Watine – N’être qu’humaine : la mélancolie somptueuse

Après une série de trois albums instrumentaux, Catherine Watine retrouve la chanson française avec un disque d’une intensité rare, baigné de poésie et de mélancolie, pour composer un portrait bouleversant de ses jours et de ses nuits, du monde qui l’entoure…

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© Valérie Billard

Avec N’être qu’humaine, Catherine Watine renoue avec la chanson francophone après un triptyque instrumental – Geometries Sous-Cutanées (2021), Cinétique Géostationnaire (2023) Short Series Of Arranged Piano (2023) qui l’avait imposée comme une véritable architecte sonore, avec des musiques hors du temps et des modes. Pianiste, compositrice et chanteuse, elle s’avance ici dans un territoire où l’intime affleure à chaque mesure, portée par le souvenir de ceux qui ne sont plus et par une mélancolie qu’elle transforme en matière vivante.

watine-netre-quhumaineSi l’atmosphère du disque semble d’emblée traversée par la tristesse, elle n’a rien de pesant, bien au contraire. Watine lui donne une tenue, une force tranquille, presque une forme de noblesse, en tout cas beaucoup de grâce. Son écriture demeure profondément poétique, même littéraire sur certains titres, habitée d’images discrètes mais tenaces, tandis que la musique, nourrie de piano néo-classique, de textures ambient, et d’échos lointaines aux grands compositeurs du XIXᵉ siècle, tisse un ensemble d’une grande richesse. Les arrangements, somptueux, jamais démonstratifs, se glissent au plus près de la voix de l’artiste, toujours aussi fragile.

Les chansons se révèlent bouleversantes dans leur simplicité même, pour évoquer le temps qui passe, son rapport à la  nuit ou au monde qui l’entoure… Quelques field recordings viennent ponctuer cet univers complexe, comme des traces de réel qui se superposent aux mélodies pour leur donner encore davantage de relief. On y croise même, au détour d’un clin d’œil à Albert Einstein, l’idée que l’humanité, dans sa fragilité comme dans son éclat, reste le centre de tout.

Album de chanson française haut de gamme, N’être qu’humaine évoque par instants l’ombre de Léo Ferré, notamment avec le très beau Dessine-moi la mer. Mais Watine impose avant tout une voix singulière, un geste artistique d’une grande délicatesse, celui d’une créatrice qui utilise la chanson comme un exutoire, un moyen de survivre aux blessures qui ne cicatrisent pas (Il me raconte), de mettre en musique ce qui pèse parfois trop lourd.

Un disque profondément humain, au sens le plus vibrant du terme.

Benoit RICHARD

Watine – N’être qu’humaine
Label : Catgang
Date de sortie : 10 mai 2025

 

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