Nos 50 albums préférés des années 80 : 2. AC/DC – Back In Black (1980)

Pas forcément les « meilleurs » disques des années 80, mais ceux qui nous ont accompagnés, que nous avons aimés : aujourd’hui, Back In Black, l’album de la renaissance d’AC/DC…

ACDC Back In Black

Hommage à un chanteur disparu, album de la survie, Back in Black aurait pu ne jamais voir le jour. Pourtant, porté par l’énergie brute d’AC/DC, la voix inimitable de Brian Johnson et une série de morceaux devenus cultes, il s’est imposé comme l’essence même du rock’n’roll.

Back In Black Front CoverLes disques dont parle cette rubrique sont tous à un titre ou un autre incontournables. Y compris, évidemment, ce Back in Black. Il est difficile de ne pas trouver dans ces riffs, dans ces mélodies, quelque chose de grandiose, d’extraordinaire ; difficile de ne pas trouver un souffle, une tension vitale qui va au-delà de la musique. Et ce, qu’on soit fan d’AC/DC ou non, qu’on ait ou pas une quelconque affinité avec le hard rock. Et pourtant, ce n’était pourtant pas gagné. L’histoire est connue : dans la nuit du 18 au 19 février 1980, Bon Scott, le chanteur historique du groupe, meurt à 33 ans d’une intoxication alcoolique aiguë après une soirée très arrosée à Londres. Tragique et terrible, cette disparition soudaine aurait pu sonner le glas du groupe. Malcolm et Angus Young en décident autrement. Ils recrutent un inconnu, Brian Johnson (et sa casquette), et se lancent dans l’enregistrement d’un nouvel album. Un album en forme d’hommage – avec une pochette noire, évidemment, sobre et respectueuse – un album de survie et de renaissance. AC/DC continuera, sans rien renier de son style !

Back In Black back coverCe sera Robert John « Mutt » Lange qui produira l’album, lui qui avait déjà travaillé avec le groupe sur le remarquable Highway to Hell (1979), le dernier album avec Bon Scott, et qui officiera aussi avec Def Leppard, Foreigner, The Cars, The Corrs, Bryan Adams ou Shania Twain. Éclectique, donc, perfectionniste, maniaque, connu pour enregistrer des dizaines de prises, Lange impose ici sa patte. Précision et clarté, séparation stéréo des guitares, la cloche sur Hells Bells (qui a l’air de sonner depuis l’enfer grâce à la reverb), le léger delay sur certaines parties d’Angus, guitares rythmiques doublées. Le son est massif mais clair (voir les chœurs sur Shoot to Thrill). Bref, une production très belle et très efficace .

Les riffs inimitables d’Angus Young, les rythmiques implacables de Malcolm, la basse solide de Cliff Williams et la batterie martiale de Phil Rudd servent d’écrin à la voix rauque et puissante de Brian Johnson, qui s’impose immédiatement comme LE chanteur du groupe, tout en respectant son prédécesseur. L’énergie brute, les textes directs et parfois… subtils (« Let Me Put My Love into You, babe, let me cut your cake with my knife » ou encore « You Shook Me All Night Long »), et l’efficacité des compositions — cette capacité à aller à l’essentiel — font du mélange de hard-rock et de blues qu’on trouve sur Back in Black un vrai concentré de rock’n’roll. Pas étonnant que l’album soit devenu l’un des plus emblématiques de l’histoire (et des plus vendus aussi, avec plus de 50 millions d’exemplaires). Un classique, qui aligne les classiques comme des perles.

Back In Black side 1On commence avec le mythique Hells Bells, qui ouvre un bal sinistre avec un cloche qui sonne le glas et un riff inoubliable, donnant le ton d’un album sombre, funèbre, mais déterminé : tempo lent et carré, rythmique rigoureuse, sans fioritures. Le solo est remarquable. La musique est saturée mais jamais brouillonne. On est très loin des productions plus grasses des années 70 : ici, tout est net. Shoot to Thrill arrive ensuite, un titre nerveux et tendu, porté par les riffs d’Angus Young et la rythmique métronomique de Phil Rudd et Malcolm Young , sur laquelle Brian Johnson dévoile toute l’étendue et la puissance de sa voix.

What Do You Do for Money Honey et Given the Dog a Bone conservent la même dynamique : riffs tranchants, refrains accrocheurs, allusions à peine voilées (à commencer par les titres), textes « limite », dans la droite ligne du rock sulfureux cher au groupe. On est dans la ligne directe des riffs de High Voltage ou Let There Be Rock, mais captés avec beaucoup de précision — cette obsession du détail qu’on retrouvera plus tard chez Def Leppard grâce au même producteur. Dans le genre cru, sulfureux, allusif, Let Me Put My Love into You n’est pas mal du tout. Le rythme y est plus poisseux, le tempo plus lent, la ligne harmonique est typique du blues-rock, avec la basse de Cliff Williams mise en avant, ce qui donne un groove presque hypnotique.

Back In Black side 2Et puis il y a Back in Black, un concentré de ce que sait faire le groupe : un riff pentatonique majeur construit sur trois accords pour une efficacité absolue, un refrain d’une sobriété imparable, un solo rugueux mais limpide. Même recette sur un morceau pourtant différent : You Shook Me All Night Long, qui incarne le mieux la mutation du groupe – plus accessible, une structure pop, des guitares moins saturées. Un éclair de lumière avant de retomber dans la noirceur avec le clin d’œil ironique et amer à Bon Scott – Have a Drink on Me. Shake a Leg relance la machine avant la conclusion, Rock and Roll Ain’t Noise Pollution, riff minimaliste, très peu d’effets, et un groove lourd qui rappelle The Jack et Ride On. Un véritable manifeste : le rock d’AC/DC ne changera pas.

Avec Back in Black, AC/DC triomphe de l’adversité et nous offre un modèle de rock’n’roll – brut, « simple », direct, carré, indestructible. Chaque riff, chaque parole, chaque solo vibre d’une force magique. Peu d’albums auront su créer une telle énergie, dont on se demande parfois si elle existe encore dans la musique.

Alain Marciano

AC/DC – Back in Black
Label : Atlantic
Date de parution : 25 Juillet 1980

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