[Interview] The Boo Radleys (1ère partie) : « rendre justice aux chansons… »

Leur récent et brillant concert à la Maroquinerie a remis The Boo Radleys dans nos mémoires : un groupe qui a réalisé (au moins) deux immenses albums quand il était au faîte de la gloire (indie), et qui nous revient – sans l’un de ses membres originels importants, certes – avec une générosité et un enthousiasme désarmants. Il nous fallait absolument comprendre d’où venait une telle énergie positive. Voici ce que Tim Brown et Simon « Sice » Rowbottom nous ont répondu (en deux parties !).

The Boo Radleys
© The Boo Radleys

Benzine : Vous venez de terminer votre dernière tournée : qu’en retirez-vous principalement ?

Sice : C’était absolument incroyable. La réaction du public a été formidable. C’est toujours une surprise pour nous de voir à quel point notre musique compte pour les gens, et de constater que trente ans après l’avoir créée, nous la jouons encore devant des publics enthousiastes qui nous montrent tant d’amour.

Tim : C’est vraiment agréable d’être encore apprécié après toutes ces années. On se dit que plus personne ne s’en soucie, mais on soupçonne que peut-être si. Et c’est agréable d’en avoir la confirmation quand le public aime ce qu’on fait sur scène. C’est vraiment grisant de jouer devant une foule qui chante, danse et crie sa joie.

Benzine : Est-ce que la tournée a changé votre vision actuelle du groupe ?

Sice : La tournée n’a pas changé notre vision du groupe. Nous n’avons joué que des vieux morceaux sur cette tournée. Et c’est parce que nous savons que c’est ce que les gens veulent entendre de nous en ce moment. Nous continuons à évoluer et à écrire de nouvelles chansons, mais nous sommes bien conscients que c’est une facette différente de ce que nous sommes, par rapport à quand nous jouons sur scène. Jouer en concert, c’est particulier, surtout parce que nous n’avions pas joué en France depuis trente ans. Les gens veulent entendre les morceaux qu’ils connaissent et qu’ils aiment depuis longtemps, et nous n’allons pas faire les difficiles et ne jouer que des nouveautés. Nous leur donnons ce qu’ils veulent.

Tim : C’est la première fois que nous revenons en France, nous ne savons pas combien de nos nouveaux disques se sont vendus ici, donc il est plus sûr de jouer les morceaux éprouvés que nous avons remis au répertoire ces trois dernières années. Mais même là, on a toujours des surprises dans les réactions du public selon les chansons – par exemple jouer Wake Up Boo! a été un vrai succès en France, alors que nous avions toujours eu l’impression que ce pays n’aimait plus notre musique à la sortie de Wake Up!. Nous avons maintenant joué plus de quarante anciens morceaux, donc nous avons fait varier les setlists tout au long de ces trois années.

The Boo Radleys liveBenzine : Comment décririez-vous l’alchimie entre vous sur scène aujourd’hui ?

Sice :  Très, très différente des débuts ! Nous sommes beaucoup plus détendus, beaucoup plus présents dans l’instant. Nous n’avons plus les mêmes problèmes de son qu’avant. Et nous ne nous soucions plus du tout d’être “cool”, ce qui était une grande préoccupation pour certains membres du groupe à l’époque. Aujourd’hui, on le fait juste parce qu’on aime ça, parce qu’on adore jouer de la musique. C’est donc très différent, et bien meilleur grâce à cela.

Tim :  Je ne ressens plus du tout les pressions que je ressentais autrefois en concert. C’étaient des pressions qu’on se mettait nous-mêmes pour les grandes occasions, comme Reading ou Glastonbury. Je sais que Rob et moi étions malades d’inquiétude, ne sachant pas à quoi nous attendre ni si nous allions bien jouer. Je suis sûr que c’était difficile pour Sice aussi, puisqu’il devait faire le travail le plus important : chanter en direct sans soundcheck. Quant à moi, je ne me suis jamais soucié d’être “cool”. J’ai toujours supposé que tout le monde pensait que nous ne l’étions pas. Et sans toutes ces pressions, j’ai l’impression qu’un poids s’est levé, et je prends aujourd’hui plus de plaisir à jouer que jamais.

Benzine : Pouvez-vous nous parler un peu du processus créatif derrière vos morceaux récents ?

Sice : Le processus créatif est assez varié. Il n’y a pas de méthode fixe. Tim et moi commençons généralement par les chansons, même si Rob a contribué des paroles sur ce nouvel album. J’ai travaillé une chanson à partir de paroles de Rob, ce que nous n’avions jamais fait avant. Ça change, vraiment. Certaines chansons sont plus abouties quand je les passe à Tim et Rob, d’autres sont plus brutes. Les chansons de Tim, elles, ont tendance à être un peu plus complètes quand on commence à travailler dessus, mais ce n’est pas toujours le cas. Il n’y a pas de manière unique de procéder.

Tim : Pour moi, le processus créatif n’est pas si différent quand je travaille sur les chansons de Sice de ce qu’il était quand je travaillais avec Martin. J’écoute, je joue ce que j’ai envie sur la basse, la guitare et les claviers, et j’espère que ça plaira à Sice. Et il me le dit si ce n’est pas le cas ! Il me fait aussi des retours très positifs. Martin, lui, ne faisait presque jamais de commentaires. C’est donc un grand changement. Et j’adore travailler sur les chansons des autres, bien plus que sur les miennes ! Les miennes me paraissent toujours tortueuses, difficiles, inconfortables à travailler. Vers la fin, avec Martin, je me sentais plus libre d’ajouter différentes parties aux chansons. Mais le processus reste le même : quand je travaille sur les morceaux des autres, je cherche juste à leur rendre justice.

Benzine : Cette nouvelle configuration, sans Martin Carr, vous a-t-elle donné plus de liberté – ou au contraire de nouveaux défis – dans la définition du son du groupe ?

Sice : Cette nouvelle formation nous a donné beaucoup plus de liberté : le groupe crée ensemble maintenant. Avant, nous étions plutôt des musiciens à qui l’on disait comment faire les choses. Aujourd’hui, nous sommes bien plus démocratiques – nous nous écoutons, nous respectons davantage les idées, les sentiments et les opinions des uns et des autres. C’est bien mieux ainsi.

Tim : Oui ! Quand nous travaillions avec Martin, la personne qui écrivait la chanson avait (et doit toujours avoir…) le dernier mot. Une chanson est quelque chose de personnel, et la vision de l’auteur est essentielle. Mais aujourd’hui, nous sommes plus ouverts, nous discutons davantage de ce qui peut être amélioré, et nous sommes plus enclins à essayer différentes choses. J’ajoute ce que j’entends dans ma tête, et j’espère que cela rend justice à la chanson, quel qu’en soit l’auteur. Le défi, bien sûr, c’est de continuer à trouver de nouvelles chansons. Mais pour le son, cela reste toujours : “ce qui sert le mieux la chanson en question”.

(A suivre)

 

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