Suite et fin de notre discussion avec Tim Brown et Simon « Sice » Rowbottom, des Boo Radleys, où l’on parle d’avenir, puisqu’il ne devrait certainement pas être décevant avec The Boo Radleys !

Benzine : Vos albums récents montrent que vous n’avez pas peur d’aller de l’avant plutôt que de vous reposer sur la nostalgie. Comment trouvez-vous l’équilibre entre l’hommage à votre héritage et la nouveauté ?
Sice : Je ne sais pas trop ce que « nostalgie » veut dire, ni ce que vous entendez par « notre héritage ». Ces choses ne s’appliquent pas vraiment à notre façon de voir les choses. La musique que nous avons faite il y a trente ans sonne encore aussi fraîche qu’à sa création. Des gens viennent à nos concerts et entendent nos morceaux pour la première fois, et pour eux, ça sonne comme si c’était nouveau. Je ne réfléchis donc pas en termes « d’héritage » ou de « nostalgie ».
Tim : Notre héritage, nos vieilles chansons, ce sont juste nos chansons, notre musique. Je n’entends pas tant de différence entre ce que nous faisions il y a vingt-cinq ans et ce que nous faisons aujourd’hui. Les sons de guitare ont changé, les batteries, les claviers aussi, mais tout cela reste de la musique des Boo Radleys. J’entends juste « les Boo Radleys », pas « les Boo Radleys avec ou sans Martin Carr ». Et comme les goûts changent, certains anciens morceaux me paraissent datés, d’autres contemporains. Je crois que nous continuons à honorer notre passé tout en cherchant constamment à avancer. Je ne suis donc pas nostalgique, mais je vois notre passé comme une grande œuvre toujours vivante et en progression.
Benzine : Pensez-vous que les publics d’aujourd’hui — peut-être les plus jeunes qui vous découvrent — perçoivent The Boo Radleys différemment de ceux des années 90 ?
Sice : C’est une question très difficile pour moi. Je n’ai absolument aucune idée de la façon dont on nous perçoit. La perception du public, c’est très différent de la nôtre, et nous n’avons aucun contrôle là-dessus. Je ne sais vraiment pas comment répondre – la réponse la plus honnête est sans doute : je n’en sais rien !
Tim : C’est une question intéressante, mais à laquelle il est difficile de répondre. Les jeunes que je connais le mieux, ce sont mes enfants. Ils aiment certaines de nos chansons plus que d’autres, sans que je comprenne vraiment pourquoi. Ils ont grandi avec la musique que j’aime, mais ils ont aussi trouvé la leur, et c’est très bien comme ça. Ils ont globalement bon goût, et tous deux adorent Lazarus. Les autres jeunes que je connais, ce sont mes élèves. Ils sont impressionnés par la notoriété, par le fait qu’on ait joué à Glastonbury, et certains me parlent des morceaux qu’ils aiment – un de mes élèves de 18 ans adore par exemple What’s in the Box. Mais je reste leur prof, ils sont mes élèves, et ils ne me perçoivent pas vraiment comme un musicien.
Benzine : En repensant aux débuts chez Creation Records, qu’est-ce qui, selon vous, définit encore l’identité des Boo Radleys après toutes ces années ?
Sice : L’identité qu’on nous a attribuée au fil du temps n’a jamais vraiment eu grand-chose à voir avec nous. Je pense que nous avons toujours été simplement nous-mêmes. Nous n’avons jamais vraiment cherché à afficher une identité. Les gens ont essayé de nous classer comme groupe psychédélique, grunge, scène de Liverpool, shoegaze, britpop, etc. — mais nous étions juste nous. Un mélange bizarre de personnalités et d’influences, et nous faisions juste ce que nous faisions. Cela nous a probablement rendu plus difficiles à “vendre”, mais c’est une chose dont nous avons toujours été contents.
Tim : Pendant toutes ces années avec les Boo Radleys, il n’y a eu qu’un moment où j’ai eu le sentiment qu’on était vraiment sur la même longueur d’onde — même si ce fut bref : c’est quand on faisait du rock bruyant à guitares. Il n’y avait alors qu’une ou deux influences, dont Dinosaur Jr. Mais ensuite, chacun a apporté ses propres influences, et avec le temps et les moyens, nous avons ajouté des claviers, et tout ce qui traînait dans les studios chers où nous enregistrions. Nous n’avons jamais eu de conversation sur « comment nous devrions sonner », car notre son a toujours évolué. Et c’est sans doute ça, notre vraie identité : une identité d’expérimentation. Et c’est toujours le cas. Nous avançons encore à tâtons, sans direction claire.
Benzine : Que pouvez-vous nous dire sur la suite ? Travaillez-vous déjà sur de nouvelles chansons ou prévoyez-vous d’enregistrer bientôt ?
Sice : Nous travaillons sur un nouvel album qui sortira en mai 2026. L’année prochaine sera bien chargée pour nous : nous allons sortir de nouveaux morceaux et beaucoup tourner. Nous ferons une tournée française en février, et peut-être en octobre aussi. Nous avons vraiment hâte d’avoir une année 2026 très active.
Tim : Le nouvel album est presque terminé et, comme à chaque fois, nous pensons que c’est le meilleur que nous ayons jamais fait. Nous adorons jouer sur scène, et nous comptons donner autant de concerts que le temps et les moyens le permettront.
Benzine : Avec tout cela, comment voyez-vous l’avenir de The Boo Radleys ?
Sice : Nous ne nous voyons pas les choses de cette manière. Je ne pense pas en “chapitres”. Nous faisons simplement ce que nous avons envie de faire. Si nous faisons des concerts, c’est pour en profiter. Si nous faisons un disque, c’est pareil. Je ne regarde pas en arrière, je ne pense pas en ces termes-là, donc c’est difficile à conceptualiser pour moi !
Tim : Je pense que nous continuerons à avancer, à faire ce qui nous plaît, jusqu’à ce que ça ne nous plaise plus. Alors nous ferons une pause de vingt ans, histoire de nous reposer, puis on recommencera. Il y a plein de septuagénaires qui font encore des disques !
Propos recueillis par Eric Debarnot le 6 novembre 2025
The Boo Radleys publieront un nouveau single, Living is Easy, le 26 février 2026, avant un nouvel album en Mai 2026. Une tournée est également prévue en février 2026, principalement dirigée vers la France :

