Après deux tomes en demi-teinte, l’histoire progresse enfin. Le monde imaginé par Enki Bilal est en danger, l’adversaire se dévoile.

J’aime Enki Bilal depuis la parution de ses premiers albums, que j’ai découvert avec émerveillement. Je suis resté fidèle à ce qu’il faut bien appeler un amour d’adolescence. Je ne me lasse pas d’admirer son travail en peinture directe, ses personnages et ses décors immédiatement identifiables.
Curieusement, le scénariste est tout aussi identifiable. Depuis 30 ans, Bilal écrit, peu ou prou, la même histoire. Mais, peut-être faut-il y voir le travail acharné d’un artiste pour sublimer ses obsessions et nous partager son fascinant univers intérieur. Ses albums s’articulent autour de héros masculins solitaires dépassés par leur soudains pouvoirs et de femmes fatales, de guerres de religion et d’États faillis, sur fond d’urbanisme soviétique délabré et de machines de guerre surannées. J’allais oublier la couleur bleue, le bleu Bilal ! Un bleu qui s’impose et qui marque durablement les rétines de ses lecteurs.
Avouons que Bug 4 ressemble à Bug 3 et à tous les autres Bug, mais aussi à la quadrilogie du Monstre ou à la trilogie de… Reprenons, le Grand Bug planétaire a totalement paralysé l’économie mondiale. Tout s’est arrêté… L’ensemble des données informatiques a été transféré dans la mémoire de l’hypermnésique Kameron Obb, qui suscite désormais toutes les convoitises. États et mafias, multinationales et sectes religieuses se lancent à sa poursuite. La traque est ouverte et tous les coups sont permis.
Or nous découvrons que Kameron est sous emprise, que sa prodigieuse mémoire a été piratée et que les fameuses données numériques ont été utilisées pour planifier une série de violents attentats. Kameron est confronté au Mal et la planète est en péril. Soudain, le scénario s’accélère.
Notre héros n’est pas totalement isolé. Kameron a des amis et quelques alliés de circonstance, sa fille, une présidente et des mafieux qui tentent de l’aider. Mais, peut-on vaincre le Mal par le mal ?
Les révélations se succèdent, mais il vous faudra patienter encore une année pour connaître enfin la résolution de cette ténébreuse affaire. J’attendrai.

Stéphane de Boysson
Bug, livre 4
Scénario et dessins : Enki Bilal
Éditeur : Casterman
70 pages – 20 €
Parution : 29 octobre 2025
Bug, livre 4 — Extrait :

