[Live Review] Calibro 35 à La Bellevilloise (Paris) : le passé sans le passéisme.

Voir sur scène les Milanais de Calibro 35 rend encore plus évident le caractère pas uniquement nostalgique d’un travail de réinterprétation de l’univers des BO seventies et du psychédélisme.

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Calibro 35 à la Bellevilloise – Photo : Ordell Robbie

En ce dimanche soir, cela parle beaucoup dans la langue de Dante dans la queue pour le concert du groupe instrumental Calibro 35 à La Bellevilloise. Un lieu à la salle de taille inversement proportionnelle au culte du groupe hors de ses frontières. Un culte lié à une démarche de recyclage et à l’ombre des BO d’un certain cinéma de genre des années 1960-1970, deux éléments rapprochant de façon évidente les Milanais de Tarantino. Leur travail a en outre été samplé par des noms prestigieux du Hip Hop (Dr. Dre, Jay-Z) ainsi que The Child of Lov sur un duo avec Damon Albarn. Sur disque, la formule a fait un peu de surplace sur Exploration, leur dernier album défendu par le groupe sur cette tournée.

Calibro 35 01L’ouverture du grand polar italien seventies Milan calibre 9, collaboration du génial compositeur Luis Bacalov avec le groupe de prog rock italien seventies Osanna, retentit aux alentours de 21 heures. Arrivent quatre musiciens à la dégaine Reservoir Dogs. Les cheveux longs d’Enrico Gabrielli lui donnent des airs de Vincent Vega. On pourrait tiquer en disant que tout cela renvoie à une imagerie plus que pillée par la publicité et le vidéoclip. Mais, comme plus loin le moment où on entend lumière éteinte un pastiche de voix off de bande annonce de film de casse des années 1970 avant le retour des musiciens cagoulés, cela fait partie de l’univers du groupe. Un peu comme le fait de jouer un truc aussi repris en live que le thème du Bon, La Brute et Le Truand. Oui mais… cris et chant compris, ce qui n’est pas le cas de tout le monde.

Calibro 35 02Sauf que la scène rappelle que tout ceci ne saurait se limiter à du simple vintage. Certes, on pense beaucoup aux BO de Morricone (et pas seulement son versant westernien connu de tous), de Bacalov, de Goblin et de Trovajoli, aux BO qui venaient réhausser des films Blaxploitation souvent médiocres et au Psychédélisme (route aussi arpenrée par Ennio, d’ailleurs). Mais sur scène le groupe lui rajoute des touches sonores contemporaines et des éléments de Jazz Rock, sans pour autant sombrer dans les démonstrations interminables de virtuosité.

Le batteur Fabio Rondanini et le bassiste Luca Cavina donnent au set son énergie, tandis que les interventions de Gabrielli au saxophone sont saluées par le public. Gabrielli joue, outre du saxophone, du synthétiseur, de la flûte à bec et de la flûte traversière. Massimo Martellotta alterne de son côté le synthétiseur et la guitare (souvent twang). Et la sensation de symbiose du groupe, dans lequel chacun passe naturellement le relais à l’autre qui va jouer sa partition, rajoute quelque chose par rapport au studio. Le groupe dit au revoir au public en présentant ses membres en français, avant de finir par un instrumental et de quitter la scène. Il reviendra pour un rappel.

Les Milanais auront joué sur la durée d’une Série B américaine des années 1950 pour un set chaleureusement applaudi. Un set certes court, mais qui aura fait voyager dans le temps tout en étant de son temps.

Calibro 35 :

Ordell Robbie
Photos : Ordell Robbie

Calibro 35 à La Bellevilloise
Production : GoMad Concerti srls
Date : le dimanche 7 décembre 2025

Leur dernier album :

Calibro 35Exploration
Label : Record Kicks
Date de publication : 6 juin 2025

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