[Live Review] The Wedding Present et The Tubs à Petit Bain : quand ça « pique » !

The Wedding Present, le groupe mené par David Gedge, a déjà assuré sa place dans l’histoire du rock, mais il tourne encore, après quarante ans d’existence. Avec énergie, et les jeunes pousses des Tubs en première partie, ce qui ne gâte rien. Retour sur leur escale parisienne sold out à Petit Bain.

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Quarante ans de Wedding Present, ça se fête, et c’est exactement l’idée, ou le prétexte, de cette nouvelle tournée du groupe mené par David Gedge, déjà de retour après une date parisienne il y a à peine un an, au Cabaret Sauvage. Pour ce faire, les petits plats ont été mis dans les grands, avec, pour assurer leur première partie de cette tournée européenne, The Tubs, une des révélations, ou confirmations, de l’année 2025, au rayon « power pop britannique ».

The Tubs Petit BainSoirée club du samedi soir à Petit Bain oblige, c’est à l’heure inhabituelle de 19h20 que les Tubs vont démarrer leur set, et ce alors que de nombreux spectateurs sont encore dehors sous une pluie battante, compte tenu de la lenteur abyssale des procédures d’accès à la salle (que ce tampon est long à apposer sur tous ces avant-bras à la queue-leu-leu !). On espère que la direction de Petit Bain se penchera sur ce problème, car ce n’est plus possible de mettre autant de temps à accéder à la salle – cette extrême lenteur n’étant manifestement pas liée aux contrôles de sécurité…

Quoi qu’il en soit, ça valait la peine d’arriver tôt car le dernier album des Tubs, Cotton Crown, est excellent et les a révélés en espoir d’un Power pop britannique de classe. Pour le coup, nous n’avons pas affaire à des musiciens qui font la gueule. Dans une bonne tradition pub rock, les vannes pleuvent dès leur entrée sur scène. Le groupe comprend deux musiciens qui jouaient auparavant dans le groupe gallois Joanna Gruesome : le chanteur guitariste Owen Williams et le bassiste Max Warren. Ils sont accompagnés par l’excellent guitariste Dan Lucas, équipé d’une flamboyante Rickenbacker rouge, et un batteur écossais qui ressemble à un Boris Johnson qui aurait décidé de faire du punk rock au lieu aller à Eton. Il va être la star du set, n’arrentant pas de parler, haranguer le public, quand il ne fait pas de bisous au bassiste. Et en plus il assure un sacré tempo. Le ton est planté dès Round The Bend, titre d’ouverture ultra efficace. Nous allons avoir un set de Power Pop qui va correspondre en tout point à ce qu’on peut attendre d’une première partie de The Wedding Present : suffisamment dans la filiation pour contenter le public et avoir été adoubée par David Gedge, et pas assez original pour voler la vedette au maître. Le répertoire du groupe comporte déjà quelques compositions qui se détachent : en premier lieu Narcissist qu’ils présentent comme leur tube, un Freak Mode façon Lemonheads, le Clash Chain Reaction joué en fin de set, et surtout un One More Day pendant lequel Dan Lucas se la joue Wilko Johnson. Au fait, ce sont quatre extraits de Cotton Crown, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Nous n’aurons pas droit à leur reprise habituelle du Teenage Kicks des Undertones par manque de temps. Les grincheux pourraient reprocher au groupe d’avoir consacré cinq bonnes minutes à déconner entre eux et avec le public au détriment de la musique, mais ce n’est pas notre cas. Sortant d’un concert de Spain dans la même salle pendant lequel le moindre toussotement pouvait paraitre incongru, la bonne ambiance potache de ce set nous a bien amusés et mis en condition pour le clou de la soirée. Et tant pis si ils n’ont pas leur dernier CD au merch… ce qui est dommage, franchement.

