Si la Suisse n’est pas vraiment connue pour ses groupes de rock, il arrive néanmoins que des artistes parviennent à franchir les Alpes avec des sons d’autant plus intéressants qu’il faut une bonne dose de passion et de conviction pour franchir les Alpes. Avec Dust, leur troisième album, les Glaascats livrent une folk rock indé portée par un équilibre rare entre énergie électrique et poésie intimiste.

Découverts lors du festival des artistes émergents, They’re Gonna Be Big au Supersonic, cet automne, les Glaascats m’ont propulsé d’un club de Bastille aux montagnes suisses. J’avais été séduit par leur set électrique qui contrastait avec le caractère intimiste qui se dégageait de leur musique. Le trio joue une sorte d’Americana rugueuse et délicate à la fois, avec une tension qui enfle dans les profondeurs des morceaux. Ce n’est pas sans rappeler la musique de King Hannah. Je profite de la trêve des confiseurs et du silence qui s’installe dans les salles de concerts pour me replonger dans leur troisième album, Dust, sorti en octobre dernier.
Écrit sur deux ans, le disque évoque aussi bien le temps qui passe, la poussière en suspension dans les rayons du soleil, que celle qui se pose sur les objets qu’aucune main ne veut, ou ne peut plus atteindre. Au fil des morceaux, je ressens de la mélancolie, de la nostalgie, mais aussi de l’espoir car c’est toujours exaltant de découvrir l’œuvre de jeunes artistes talentueux. Le groupe produit une musique à son image : simple mais avec le souci du détail et la passion du savoir-faire qui se retrouve jusque dans leur merchandising qui proposait des T-shirts et des sweats faits main sur des vêtements recyclés. Faire du neuf avec du vieux, donner du sens aux objets, rester unique… si Glaascats cherchait une devise, il ne manquerait pas d’options.
Ce disque s’apprécie comme un road movie poétique, il faut suivre les étapes, se laisser surprendre par un détour et imaginer les paysages. Et des kilomètres nous allons en parcourir avec eux, entre le New York déglingué de Sonic Youth avec des guitares distordues sans violence, et la campagne romantique de And Also The Trees pour le romantisme champêtre hors du temps. La production particulièrement soignée a été prise en charge par Jonathan, le batteur, ce qui permet une neutralité toute helvétique pour le traitement de la guitare ou des voix. Mais ça ne veut pas pour autant dire une absence de parti pris. Le son brut et la reverb naturelle nous plongent dans une une salle de concert comme si le groupe jouait pour nous, alors que les effets sur la guitare et les voix éthérées nous emmènent loin dans des grands espaces empreints de magie.
Mais c’est surtout le mélange des voix d’Alexander et d’Amelia qui donnent sa signature sonore au groupe. Le frère et la sœur font plus que se répondre, leurs voix se superposent, donnant une ambiance mystérieuse aux chansons comme si un fantôme s’invitait dans le mix. Au fond, la force de ce groupe au line up resserré est d’aller chercher dans leurs références et leur imagination les détails qui donnent de l’épaisseur et du piment à leurs compositions folk rock au son résolument indé.
Un EP sort au printemps, cette fois-ci nous essaierons de ne pas être en retard !
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Jean-Christophe Gé
Glaascats – Dust
Label : Autoproduction
Date de sortie : 16 octobre 2025
