« Kika » d’Alexe Poukine : L’histoire d’une femme dominatrice et assistante sociale

Pour son premier long-métrage de fiction, Alexe Poukine dresse le portrait sans fard d’une jeune femme poussée dans la précarité et amenée à découvrir, presque par nécessité, le monde du BDSM. Un film aussi singulier que réussi.

Kika : Photo Manon Clavel
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Kika, c’est l’histoire d’une jeune femme dont la vie prend un tournant inattendu. Après un coup de foudre pour un sympathique réparateur de vélos, une grossesse est annoncée. Malheureusement, la vie en décide autrement, et Kika se retrouve mère célibataire, peinant à joindre les deux bouts avec sa modeste paie d’assistante sociale. Celle qui se consacre chaque jour à venir en aide aux personnes en situation de précarité se retrouve à son tour dans une position délicate. Mais une rencontre va la mener à rencontrer une travailleuse du sexe évoluant dans le milieu BDSM. Kika y voit une opportunité d’améliorer rapidement ses revenus. Elle décide alors de s’engager et de rencontrer des hommes aux besoins et aux exigences particulièrement singuliers.

kika-afficheLa réalisatrice française Alexe Poukine signe ici son premier long-métrage de fiction. Dans une veine presque documentaire (un genre dans lequel elle a fait ses armes), le film s’inspire du parcours de la réalisatrice mais surtout  celle d’un ami à elle qui, comme Kika, est dominateur et assistant social. Elle nous ouvre les portes de ce métier si particulier des travailleurs et travailleuses du sexe.

Le film se démarque en évitant le voyeurisme, le misérabilisme et toute esthétisation excessive de l’image, des défauts parfois observés dans le cinéma traitant de ce sujet. Alexe Poukine parvient à trouver un parfait équilibre entre le portrait intime d’une femme et l’observation de cette profession complexe, qui demande rigueur et savoir-faire, mais aussi force psychologique face aux personnes et aux situations rencontrées.

On y découvre diverses pratiques auxquelles se soumettent de nombreux clients, allant de la flagellation aux coups de poing, en passant par l’infantilisme ou la scatologie. Que l’on se rassure ! Rien n’est de sordide ni de salace dans ce qui est montré à l’écran. Bien au contraire, la réalisatrice prend soin d’apporter une touche humoristique dans l’exposition des situations, montrant, avec beaucoup de nuances, toute la complexité de ces pratiques  et des clients, qui sont dépeints comme des êtres parfois fragiles, voire attachants, pour lesquels Kika fait preuve souvent d’une grande bienveillance.

Au final, Kika est un film étonnant, singulier, qui aborde la reconstruction d’une femme avec délicatesse. Manon Clavel y livre une interprétation remarquable, loin de tous les clichés attachés au genre. Elle incarne un personnage complexe, timide, maladroit au début, apprenant peu à peu les codes d’un métier souvent fantasmé, mais ici traité avec subtilité et intelligence.

Benoit RICHARD

Kika
Film de Alexe Poukine
Avec : Avec Manon Clavel, Ethelle Gonzalez Lardued, Makita Samba…
Genre : drame
Durée : 1h50
Date de sortie en salle : 12 novembre 2025

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