Weddies Petit Bain 01Après le changement de scène, devant une salle à présent bondée, remplie de spectateurs de tous âges, avec une majorité de plus de 45 ans il est vrai, et après avoir vérifié et accordé eux-mêmes leurs instruments, David Gedge et les siens peuvent faire leur entrée, un peu après 20h30 : Rachel Wood à la guitare (depuis 2023), Stuart Hastings à la basse (depuis cette tournée) et, à la batterie, Christopher Hardwick, revenu jouer pour la tournée après un premier passage dans le groupe il y a quelques années. Gedge porte beau pour son âge (on peut plus faire ce type de remarque à propos des femmes, osons la faire pour un homme), dans sa chemise noire cintrée. D’emblée, on va comprendre qu’il n’est pas là que pour rigoler, mais bien pour honorer son répertoire, en le jouant très fort. Ce qui n’exclut pas le caractère ludique de l’exercice, puisqu’il a choisi de jouer le répertoire de manière antéchronologique, explique-t-il en français grâce à sa tablette posée devant son micro, en butant à peine sur les mots. « Ça pique », dira-t-il plus tard, s’amusant de cette expression, en anglais, expliquant : « j’aime votre langue, sauf les chiffres », après une longue parenthèse critique sur le système métrique. Pour ce soir, en tout cas, c’est nous qui aimons quand David Gedge et sa troupe « piquent », avec de nombreux titres qui font décoller l’assistance, tant ils sont joués avec cœur, et même « surjoués » avec exactement ce qu’il faut d’énergie et d’huile de coude pour qu’on sente le vertige du rock’n’roll à fond, sans être totalement essorés non plus.

Weddies Petit Bain 03C’est l’occasion en tout cas de découvrir, ou redécouvrir, pour la première moitié du concert de 1h40 les trente dernières années du groupe, actif depuis 2016 uniquement sur le front des rééditions, réenregistrements, sorties de lives… Tout en débutant par, ô surprise, Two for The Road, un inédit inclus sur un EP titré justement Maxi, qui doit paraître ce 5 décembre chez Scopitones, avec six morceaux nouveaux, les premiers depuis bien longtemps.  Pour le reste, de cette première moitié de concert, on retiendra surtout Rachel, comme le prénom de la guitariste (extraite du dernier album studio, Going going… en 2016), le midtempo magnifique de Interstate 5 (sur Take Fountain, 2005), la power pop de Kansas (sur Saturnalia, 1996), émaillée de commentaires du chanteur sur les Etats-Unis, où il l’a écrite. Gedge explique ensuite que l’efficace Click Click (sur l’oublié Watusi, 1994) a été composée autour d’une seule note : « j’aurais dû en écrire plus des comme ça » s’amuse l’homme de Leeds. A ce stade du concert, les guitares ont déjà beaucoup rugi, Gedge et Woods se lançant dans de nombreux jeux à deux, l’un face à l’autre, celui qui se décrit entre deux morceaux avec une fausse modestie comme « pas le meilleur guitariste du monde, mais n’étant pas mauvais non plus », rendant coup pour coup à sa cadette de trente ans moins âgée.

Weddies Petit Bain 04La suite sera du même acabit, sans baisse de régime, loin de là, puisque la deuxième partie du concert fait la part belle, logiquement, aux trois premiers albums, les incunables de The Wedding Present, avec trois morceaux chacun, par ordre toujours antéchronologique : Seamonsters (1991), Bizarro (1989) et bien sûr le mythique, surtout pour les amateurs de ballon rond, George Best (1987). La très réussie et très bien charpentée Corduroy (sur Seamonsters, le chef d’œuvre officiel selon les dictionnaires de l’histoire du rock tels « le » Assayas) inaugure en beauté cette deuxième partie, où les classiques « live » du groupe défilent, pour beaucoup joués à fond la caisse : Dalliance, Dare, A Million Miles, la super Brassneck, Everyone Thinks He Looks Daft, My Favourite Dress… avant de terminer, dans cette logique, par le premier single du groupe, tombé aux oubliettes depuis, Go Out and Get ‘Em Boy.

Et ce sera le mot de la fin, puisque le groupe, comme toujours, ne donnera pas de rappel. Peut-être la meilleure façon de conclure ce concert rétrospectif en mode « greatest hits à l’envers », mais ne boudons pas notre plaisir : ce soir, nous avons soufflé dignement les quarante bougies de The Wedding Present lors d’un pur moment d’énergie power pop. Ne reste plus qu’à attendre le nouvel effort créatif du groupe, disponible à l’écoute dans quelques jours, pour le confirmer définitivement Gedge & co sont bel et bien vivants !

The Tubs :
The Wedding Present :

Jérôme Barbarossa
Photos : Jérôme Barbarossa & Laurent Fégly

The Wedding Present + The Tubs à Petit Bain (Paris)
Production : Vedettes
Date : le samedi 29 novembre 2025

Nouvel EP, à paraître le 5 décembre 2025 :

The Wedding Present – Maxi
Label : Scopitones
Date de sortie :  5 décembre 2025

Leurs derniers albums :

Cotton CrownThe Tubs Cotton Crown
Label : Trouble In Minds Records
Date de sortie : 7 mars 2025

 

 

 

 

Going GoingThe Wedding PresentGoing Going (dernier album studio)
Label : Scopitones
Date de sortie : 2 septembre 2016

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