Dawn Landes – Fireproof

dawn_landes.jpg La chanteuse de Louisville Kentucky, devenue New Yorkaise, revient avec un second album. Un disque qui mélange folk et pop avec une charmante réserve. Une réussite sans vantardise.

Arrivée à  New York au début de ce siècle, Dawn Landes s’est un temps persuadée qu’elle y terminerait ses études universitaires, avant de rejoindre les soirées micro ouvert du Sidewalk Café. Elle y croise la scène désormais nommée »anti-folk ». Une scène qu’elle n’intègre jamais vraiment pour cause de racines musicales terriennes trop ancrées, et du coup rejoint les »fast folkeurs » qui se revendiquent de Dylan (Suzanne Vega, Townes Van Zandt, Jack Hardy) et des pionniers de Greenwich Vilage. Si toutes ces dénominations vous tournent un peu la tête, sachez qu’à  nous aussi. On en retient qu’elle s’acoquine à  une scène qui désire marier la folk des origines avec les énergies plus modernes et en ne négligeant pas le crossover musical. Une mixité de ton et de style qui, dans le cas de Landes, est encore accentué par ses amitiés et collaborations sonores, notamment avec les Earlies

Enregistré à  l’ancienne, sur bandes, en studio et en une journée avant que Dawn ne s’y enferme une semaine supplémentaire pour peaufiner les arrangements, Fireproof est un fier rejeton du mariage des genres auquel se livre son interprète. Aux structures de composition très folk, à  cette manière de jouer, à  la façon dont la production met en évidence la guitare électro-acoustique toute nue, on repère le bagage musical de Dawn. A cette façon de chanter aussi. Un chant qui parfois évoque nos images d’Epinal d’une amérique de clubs enfumés où une country girl assise sur un tabouret, mouline sa guitare sous un spot rouge et devant une assemblée de Stetsons moustachus.

Mais étrangement, la country de Dawn Landes se nourrit aussi des environnements urbains qu’elle arpente au quotidien: notamment par sa manière de moderniser les compositions à  coups d’arrangements subtils mais modernes (cloches, bidouillages, sifflements), par sa facilité à  instiller au milieu de ballades »à  l’ancienne » des gimmicks vocaux, de ces refrains qu’on répête en boucle sans plus trop savoir ce qu’était la chanson autour »bodyguard, bodyguard.. » par ces méthodes qui en fait doivent beaucoup plus à  la pop musique qu’à  la country de Johnny Cash. Sa voix, faussement naîve, assez proche, dans notre souvenir des chants de la britannique Beth Orthon, est pour beaucoup dans la facilité déconcertante avec laquelle elle se joue des frontières des genres abordés. Angélique, douce mais pas doucereuse, elle nous ferait avaler des montagnes.

Une facilité à  laquelle elle ne se laisse d’ailleurs pas aller. Dawn Landes ne capitalise pas sur ses aptitudes naturelles pour assurer le service minimum. Comme le premier opus de l’Orthon sus-citée, elle augmente encore une mécanique de transgression des styles musicaux, déjà  perceptibles, en approfondissant les méthodes du genre abordé. Certains tites, déjà « gimmickisés » à  la sauce pop, viennent ici s’enrichir de riffs énergiques et d’envolées de guitare électriques. Mais tout semble nécessaire. Rien n’évoque la boursoufflure ou la pièce rapportée. L’énergie d’une partie d’un morceau met en valeur l’accalmie qui lui succède. Un titre rock vient dynamiser un disque qui du coup ne ronfle jamais. Son énergie secoue le bocal et ajoute encore plus de charme à  la caresse vocale qui vient ensuite ou à  l’harmonica qui accompagne parfois une guitare nue.

Sans en faire des tonnes, sans se fourvoyer ni raccoler Dawn Landes nous livre ici, à  notre avis, le disque folk le plus abordable qu’on ait écouté depuis bien longtemps. Et un moment de musique, charmant. On aura enfin quelqu’un d’autre que Catpower à  citer en comparaison, pour les suiveurs qui ne manqueront pas de poindre leur nez ensuite.

Denis Verloes

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Fargo / Naîve

Tracklist
01. Bodyguard
02. I Don’T Need No Man
03. Tired Of This Life
04. Twilight
05. Private Little Hell
06. Picture Show
07. Kids In A Play
08. Toy Piano
09. Dig Me A Hole
10. I’M In Love With The Night
11. Goodnight Lover
12. You Alone

Date de sortie:29 mai 2007
Durée: 40,8

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