Avec The Lowdown, Sterlin Harjo offre un divertissement réussi, parodiant l’univers du Film Noir tout en tentant de déterrer l’histoire non officielle de l’Oklahoma.

Avec The Lowdown, Sterlin Harjo (Reservation Dogs, situé dans le même univers fictionnel que la présente série) utilise la figure de Lee Roy Chapman, connu pour ses articles construisant une histoire des minorités dans l’Oklahoma différente de l’histoire officielle, pour offrir un très bon divertissement sous influences cinéphiles grand public.
“Historien de la vérité” autoproclamé de Tulsa, le journaliste amateur Lee Raybon (Ethan Hawke) n’a pas peur de se mettre en danger pour révéler corruption et secrets de la ville. Son dernier article sur la puissante famille Washberg est suivi du suicide suspect de Dale Washberg (Tim Blake Nelson), le mouton noir de la famille. Raybon va alors enquêter sur cette mort.
Le supposé suicide de Dale a peut-être été inspiré par celui, bien réel, de Chapman tandis que Raybon partage avec Chapman le métier de libraire. L’écriture des dialogues peut parfois faire penser à Tarantino, avec ce Vous avez incendié une synagogue lancé par Raybon à deux types le tabassant parce qu’il a écrit dans un article qu’ils étaient antisémites. Ou une réplique telle que Willie Nelson, il est interdit de fumer et de vapoter ici.
Mais la série évoque principalement les frères Coen. Elle se situe à Tulsa, ville natale d’une figure majeure de cette Série Noire revisitée par le duo (Jim Thompson). Le personnage de Raybon évoque dans son amateurisme et son côté archinégligé les frangins. Il est bien sûr loin du père de famille divorcé modèle. Les premiers épisodes poussent par moments le ridicule et la loose du personnage de Raybon tellement loin qu’on pense parfois au versant parodique du cinéma de genre italien des années 1970 plus qu’aux frères.
Avec les Coen, la série partage bien sûr sa galerie de personnages hauts en couleurs, mais aussi un classicisme formel ne sentant jamais la naphtaline. Interprétant le politicien arriviste Donald Washberg, Kyle MacLachlan donne quant à lui l’impression d’avoir été d’abord casté pour cette scène où il apparaît dans le cadre dans l’obscurité Steston vissé sur la tête, au milieu d’une fête dont les excès n’auraient pas dépareillé dans Twin Peaks, série et film.
C’est une série où on joue un disque à son ex, on invite son date à voir un film de boxe en Noir et Blanc… De J.J. Cale à Merle Haggard, la partie non originale du score creuse de son côté majoritairement un sillon Americana. Dans un récit où il est question d’Amérique profonde WASP et d’injustices historiques subies par les Indiens, le caractère caricatural des suprémacistes passe nettement moins que dans Une Bataille après l’autre, parce que l’on est pas ici dans un face à face des extrêmes violents des deux camps.
Pendant les 6 premiers épisodes, la série fonctionne même dans ses plus bas, sur son efficacité divertissante flirtant avec les excès. Comme avec cet épisode dont l’intérêt majoritaire semble avoir été de faire venir en guest star Peter Dinklage. Si leur ton demeure léger, les deux derniers épisodes abandonnent dans l’ensemble l’exagération de ce qui a précédé. Du coup, le caractère bâclé dans la manière de dénouer les enjeux du récit est d’autant plus visible.
Mais les bases solides du casting, de la mise en scène et des choix musicaux donnent envie de ne pas être très regardant sur les limites d’écriture.
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Ordell Robbie
