant plus fascinant qu’il se fait rare dans la littérature, qui préfère souvent mettre en avant des figures nettement plus nuancées.

En tout cas, précipitez-vous sur Les Revenants de l’inspecteur Sadorski, un roman sombre, dense, d’une rigueur historique impressionnante, qui donnera sans doute envie à tous ceux qui n’ont pas lu les précédents volets de la série de s’y plonger.

Benoit RICHARD

Les Revenants de l’inspecteur Sadorski
Romain de Romain Slocombe
Editeur : Robert Laffont
‎512 pages – 21,90€
Date de parution : 4 septembre 2025

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